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Christina Egelund: «Le développement technologique est au cœur d’une bataille mondiale»

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Cette semaine, nous accueillons Christina Egelund, ministre danoise de l'Enseignement supérieur et de la Science. Renforcement de la défense, développement de l’intelligence artificielle et course à l’espace, elle évoque les domaines-clé pour relancer la compétitivité de l’Union.

Christina Egelund, ministre des Sciences et de l'Enseignement supérieur du Danemark.
Christina Egelund, ministre des Sciences et de l'Enseignement supérieur du Danemark. © France 24
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Le Danemark est à la tête de la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne (UE) jusqu’à la fin de l’année 2025. Christina Egelund, ministre danoise de l'Enseignement supérieur et de la Science au sein du gouvernement de coalition tripartite entre socialistes et centre droit de Mette Frederiksen, estime qu’il s’agit d’un «moment crucial pour l'Europe». «Il y a une guerre sur le terrain européen, une concurrence technologique, des changements climatiques, l’élargissement de l’UE […] Tout cela était dans notre agenda […] avec l'ambition d'avoir une Europe unie et forte

 

«Nous allons rétablir une industrie militaire de défense en Europe»

Ces derniers mois, le Danemark a été la cible de multiples incursions de drones sur son territoire, notamment au-dessus d’aéroports, causant ainsi des interruptions du trafic aérien. «Je n'aurais jamais imaginé qu'au Danemark, qui est un pays pacifiste, nous soyons survolés par des drones», s’alarme Christina Egelund. Si l’origine des drones est encore inconnue, le gouvernement a déclaré qu’il ne fallait pas exclure une implication russe. «Cela montre que le développement technologique est au cœur de cette bataille mondiale,» poursuit la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.

En termes de défense, le pays nordique va augmenter cette année son budget militaire à 3,5% de son PIB contre 2,3% en 2024. En 2022, le pays a réintégré la politique de sécurité et de défense commune de l'Union, après une exemption de 30 ans. «Nous allons rétablir une industrie militaire de défense en Europe et dans mon pays. Pendant beaucoup d'années, nous n’avons pas assez investi dans notre défense», insiste la ministre danoise. «D’ici 2030, nous y investirons 5% de notre PIB, comme le réclame l’OTAN. C'est la priorité numéro un pour notre gouvernement

Pour ce faire, elle encourage l’utilisation de biens civils pour des usages militaires, tels que les drones : «Nous sommes dans un contexte et dans un moment dans l'histoire où investir dans la recherche uniquement pour un usage civil, c'est un luxe qu'on ne peut plus vraiment se permettre

 

«Il faut absolument rester dans la course»

Alors que l’usage de l’intelligence artificielle se développe à toute vitesse aux États-Unis sur fond de dérégulation décidée par l'administration Trump, l’Europe peine à se démarquer dans ce domaine. Selon Christina Egelund, «il faut absolument rester dans la course». «L'intelligence artificielle est probablement la nouvelle technologie qui vient avec le pouvoir transformatif le plus fort qu'on a connu depuis très longtemps, peut-être depuis la révolution industrielle. Si elle appelle à investir dans cette technologie, elle se doit, selon elle, de se conformer aux «valeurs européennes» telles que «le respect pour l'individu, l'humanité, les valeurs démocratiques, la transparence.»

Pourtant, les États-Unis demandent à l’UE d’assouplir sa régulation numérique car elle impacte tout particulièrement les firmes de tech américaines. Des contraintes aux entreprises que l’UE s'apprête à assouplir. «Est-ce que nous voulons laisser cela aux mains non seulement d'un autre pays, les États-Unis, mais également des grosses entreprises avec un leadership qui n'est pas élu démocratiquement ?», s’interroge la ministre. Pour faire front, elle appelle de ses vœux à investir dans «des infrastructures européennes», comme des usines géantes à intelligence artificielle partagées entre plusieurs États, sans compétition pour les attirer sur un territoire particulier.

 

«Nous avons besoin d'attirer du travail depuis l'extérieur»

Le Danemark, dont la démographie est fortement en baisse, a besoin de main-d'œuvre. Elle tente ainsi d’attirer des talents de l’étranger : «Nous avons besoin d'attirer du travail depuis l'extérieur, mais aussi des étudiants que nous pouvons former et qui, je l'espère, auront envie de rester ici.»

Pourtant, le pays dirigé par une sociale-démocrate a l'une des politiques d’immigration les plus restrictives en Europe, ce qui, selon la ministre, n’est pas en contradiction avec sa volonté d’accueillir des étrangers : «Je pense qu'il faut faire une distinction entre les gens qui viennent pour travailler ou étudier et la migration. Dans ce débat, nous avons tendance à tout mélanger. […] Nous avons une économie ouverte et dépendons des collaborations internationales. Nous sommes absolument ouverts aux étudiants et aux gens qui veulent venir pour travailler», se justifie-t-elle.

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