Pourquoi le Vatican est pressé d’assainir ses finances

Un financier italien accusé de détournement de fonds par le Vatican a été arrêté en début de semaine à Londres. Le Saint-Siège poursuit son opération mains propres au moment où ses finances traversent une passe délicate.

Square Saint-Pierre au Vatican, 12 mai 2021. © REUTERS - REMO CASILLI

En ce jour de l’Ascension, une grande fête catholique, Gianluigi Torzi médite peut-être sur les péchés qui l’ont mené en prison. Il est accusé d’avoir volé 15 millions d’euros au Vatican en réalisant une grosse opération immobilière à Londres, à la demande du Saint-Siège. Cet achat d’un immeuble de luxe dans le quartier de Chelsea a été entaché de malversations et aujourd’hui, le bien-fondé de l’opération menée pour faire fructifier les biens de l’Église est remis en cause par le Brexit.

Les faits remontent à 2014, le pape François était déjà en fonction et il avait annoncé son intention de faire un grand ménage dans les comptes très opaques de la Curie romaine. Cette entreprise n’a cessé de se heurter à des résistances internes mais aussi aux interventions intéressées des opportunistes gravitant dans ce milieu comme cet homme a priori de confiance.

Gianluigi Torzi devrait être extradé vers l’Italie pour répondre de ces accusations

Cette extradition démontre que le pape est toujours aussi déterminé à assainir les comptes et à retrouver éventuellement les fonds dérobés. Il en a bien besoin, les revenus du Vatican s’épuisent. Le déficit de son budget est chronique et cette année, il explose. 50 millions d'euros de déficit sur un budget de 260 millions d'euros, c'est 19 % de déficit. Pour y faire face, le pape impose une cure d’austérité, des réductions de salaires d'au moins 10 % pour les cardinaux les mieux rémunérés, un peu moins pour les salaires intermédiaires et un gel pour les bas salaires. D’après un journaliste italien qui a enquêté sur le sujet, le Vatican pourrait se retrouver en défaut de paiement d'ici deux ans. Une vision très exagérée, protestent les connaisseurs intimes des arcanes du Vatican, même si le constat est bien là : les dépenses sont quasiment fixes, les salaires en absorbent près de la moitié mais les ressources se tarissent à vue d'œil.

Une explosion du déficit du Vatican à cause de la pandémie ?

La désertion des 7 millions de touristes qui accourent chaque année dans ce mini-État a fait fondre les revenus de la billetterie. Les revenus du parc immobilier ont aussi baissé du fait de la crise. Mais il y a une autre explication antérieure à la contraction des revenus : l'érosion des dons. Visiblement écœurés par la série de scandales financiers dévoilés ces dernières années, les catholiques sont de moins en moins charitables avec la Curie romaine. Le Denier de Saint-Pierre qui gère cette poule aux œufs d’or n’a récolté que 50 millions d’euros en 2019. C'était le double cinq ans plus tôt. 

Cette année, ce fonds providentiel a comblé près de la moitié du déficit alors que ce n'est pas sa vocation. L'usage actuel de ces fonds n'est pas très catholique. À l'origine, le Denier de Saint-Pierre doit venir en aide aux plus démunis. Il dispose pour cela d’un fonds de 700 millions d’euros, dont personne ne sait précisément comment cet argent est placé et à qui il profite. D'où les critiques récurrentes sur l'opacité qui entoure encore sa gestion, malgré les efforts et la bonne volonté de François. Mais le fonds n'est qu'une institution parmi d'autres, le patrimoine du Vatican est bien plus important. Il s'élève à 2 000 milliards d'euros, en prenant en compte les hôpitaux, les universités et les écoles qu'il gère dans le monde entier. Largement de quoi éviter la banqueroute, à condition de rationaliser et de moderniser la gestion, longtemps laissée aux seuls hommes d'Église.

En bref

► Elon Musk fait chuter le bitcoin après avoir annoncé qu'une Tesla ne pourrait plus être payée avec cette cryptomonnaie. Un revirement complet de la part de ce patron fantasque qui avait fait grimper la cryptomonnaie en annonçant en avoir acheté des millions. Mais il s'est souvenu de son engagement en faveur du climat. Ses voitures électriques ont été mises au point pour lutter contre le réchauffement climatique. Or l'empreinte carbone du bitcoin est bien supérieure à celle des monnaies conventionnelles. C'est l'une des principales critiques émises contre elle.

► Les bourses asiatiques ont ouvert dans le rouge ce matin, plombées par la chute de Wall Street.