C’est fait ! Le transfert de la base française de Tombouctou aux FAMa, les Forces armées maliennes, s’est effectué cette semaine avec la traditionnelle et symbolique remise des clés. Mais que va devenir le septentrion malien sans les Français sur le terrain ?
NB : Cette chronique a été écrite avant l'annulation de la visite d'Emmanuel Macron au Mali
Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le terrain, dans cette immense région du Nord Mali, les réactions sont mitigées, oscillant entre une certaine satisfaction de voir partir les Français et la peur de l’inconnu sécuritaire, personne n’ayant vraiment confiance – c'est une litote – dans la capacité défensive des FAMa ou encore des soldats onusiens de la Minusma, et encore moins de l’État qui, à plus de 1 500 km de la capitale Bamako, n’y contrôle plus rien ou presque depuis longtemps.
Le drapeau français ne flotte donc plus sur Kidal, Tessalit et, depuis mardi, sur la base de Tombouctou. La ville sainte malienne, où s’était rendu sous une pluie fine, mais accueilli en héros le président François Hollande quelques jours après l’arrivée de la Légion étrangère, en février 2013.
Un désengagement dans une période tendue entre les deux pays
Près de neuf ans plus tard, c’est « un abandon en plein vol » comme l’a martelé le Premier ministre de la Transition, Choguel Maïga, à la tribune de l’ONU en septembre dernier pour commenter amèrement le communiqué du redéploiement français acté par l’Élysée deux mois auparavant.
Préambule à une série d’échanges fort peu diplomatiques qui avaient choqué dans les rues maliennes. Le coup de théâtre de l’annonce, cette semaine, de la rencontre – la toute première – d’Emmanuel Macron et de l’homme fort de Bamako, le président Assimi Goïta, rebat les cartes.
Dans les rues du Mali, où des manifestations contre la politique française au Sahel sont régulièrement organisées, l’arrivée surprise lundi d’Emmanuel Macron est diversement commentée. C’est au Mali, en 2017, que le jeune président nouvellement élu avait fait son premier déplacement à l’étranger. Le contexte et les hommes ne sont plus les mêmes, et s’il est entendu qu’il sera question du retrait des troupes et de la lutte contre le terrorisme, cette reprise de dialogue est aussi perçue comme une légitimation d’un gouvernement de transition sans calendrier électoral.
L'influence russe plane sur cette rencontre
Le probable candidat à sa réélection doit aller vite. Le redéploiement de la stratégie Barkhane arrive au pire moment : l’attaque d’un convoi militaire français au Burkina Faso et au Niger par des manifestants hostiles le mois dernier en atteste, alors que la situation sécuritaire se dégrade, les violences contre les populations civiles notamment sont en augmentation.
Les rumeurs persistantes du renforcement de la coopération militaire avec Moscou inquiètent les autorités françaises, surtout si elle est assortie de l’envoi, réel ou fantasmé, de mercenaires du groupe Wagner. Cela signifierait un revers stratégique majeur pour l’Occident et une profonde rupture avec la France. Les sanctions européennes votées lundi dernier et les mises en garde américaines contre l’arrivée de Wagner sont, à n’en pas douter, l'un des préalables aux discussions entre Maliens et Français la semaine prochaine à Bamako.
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