À Lille, une «Fête du slip» pour fournir des sous-vêtements aux sans-abri
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Pendant tout l’hiver, l’association Car podium, basée à Lille, dans le nord de la France, organise la « Fête du slip », une grande opération de collecte de sous-vêtements neufs destinés aux personnes sans-abri. Laurence Théault a assisté à une soirée concert dans un bar associatif de Lille.
La « fête du slip », une expression amusante pour une cause qui de l'est pas : la grande précarité. Pour assister au concert organisé par l'association Car podium, il faut déposer un sous-vêtement neuf dans les grosses boites en cartons situées à l'entrée du bar. Et en cas d'oubli, des boxers et des culottes estampillés « Fête du slip » sont vendus six euros l'unité.
Casquette de gavroche sur le crâne et Doc Martens aux pieds, Charlyse Bouchard est membre de l'association. Elle explique en quoi la collecte de sous-vêtements pour les sans-abri est une nécessité : « Dans toutes les collectes, généralement, on oublie les sous-vêtements. On collecte beaucoup de vêtements de seconde main. Les gens, par décence, par soucis de l'intime ne donnent jamais de sous-vêtements et du coup, c'est un vrai manque pour toutes les maraudes, tous les centres d'hébergement qui n'ont pas forcément de budget non plus pour pouvoir acheter du neuf et pour pouvoir donner aux personnes qui en ont besoin. »
Car podium a cette année pour objectif d'en obtenir 1 000. Pour y arriver, l’association installe des urnes en cartons dans différents lieux de la métropole, bars, universités, mairies de quartier ou encore centres sociaux. Les sous-vêtements sont ensuite triés et proposés aux associations dont le Samu social qui viennent en aides aux plus démunis.
C'est un grand gaillard au sourire généreux, Ludovic Houttemane, qui coorganise cette soirée de collecte. Il explique que si les gens n'osent pas donner, les plus démunis n'osent pas demander : « Ça touche à l'hygiène, et c'est bien pour ça que ce n'est pas évident de réclamer ce besoin-là. Là, il a pu être exprimé par des gens qui les accompagnent, qui sont en contact avec eux au quotidien. On n'y pense pas, c'est bête, mais oui, évidemment qu'il y a ce besoin. »
Une question de santé
Cette question touche à la dignité, mais aussi à la santé. Les médecins le disent : le principal ennemi des SDF n'est ni le froid ni une mauvaise alimentation, mais le manque d'hygiène qui engendre de nombreuses maladies.
Petit, cheveux et barbe emmêlés, Laurent est sans domicile fixe. Ce sont des affiches qui l'ont alerté sur la « Fête du slip » : « J'ai vu l'affiche, il y a une semaine, c'est pour ça que je suis venu aujourd'hui. Je vais aller voir, mais je vais être un peu gêné. » Un sans-abri, dit-il, peut parfois garder les mêmes sous-vêtements « un mois, des fois un mois et demi ». « Je connais un gars, rue piétonne, il a toujours le même. Le souci, c'est qu'il sent mauvais. »
Ces jeunes venus pour l'événement comprennent la difficulté à rester propre quand on est dans la rue : « Ils ne peuvent pas avoir accès à la machine à laver forcément aussi facilement. Et puis dans la rue, il faut les sécher, c'est une vraie galère en vrai. Ça coûte cher les laveries. » « Et ça dédramatise le sujet aussi. La fête du slip, voilà, c'est rigolo. » « Et puis tout le monde porte un slip. Ministre, pas ministre, ouvrier... Le slip est universel. »
On retrouve Laurent, très content du boxer qui lui a été offert. Il a choisi la couleur, bleue, sa préférée... Le concert peut donc commencer.
► Le prochain concert pour soutenir cette cause aura lieu le 1er avril prochain.
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