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Économie britannique: reprise fragile sur fond de pénurie et d’inflation

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La Confederation of British Industry, la principale organisation patronale britannique, tient du 22 au 24 novembre 2021 sa conférence annuelle, intitulée « Saisir l'occasion », « Seize the moment » en anglais. La situation économique du pays est actuellement entre deux eaux, multipliant les défis à relever pour les entreprises.

L'inflation a atteint 4,2 % le mois dernier au Royaume-Uni, son plus haut niveau en dix ans. Londres, le 21 novembre 2021.
L'inflation a atteint 4,2 % le mois dernier au Royaume-Uni, son plus haut niveau en dix ans. Londres, le 21 novembre 2021. © REUTERS/Henry Nicholls
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Des entreprises britanniques dont la croissance a fortement ralenti au troisième trimestre. Le PIB du Royaume-Uni a progressé d' 1,3% après un coup de frein par rapport au printemps, quand l'économie avait rebondi de 5,5% au profit de la levée progressive d'un long confinement.

Le PIB reste, donc, plus de 2% en dessous de son niveau de fin 2019. Si le gouvernement se montre enthousiaste, « prévoyant d'être le pays du G7 à la plus forte croissance cette année », il reconnait qu'il reste des difficultés à surmonter.

D'ailleurs, face aux nuages qui s'accumulent à l'horizon, les entreprises se montrent prudentes au cours de la période allant de juillet à septembre, leurs investissements sont restés bien inférieurs à leur niveau d'avant crise, selon l'Office national des statistiques.

Pénurie de main d’œuvre

Plusieurs facteurs risquent de peser sur l'activité. Parmi eux, le nombre de cas de Covid-19 toujours élevé et les pénuries. Des pénuries de matériaux ou de composants qui affectent particulièrement le secteur automobile. La production de voitures a chuté, en septembre, de plus de 40 % sur un an dans le pays.

Pénurie, également, de main d'œuvre. Le taux de chômage est certes toujours un peu au-dessus de son niveau pré-pandémique mais il a poursuivi sa décrue cet été pour atteindre un taux de 4,3 %. Et le nombre d'emplois vacants a atteint un nouveau record avec 1,17 millions de postes à pourvoir.

À tel point que dans certains secteurs, des patrons font monter les enchères pour attirer les candidats. Des hausses de salaire ont été proposées aux chauffeurs routiers, par exemple. Dans l'hôtellerie-restauration, une enseigne donne des bonus pour fidéliser ses salariés. Amazon promet même des primes à l'embauche pouvant aller jusqu'à 3 000 livres.

Selon les premières estimations de l'Office national des statistiques, le salaire mensuel médian a augmenté de près de 5% sur un an en octobre.

Inflation au plus haut depuis dix ans

Mais il n'est pas le seul à grimper. L'inflation atteint des sommets. Les prix augmentent plus que prévu par la Banque d'Angleterre. L'inflation a atteint 4,2% le mois dernier, son plus haut niveau en dix ans. Et ce n'est sans doute pas fini.

Elle pourrait atteindre un pic de 5% en avril prochain, selon les projections de la banque centrale. Une situation qui met Andrew Bailey, le gouverneur de la Bank of England, « mal à l'aise ». L'autorité n'avait pas augmenté les taux d'intérêt au début du mois, ce qui peut - en théorie - limiter l'emballement des prix.

Comme les autres banques centrales, l'institution monétaire est face à un dilemme : tenter de contenir l'inflation sans étouffer la reprise. Désormais, certains économistes estiment probable que Londres augmente ses taux d'intérêt en décembre. L'impact de l'arrêt, fin septembre, des mesures de chômage partiel sera scruté. Si les chiffres de l'emploi restent bons, cela pourrait encourager la Banque d'Angleterre à relever - modérément- son curseur.

Impact plus important du Brexit

L'épidémie a donc mis l'économie au défi, mais le Covid-19 aura, à long terme, un impact moins important que le Brexit. C'est du moins la prédiction de l’organisme public de prévision budgétaire. Premier exemple : les pénuries de main d'œuvre et les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement sont aggravées par les effets du Brexit puisque la venue des travailleurs européens a été rendue plus difficile.

Surtout, malgré l'accord commercial, les échanges avec l'Union européenne ont baissé. Et Londres a, certes, conclu plusieurs traités de libres échanges avec des pays tiers, mais l'accord d'envergure avec les États-Unis espéré par le gouvernement de Boris Johnson n'est pas encore en vue.

Pour relancer la machine, Londres a présenté, la semaine dernière, un plan pour l'export. Objectif : vendre à l'étranger pour 1 000 milliards de livres de biens contre 600 milliards l'an dernier. Parmi les douze points de ce plan : des services d'aides pour les entreprises qui vendent biens ou services en Europe. 

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