Mexique: la frontière américaine toujours fermée pour les demandeurs d’asile
Publié le :
Depuis le 7 novembre, les États-Unis ont rouvert leurs frontières terrestres et aériennes aux touristes et aux visiteurs vaccinés. Pourtant, les demandeurs d’asile ne sont pas concernés. Le passage de la frontière est toujours interdit aux migrants, qu’ils soient vaccinés ou non, en raison d’une mesure sanitaire. Ces derniers sont alors automatiquement refoulés. Cette situation paradoxale abat les demandeurs d’asile à Tijuana, qui craignent pour leur sécurité et provoque la colère des organisations civiles.

La Casa del Migrante, un refuge sur les hauteurs de Tijuana, héberge une centaine de migrants, essentiellement des familles mexicaines qui espèrent aller aux États-Unis. C’est le cas de Marcos, Rosa et leurs deux enfants. Ils ont fui leur foyer au Michoacan du jour au lendemain sous la menace d’un groupe criminel. Ils ont pris la route vers le nord et sont passés sur le sol américain pour demander l’asile.
« Quand on est arrivé à San Diego, ils nous ont arrêtés. Avec ma femme et mes enfants, on a cru qu’ils allaient nous aider. On est resté un jour. Le jour suivant, ils nous ont expulsé à Tijuana. Entre eux, ils parlaient seulement en anglais. À aucun moment, ils ne nous ont expliqué pourquoi ils ne pouvaient pas nous aider. Ils ne nous ont pas non plus laissé la chance de présenter les documents qu’on avait. »
« Ils nous ont donné une feuille de papier qui dit qu’on a été expulsés par le titre 42. »
Malgré la réouverture de la frontière aux touristes, cette mesure sanitaire instaurée par Donald Trump est toujours en vigueur. « C’est de la discrimination ! Le titre 42 ne fait rien d’autre que discriminer, comme si ceux qui demandent l’asile sont contagieux alors que ceux qui vont dépenser de l’argent, ceux-là non... »
À Tijuana, les migrants patientent à la frontière
Impossible pour la famille de faire marche arrière. Depuis trois mois, elle est coincée à la frontière. Face à cette situation, Jessica Tapia, directrice de l’Organisation internationale pour les migrations à Tijuana, ne peut que constater à quel point la ville est sous pression : « Ce qu’ils veulent, surtout les familles qui arrivent, c’est traverser de manière sûre. Et avoir une option de le faire de manière légale. Donc ils restent de plus en plus longtemps à Tijuana et c’est un défi pour les structures d’accueil et les services sont saturés ».
Les moyens manquent et ceux qui viennent en aide aux migrants sur le terrain se sentent impuissants, comme le Père Patricio Murphy qui dirige le refuge : « Tous les jours arrivent des gens qui cherchent un refuge ou à faire une demande d’asile et nous on doit leur annoncer que l’asile n’existe pas en ce moment. Et on ne sait pas quand il va ouvrir ».
Tous dépendent d’une ouverture de la politique américaine : « On a déjà fait des manifestations, des protestations, on a écrit des lettres ouvertes à Biden pour qu’il prenne une décision, car les gens ont besoin de décision ».
La famille de Rosa n’a pas d’autre choix que d’attendre pour le moment. En danger au Mexique, elle espère encore pouvoir construire une nouvelle vie sûre aux États-Unis : « On veut y retourner pour demander l’asile, quand ce sera à nouveau permis, pour qu’ils nous laissent au moins la chance de nous écouter. Nous avons laissé toute notre vie construite là-bas pour venir ici et demander l’asile. On ne vient pas par envie, mais par nécessité ».
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne