Aujourd'hui l'économie

Brouille entre Beyrouth et Riyad: une menace de plus pour l’économie libanaise

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Washington appelle au maintien des relations diplomatiques entre le Liban et les pays arabes du Golfe. Car la crise entre le Liban et l'Arabie saoudite déclenchée après les propos d'un ministre libanais critiquant la guerre menée par Riyad au Yémen se poursuit. Le gouvernement libanais formé il y a deux mois à peine est en situation de blocage. Cette crise diplomatique avec le grand voisin arabe fait craindre une aggravation de la situation économique.

Au Liban, la population vit au rythme des crises politiques et des violences, mais aussi au rythme des pénuries et des hausses permanentes des prix. Ici, à Beyrouth, le 26 octobre 2021.
Au Liban, la population vit au rythme des crises politiques et des violences, mais aussi au rythme des pénuries et des hausses permanentes des prix. Ici, à Beyrouth, le 26 octobre 2021. © REUTERS - ISSAM ABDALLAH
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C'est une épreuve de plus pour la population libanaise. Cette crise suscitée par Riyad pour inciter les officiels libanais à se démarquer du Hezbollah survient à un moment où le gouvernement formé tout récemment à Beyrouth doit justement se réconcilier avec ses voisins arabes. C'est même l'une des priorités de l'équipe du Premier ministre Najib Mikati. Le pays a besoin du retour de l'aide internationale pour relancer son économie et à cet égard, les pays du Golfe et leurs pétrodollars sont incontournables.

À lire aussi : Crise diplomatique entre Riyad et Beyrouth: réactions mitigées des dirigeants libanais

C'est le message qu'adresse d'ailleurs Riyad en dégainant l'arme économique

Faute de leviers politiques qu'il n'a plus au Liban, le royaume joue la carte économique. Il l'avait fait contre le Qatar en 2017. Sauf que le Liban n'a pas les atouts du Qatar et que lui risque l'asphyxie économique. L'Arabie saoudite a interdit les importations libanaises qui l'an dernier se sont élevées à au moins 217 millions de dollars (188 millions d'euros). C'est 6% des exportations totales du pays, mais en ces temps de crise, le Liban ne peut se passer d'aucune source de devises.

Et encore moins de celles des transferts de la diaspora libanaise

Ces transferts représentent un tiers du PIB libanais, un record dans le monde arabe. Un milliard de dollars sont transférés chaque année depuis l'Arabie saoudite. La crainte que les représailles s'étendent à cette communauté et à cette manne commence à se faire sentir. Peur de se faire expulser, peur de ne plus pouvoir envoyer de l'argent à leurs proches, certains membres de la communauté libanaise dans les pays du Golfe ont lancé une pétition cette semaine pour se désolidariser de leur propre gouvernement.

Si cette manne devait être affectée, les conséquences seraient désastreuses pour les Libanais

Les transferts d'argent au Liban ont toujours soutenu l'économie. Mais dans la crise actuelle – l'une des pires depuis 1850 –, ces transferts sont une bouffée d’oxygène. Au Liban, la population vit au rythme des crises politiques et des violences, mais aussi au rythme des pénuries et des hausses permanentes des prix. Il y a eu de nouvelles augmentations mercredi 3 novembre du carburant et de certains paquets de pain. Cette crise diplomatique fait perdre un temps précieux alors que les Libanais s'enfoncent chaque jour un peu plus dans la pauvreté.

À écouter aussi : le reportage Liban: des associations mobilisées pour la santé, devenue un luxe pour la plupart des habitants et notre invitée Agnès Levallois: «Les Libanais sont exsangues avec cette crise économique»

 

En bref :

► Maintenir la France au premier rang des destinations touristiques dans le monde. C'est l'enjeu d'un sommet qui s'ouvre ce jeudi à Paris. Il doit réunir une cinquantaine d'investisseurs, croisiéristes, hôteliers, plateformes et start-up du secteur, autour d'Emmanuel Macron. Tous seront invités à plancher sur la meilleure façon d'améliorer l'attractivité française. Malgré des atouts qu'on connaît, la position géographique, la culture, la gastronomie, les investissements se sont effondrés depuis la crise sanitaire. Après avoir soutenu à hauteur de 38 milliards d'euros le secteur, l'exécutif doit dévoiler ce mois-ci son « plan de reconquête du tourisme » sur cinq ans pour maintenir la France en tête du podium mondial. Il n'est pas chiffré mais il doit se concentrer sur la formation professionnelle, l'amélioration des infrastructures ou encore le numérique.

► Le plus grand appel d'offres au monde pour le déploiement de la 5G a lieu ce jeudi 4 novembre au Brésil. 7,7 milliards d'euros d'investissements attendus. À la hauteur du potentiel de ce géant d'Amérique aux 213 millions d'habitants. Une quinzaine d'entreprises seraient sur les rangs, dont le chinois Huawei, malgré les mises en garde des États-Unis. L'opérateur chinois a néanmoins été exclu de l'appel d'offres pour un réseau spécifique à usage exclusif de l'État brésilien. Pour le réseau principal, des blocs régionaux et nationaux de différentes fréquences seront mis en jeu pour une durée de vingt ans et pour une mise en service entre 2022 et 2028 selon les territoires. Le Brésil accuse un certain retard en la matière, 40 millions de personnes n'ont toujours pas accès à internet dans le pays.

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