Guinée: Nimba Mining parie sur la main d'œuvre locale pour sa mine de bauxite
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Les autorités guinéennes ont, en août 2025, créé une société à capitaux publics, Nimba Mining Company (NMC), pour reprendre une mine de bauxite à la société émirienne Guinea Alumina Corporation (GAC). La raison ? Elle n'avait pas construit d'usines de transformation après 20 années d'activité. Alors que GAC employait beaucoup de cadres étrangers, NMC se veut une entreprise avec presque 100% de travailleurs guinéens. Ce qui pose un grand défi, et les observateurs s'interrogent : la mine de bauxite pourra-t-elle maintenir son niveau de performances, sans ces cadres étrangers ?

Lors de la cérémonie de chargement de la première cargaison de bauxite de Nimba Mining, début novembre en Guinée, le ministre des Mines, Bouna Sylla, affichait des objectifs ambitieux à atteindre, avec un maximum de cadres et d'ingénieurs guinéens. « Notre pays, qui dispose d'une part déterminante des réserves mondiales de bauxite, doit maîtriser la chaîne de valeur, déclarait-il. C'est l'ambition que porte NMC [Nimba Mining Company] : faire de la bauxite guinéenne un moteur de souveraineté, d'industrialisation et d'emplois qualifiés. Cette ambition repose sur des fondamentaux clairs. »
Parmi ces fondamentaux, détaillait-il : le « renforcement du contenu local, avec des emplois qualifiés, de la sous-traitance, de la formation et la montée en compétence des jeunes Guinéennes et Guinéennes ».
Maintenir un standard élevé
Oumar Totiya Barry, directeur de l'Observatoire guinéen des mines et des métaux (OGMM), s'inquiète du départ des cadres étrangers de GAC. Cette perte de compétences pourrait avoir des effets négatifs à court et moyen terme. « L'ancienne société GAC était réputée être très performante en termes de pratiques sociales et environnementales et en termes de management industriel. Avec la nationalisation, l'expérience peut nous amener à nous interroger sur la capacité de la nouvelle société à maintenir ce standard très élevé en termes de pratiques sociales et environnementales », analyse-t-il.
Pôle de compétences et formation
Le directeur de Nimba Mining, le Français Patrice L'Huillier, se veut rassurant. Un « pôle de compétences » doit voir le jour prochainement, où cadres et ingénieurs guinéens pourront parfaire leur formation et travailler dans différentes sociétés minières du pays. « Dans l'électronique industrielle, dans l'automatisme, dans la planification minière, détaille-t-il, dans les sujets très pointus techniquement où on peut former de jeunes cadres et ingénieurs guinéens, dans l'utilisation des technologies où, actuellement, on est obligé de faire appel à des expatriés, des étrangers, alors qu'on a le potentiel pour former des jeunes Guinéens et Guinéennes qui sont tout à fait capables de faire le travail. »
L'objectif est de remplacer tous les cadres étrangers par des nationaux bien formés, sans nuire à l'efficacité de l'entreprise.
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