La charte pour « un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ».

C’est une charte qui a déjà été signée par plus de 800 journalistes en France et une cinquantaine de rédactions, parmi lesquelles RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya. Une charte qui d’ailleurs n’est pas si évidente que ça à endosser. D’une part, tout le monde ne souscrit pas à l’idée même d’« urgence climatique ». À TF1, on considère par exemple que le mot est militant, connoté politiquement. Ce qui n’empêche pas ce groupe de préparer pour la fin du mois une feuille de route sur le climat avec un plan de formation et un comité d’experts.
Mais le lexique a son importance, on ne parle presque plus du « réchauffement » climatique, un peu tiède, on lui préfère le terme plus neutre de « dérèglement » climatique. Car l’idée d’urgence, retenue par la charte, impose des actions spécifiques. Il s’agit d’enquêter sur l’origine des bouleversements en cours, de pratiquer un journalisme bas carbone donc avec des journalistes locaux plutôt que des envoyés spéciaux qui prennent l’avion. Ou encore de renoncer à tout partenariat ou publicité soutenant les activités les plus polluantes. Il est demandé à ce titre une autonomie éditoriale des rédactions vis-à-vis de l’actionnaire.
► À lire aussi : Une «charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique» lancée en France
Au Royaume-Uni, le Guardian recommande d’utiliser le terme d’urgence. Et il va assez loin puisqu’il multiplie les angles sur les effets de la crise climatique et diminue même ses recettes de cuisine à base de viande.
Ce militantisme reste une exception dans les médias car souvent l’environnement, rime avec bon sentiments et annonceurs contents. Mais cet été marque peut-être un tournant en France car devant les incendies, les sécheresses ou les épisodes caniculaires, on s’est rendu compte que si les rédactions avaient traité ces événements météo extrêmes, seuls 7% des articles couvrant cette actualité établissaient un lien avec le dérèglement climatique, selon une étude Tagaday.
C’est pourquoi les médias s’interrogent davantage : peut-on continuer à illustrer un article sur le sujet par des enfants s’aspergeant d’eau dans une fontaine, s’est demandé Libération ? Est-ce que la sous-traitance en Asie et donc le transport en containers, ce n’est pas aussi un sujet sur le climat ? S’est interrogé Le Monde qui a développé comme l’AFP un service Planète conséquent. De son côté, Radio France s’est engagé à former 800 journalistes aux questions climatiques pour décloisonner son regard. Comme le montre le rapport du Giec, ce n'est qu’en faisant œuvre de pédagogie et en expliquant par le dérèglement climatique des catastrophes météo que les gens comprendront qu’il y a urgence.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne