Nigeria: la désillusion après huit ans de présidence Buhari [2/5]
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Les élections générales au Nigeria ont lieu le 25 février prochain. En 2015, la candidature de Muhammadu Buhari avait été portée par les espoirs de changement de la population du pays le plus peuplé d’Afrique. Mais alors qu’il s’apprête à quitter le pouvoir, c’est la déception qui domine.
Il y a huit ans, Muhammadu Buhari réunissait près de deux millions de voix dans la ville de Kano. La capitale commerciale du nord du Nigeria a toujours soutenu le président sortant. Audi fait partie des très nombreux électeurs à l’avoir porté au pouvoir.
« Nous l’avons soutenu massivement, car on espérait qu’il serait performant. Nous avions vu ce qu’il était parvenu à faire lorsqu’il avait été à la tête de la compagnie pétrolière nationale et nous pensions qu’il allait continuer dans cette direction, explique Audi. Nous n’avons pas voté pour lui parce qu’il était originaire du nord comme nous. Non, nous avons voté pour lui, car nous espérions qu’il parviendrait à faire progresser le Nigeria en tant que président. Sauf que les choses se sont passées bien autrement et aujourd’hui, le passé nous semble meilleur que le présent ! », regrette Audi. Ce commerçant qui négociait autrefois un ballot de canne à sucre 1 500 nairas (3,04 euros) doit désormais débourser 5000 nairas (10,12 euros) pour le même produit.
Quant à Mustafa, 27 ans, il ne parvient pas à trouver de travail, malgré son diplôme universitaire. « En 2015, j’ai voté pour Muhammadu Buhari, j’espérais qu’il ferait de bonnes choses, mais j’ai été déçu et donc je me suis tourné vers le PDP. Nous sommes tous déçus, tous les Nigérians sont déçus. Notre dette a explosé. Notre monnaie s’est effondrée. Il nous a vraiment tous déçus. »
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Espoir déçu
La déception vis-à-vis de Muhammadu Buhari a été quasi immédiate, rappelle l’analyste Kabiru Said Sufi. « Il a mis plus de six mois pour nommer ses ministres et cela a vraiment eu un impact négatif sur la perception des gens. Puis comme il a été malade un certain temps, on lui a donné le bénéfice du doute et il a été de nouveau élu en 2019, mais rien n’a changé. Donc maintenant, les gens sont sceptiques et ont du mal à croire qu’il pourrait y avoir un nouveau messie pour les sauver », observe Kabiru Said Sufi.
Dans le sud du Nigeria aussi, les électeurs s’étaient mobilisés pour Muhammadu Buhari, comme Gini Teko, un homme d’affaires de Lagos. « J’ai même fait partie de la campagne. On nous avait vendu ce rêve du sud-ouest qui soutenait Buhari même si mes parents n’y croyaient pas vraiment, car il avait déjà dirigé le Nigeria et déçu le Nigeria. Je regrette, mais je retourne quand même voter ! »
La participation aux élections est souvent faible au Nigeria. Seuls 33% des électeurs s’étaient rendus aux urnes en 2019.
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