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Dix ans après les attentats du 13-Novembre, la menace jihadiste s’est transformée

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Il y a dix ans, les attentats terroristes menés à Paris et Saint-Denis par un commando du groupe de l'État islamique faisaient 132 morts. La France se souvient aujourd'hui, mais reste vigilante, comme le reste du monde, car la menace jihadiste a évolué. 

Une réfugiée malienne, dont le mari a été exécuté au Mali, pose anonymement dans le camp de réfugiés de M'berra à Bassikounou, le 4 novembre 2025. Elle a fui le blocus imposé par les jihadistes du JNIM, affilié à Al-Qaïda, qui resserre son emprise sur le régime militaire malien.
Une réfugiée malienne, dont le mari a été exécuté au Mali, pose anonymement dans le camp de réfugiés de M'berra à Bassikounou, le 4 novembre 2025. Elle a fui le blocus imposé par les jihadistes du JNIM, affilié à Al-Qaïda, qui resserre son emprise sur le régime militaire malien. AFP - MICHELE CATTANI
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Aujourd’hui, ce que surveillent davantage les services français, c’est ce que l’on appelle la menace endogène. C'est-à-dire la menace qui vient de la société et donc du territoire de la France. Avec de la radicalisation en ligne, parce que les contenus et l’idéologie sont toujours accessibles, et même encore davantage qu’avant avec les algorithmes qui poussent les contenus les plus engageants, les plus clivants. Et ce phénomène touche notamment les plus jeunes. Ce sont des individus d'une vingtaine d'années, voire moins qui projettent des attentats, que les services parviennent à repérer et à arrêter.  

Le groupe de l'EI affaibli en Syrie

La menace extérieure semble moins forte. Surtout si l’on parle du théâtre irako-syrien. L’organisation état islamique est affaiblie, et elle n’a sans doute plus, mais il faut rester très prudent, la même capacité de projection avec des commandos qui viendraient en Europe pour mener des opérations complexes comme celle du 13 novembre. En revanche, et c’est ce qu’explique notre confrère de France 24, spécialiste du jihadisme, Wassim Nassr, le groupe de l’EI existe toujours en Syrie, dans l’est du pays, où ses attaques sont quasiment quotidiennes mais de moindre ampleur. Parce que le « califat » a été vaincu, que le groupe ne contrôle plus de territoire. Il a encore accès aux armes et à l’idéologie. Il subit toutefois la concurrence au sein de l’islam sunnite, du nouveau pouvoir d’Ahmed Al Charaa, président par intérim de la Syrie et ancien jihadiste lui-même qui s’est retourné militairement contre ses anciens frères d’armes.  

Il y a des groupes qui, eux, parviennent à se projeter. Notamment celui du groupe de l'EI dans la zone Afghanistan-Pakistan, appelé dans la sphère jihadiste le Khorassan. Cette organisation a revendiqué l’attentat-suicide de l’aéroport de Kaboul qui a fait 182 morts dont 13 militaires américains le 26 août 2021. Ce groupe a aussi réussi à se projeter à l’étranger avec l’attentat de Kerman, 84 morts en Iran le 3 janvier 2024 et celui du Crocus City Hall, dans une salle de concert près de Moscou, en Russie, 143 morts le 22 mars 2024.  

Bamako asphyxiée

Mais l’épicentre le plus actif du jihadisme, aujourd’hui, se trouve en Afrique. Là-bas, la menace n'est pas lointaine ou extérieure. Elle est quotidienne, permanente. Au Sahel, mais pas seulement. En ce moment même, le Jnim, la branche locale d’al-Qaïda, asphyxie Bamako, la capitale du Mali, notamment en la privant d’essence. Les jihadistes sont venus du nord en se jouant de l’armée malienne et de ses alliés militaires russes, rebaptisés Afrika Korps depuis la chute du groupe Wagner. Selon les services français, leur objectif n’est pas tant de prendre le pouvoir, que de faire tomber la junte et de favoriser la mise en place d’un pouvoir plus favorable à leurs convictions.

Dissémination et inquiétude

Toujours dans cette zone, mas plus à l’est, plusieurs groupes se font concurrence et s’affrontent également militairement. C’est arrivé ce dimanche au Nigeria, sur les rives du lac Tchad où des combats entre le groupe Boko Haram et le groupe de l'EI en Afrique de l’Ouest ont fait 200 morts. Il n’y a manifestement pas encore de pont ou de passerelle vers l’étranger et notamment l’Europe, ou en tout cas pas encore. Là aussi, il faut rester prudent et vigilant. Mais la menace jihadiste s’intensifie, s’étend et se dissémine, suscitant de plus en plus d’inquiétude au-delà de la zone sahélienne, dans les états de la région et de l'Afrique subsaharienne.

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