Reportage Afrique

Côte d’Ivoire: «Les films, la musique» pour divertir les passagers pendant leur long voyage [3/4]

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Sur les 82 000 km de réseau routier que compte la Côte d’Ivoire, le temps peut être long entre deux grandes villes. Depuis Abidjan, il faut compter cinq heures pour relier San Pedro, ville côtière de l’ouest, et huit pour Korhogo, la capitale régionale du nord. Alors pour distraire les passagers, les compagnies de cars longue distance ont pris l’habitude de diffuser des films et des séries sur des écrans. Rencontre avec ces passagers-spectateur à bord d’un bus pour San Pedro.

Des bus de la Société de Transport Abidjanais (SOTRA) à l'arrêt de bus du quartier commerçant du Plateau à Abidjan le 2 octobre 2023. (Image d'illustration)
Des bus de la Société de Transport Abidjanais (SOTRA) à l'arrêt de bus du quartier commerçant du Plateau à Abidjan le 2 octobre 2023. (Image d'illustration) AFP - ISSOUF SANOGO
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De notre correspondante à Abidjan,

Après le vacarme de la gare d’Adjamé, on goûte un bref instant de calme en entrant dans le car. Mais le silence est vite effacé par un nouveau fond sonore, celui des films, sketchs ou séries que le chauffeur diffuse sur les petits écrans, disposés au plafond toutes les deux ou trois rangées. Un divertissement bienvenu pour les passagers, qui permet d’oublier la longueur et l’inconfort du trajet. M. Camara est captivé par ce téléfilm du comédien guinéen Moussa Koffoé. « Les films, la musique, ça fait passer le temps… Comme le trajet est long, à force de regarder, on ne sent pas le temps passer, quoi. Moi, je ne dors pas dans le car. Donc je passe tout mon temps à regarder [la télévision] jusqu’à destination. »

Les plus populaires sont généralement les clips musicaux, les téléfilms d’action ou les comédies. Avec une intrigue légère, facile à suivre même en cas d’assoupissement, Donald Assi, un autre passager, est devenu un grand amateur de ces comédies routières, avec des préférences bien marquées. « Ça nous permet de déstresser, de voyager en toute tranquillité, passer un bon moment en regardant ces séries-là, surtout les séries africaines, particulièrement Michel Gohou. J’aime bien ces séries parce que ça détend, ça fait rire. Ou bien ce qu’on est en train de voir, Moussa Koffoe, ça relate un peu les histoires de nos cultures. »

L’importance de la programmation

Rire ensemble permet aussi de rapprocher les passagers souvent excédés par les longs trajets, et de calmer les tensions naissantes. Pour les conducteurs, le choix de la programmation est donc devenu une compétence à part entière, presque aussi importante que l’habileté au volant. Un art dans lequel M. Tapsoba, conducteur professionnel de la compagnie SBTA, est passé maître.

« Il n’y a pas de télévision nationale dans les cars. Ce sont les clefs USB que l’on utilise comme support. Ce que les passages aiment, c’est ce que l’on préfère mettre aussi. Quand un passager est content du voyage, il reviendra. Certains arrivent même à destination et restent assis pour que le film finisse devant eux ! Ça m’est arrivé encore hier : "Chauffeur, le film n’est pas fini !" Et j’ai dit : "Mais on est arrivés !" Ça arrive souvent. »

Avec un inconvénient : tous les passagers se voient imposer la même bande-son, qu’ils le veuillent ou non. Seules échappatoires : mettre une paire d’écouteurs avec sa propre musique, ou privilégier les voyages en voiture privée, plus calmes, mais bien plus onéreux.

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