Reportage Afrique

Mali: l'école Johanne-Sutton fête ses 10 ans

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C’était le 11 novembre 2001. Il y a vingt ans jour pour jour, Johanne Sutton, grand reporter à RFI trouvait la mort dans l’exercice de son métier dans le nord-est de l’Afghanistan. Ce jour-là, alors que l’Alliance du Nord s'apprête à lancer l’offensive contre les talibans, elle est prise en embuscade. Johanne Sutton, est tuée en chemin pour ​​Mazar-e-Charif, aux côtés des journalistes Pierre Billaud de la radio RTL et Volker Handloik du magazine allemand Stern. Vingt ans plus tard, et à quelque 8000 kilomètre de là, sa mémoire continue d’être honorée au sein de l’école qui porte son nom, créée en 2011 à Tienfala, à une trentaine de kilomètres de Bamako. 

Less élèves de l'école privée Johanne Sutton, à Tienfala, le 2 novembre 2021.
Less élèves de l'école privée Johanne Sutton, à Tienfala, le 2 novembre 2021. © RFI/Manon Laplace
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De notre correspondante à Bamako,

C’est un rituel quotidien. La matinée s’ouvre sur la levée du drapeau pour les 192 élèves de l’école Johanne-Sutton. Une scène ordinaire dans les écoles maliennes, à un détail près. Après l’hymne national, les enfants, dont certains flottent dans de larges t-shirt blanc à l'effigie de la grand reporter de RFI, entonnent l’hymne et la devise de Johanne Sutton. 

Le courage, l'abnégation et l'exploit dans la discipline.

Amadou Maïga est président de l’association Johanne Sutton et promoteur de l’école qui porte son nom. « RFI est l'une des radios les plus écoutées au Mali. Et malheureusement quand nous avons appris en 2001 la mort brutale de Johanne Sutton, des gens ont versé des larmes pour quelqu'un qu'ils ne connaissaient même pas, sauf à travers les informations qu'elle donnait en temps réel », se souvient-il. 

Chez les élèves, le discours est rodé. Nana Khadidjatou Diallo lève le menton avec fierté face au nom de la journaliste, inscrit en lettres noires sur les murs ocre de l’établissement. « Johanne Sutton était une journaliste très courageuse. Elle mettait sa vie en péril pour aller chercher des informations », raconte Nana.

« Il faut être très courageux »

Si les vocations de journalistes restent peu nombreuses, les élèves voient grand pour leur avenir. « Je voudrai être députée », dit une élève. « Je veux devenir juge », dit un autre. « Quand je serai grand, je serai vétérinaire », s'exclame un autre enfant. Une multitude d’ambitions qui n’empêche pas de parler de journalisme, notamment chaque 11 novembre, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Johanne Sutton.

« Ils me disent souvent “madame, le journalisme, ce n'est pas facile. Pourquoi y a-t-il des gens qui suivent encore cette trace-là ?”, je leur réponds que l'école porte le nom de Johanne Sutton qui est une dame très courageuse, et eux aussi doivent être très courageux », dit Marie-Reine Coulibaly, enseignante.

Cette année, l’hommage rendu à la grand reporter tuée en Afghanistan pourrait être l’occasion d’adresser une pensée à tous les journalistes maliens actuellement otage des groupes armés. Une pensée aussi à notre confrère Olivier Dubois, kidnappé en avril dernier à Gao, dans le nord du pays.

 

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