Les dessous de l'infox, la chronique

Niger: la junte tente de semer le trouble autour d'un exercice naval de l'armée française

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Le général nigérien, Abdourahamane Tiani, était cette semaine en tournée dans le pays. À Dosso, dans un discours devant des militaires, il a laissé entendre que la France préparait des opérations de déstabilisation contre le Niger et plus largement contre les états de l’AES. Il a pointé du doigt l'arrivée d’un navire de guerre français dans le port de Cotonou, affirmant, à tort, que ce bateau était venu à plusieurs reprises décharger des soldats français au Bénin.

Non, la France n'a pas procédé au débarquement de milliers de soldats au Bénin.
Non, la France n'a pas procédé au débarquement de milliers de soldats au Bénin. © capture d'écran X / montage rfi
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Ce n’est pas la première fois que le chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) affiche des positions hostiles à la France. Ces dernières années, des accusations mensongères, ont visé la France et l’Europe. Ces narratifs, ont été régulièrement relayés par les médias d’État au Niger. Cette fois-ci, le chef de la junte s’en est pris à la France alors que les relations entre le Bénin et le Niger sont dans l’impasse.

L'infox a été rapidement relayée par des comptes panafricains. Comme ici sur X
L'infox a été rapidement relayée par des comptes panafricains. Comme ici sur X © capture d'écran X / montage rfi

Accusations récurrentes 

Dans son allocution du 8 novembre 2025 à Dosso, il a affirmé :  « la volonté de la France à nous déstabiliser, est une vérité, et nous ne cesserons jamais de le dire (...) un porte-hélicoptère qui s’appellerait Tonnerre, a accosté au port autonome de Cotonou, à bord ce sont des milliers de soldats français, et ça doit être le dixième débarquement à travers des portes hélicoptères amphibies ».

Quand la visite d'un navire de guerre français à Cotonou, sert de prétexte au pouvoir nigérien pour envenimer les relations avec le voisin béninois.
Quand la visite d'un navire de guerre français à Cotonou, sert de prétexte au pouvoir nigérien pour envenimer les relations avec le voisin béninois. © capture d'écran X / montage rfi

Après vérification, il apparaît que le général Abdourahmane Tianni s’est saisi d’une information tout à fait officielle, à savoir l’escale d’un navire français au Bénin, pour nourrir un narratif complotiste. Nous avons retrouvé la trace du porte-hélicoptère Tonnerre entre le 5 et 9 novembre dans le Port de Cotonou. La présence de ce bateau a d’ailleurs été annoncée sur la page Facebook de l’ambassade de France au Bénin

Exercices communs dans le golfe de Guinée

Joint par RFI, l’état-major français, précise que ce navire participe à la mission de surveillance et de lutte contre la piraterie baptisée  « Corymbe » et qu’il sera présent dans la zone du golfe de Guinée jusqu’à décembre prochain. D’ailleurs, le Bénin ne sera pas sa seule escale, puisque jusqu’au 17 novembre, l’équipage du bateau va participer à des exercices avec les marines de 18 pays de la région, du Sénégal à l’Angola, en passant par la Guinée et le Cameroun.

L'armée française a annoncé publiquement la présence de ce navire, ici sur X.

La présence de navires de la Marine nationale française dans la région est courante, dans le cadre de Corymbe comme dans le cadre de l’exercice international Grand African Nemo qui se déroule depuis huit ans, donc bien avant l’arrivée de la junte au pouvoir au Niger.

Des soldats français par milliers introuvables au Bénin…

La capacité maximale d’un porte-hélicoptères comme le « Tonnerre » n'excède pas 900 hommes, et encore pour des opérations relativement courtes. Selon l’armée française, il y a, à bord du navire amphibie, un groupement tactique embarqué avec des véhicules militaires et environ 450 hommes, au total.

Rappelons que le PHA est un gros navire. Il s’agit des fameux bateaux de la classe « Mistral » : 20 000 tonnes, 200 mètres de long, donc des bâtiments très visibles et facilement identifiables. En revanche, aucun convoi militaire français, n’a été observé, ni filmé à terre au Bénin, ces derniers temps. Or, on déduit aisément que ces milliers d’hommes ne seraient pas passés inaperçus.

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