Chronique des matières premières

Le minerai de fer de Simandou rebat les cartes sur le marché mondial

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La mine de Simandou en Guinée a été inaugurée officiellement cette semaine, les premières tonnes de minerai sont en passe d'être exportées. Quand elle aura atteint sa capacité maximale, en 2028, la mine produira jusqu'à 120 millions de tonnes de minerai de fer par an et bousculera alors le marché mondial du fer. 

Des employés de Simfer passent devant un tapis roulant dans le complexe minier SimFer, situé dans la chaîne de montagnes de Simandou, dans la région de Nzerekore, le 3 septembre 2025.
Des employés de Simfer passent devant un tapis roulant dans le complexe minier SimFer, situé dans la chaîne de montagnes de Simandou, dans la région de Nzerekore, le 3 septembre 2025. AFP - PATRICK MEINHARDT
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C'est un petit séisme qui s'annonce dans le secteur : d'ici 2028, Simandou devrait devenir un des cinq premiers producteurs mondiaux alors que la Guinée ne figurait pas, en janvier 2025, sur la liste des pays producteurs cités par l'USGS (United States Geological Survey), les services géologiques américains.

La Guinée produira à terme 7% du minerai de fer commercialisé, selon le Financial Times, de quoi devenir un pays qui compte dans un secteur dominé jusque-là par l'Australie et le Brésil. La Guinée va s'imposer, par son volume de production, mais aussi par la qualité de son minerai, qualifié de « caviar de fer » en raison de sa teneur très élevée. Une qualité prisée par les aciéries qui cherchent à diminuer leurs émissions de carbone, et produisent ce qu'on appelle de l'acier vert.  

La Chine, grande bénéficiaire

La production de Simandou profitera avant tout à la Chine, premier importateur de minerai de fer, premier producteur d'acier. Ce n'est pas un hasard si le développement du projet guinéen a été porté par plusieurs sociétés chinoises, au travers du consortium Winning Consortium Simandou (WCS) et de Chinalco un producteur d'aluminium, sans parler de l'engagement du géant de l'acier chinois Baowu Steel qui a injecté 6 milliards de dollars.

La présence industrielle chinoise à Simandou illustre la détermination de l'Empire du Milieu à sécuriser son approvisionnement. Grâce à son nouveau fournisseur tout désigné, la Chine va se retrouver en position de force pour négocier avec ses fournisseurs australiens et brésiliens.

Un marché saturé, des prix tirés vers le bas

Cette nouvelle concurrence devrait avoir un effet baissier sur les prix. Pour l'instant, ils se maintiennent autour de 100-110 dollars la tonne, et pourraient encore rester stable jusqu'à la fin de l'année, selon Siew Hua Seah rédactrice en chef du secteur des Marchés ferreux pour le cabinet de conseil et d'analyse Argus Media. 

L'arrivée des tonnes de Simandou sur le marché entraînera une situation de surproduction, explique l'experte, d'autant que plusieurs projets de production d'acier vert ont pris du retard et n'arriveront à maturité qu'en 2030 ou 2035. Dans le secteur, on voit donc les prix chuter autour de 70 à 80 dollars la tonne, mais la baisse dépendra de la rapidité avec laquelle Simandou augmentera sa production, précise Argus Media. 

À l'exception des miniers qui ont des coûts de production très élevés, les marges devraient cependant rester confortables, mais elles baisseront, c'est inévitable. Ce qui veut dire, pour Simandou, que les industriels mettront plus de temps à rentabiliser leurs investissements. 

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