« Réunis dimanche à Abuja, au Nigeria, les dirigeants ouest-africains ont mis encore plus de pression sur la junte malienne, constate Le Point Afrique . La CEDEAO est passée outre la tentative d’apaisement du président malien de transition, le colonel Assimi Goïta, qui s’était engagé avant le sommet à soumettre un calendrier électoral avant le 31 janvier. Pour justifier un report électoral dont on ignore la durée, le gouvernement malien avait invoqué l’insécurité persistante que connait le pays. »
Peine perdue, relève Jeune Afrique : « la CEDEAO a choisi de camper sur ses positions et d’exiger le maintien de la date du 27 février 2022 pour les prochaines élections. »
Manifestations anti-française et anti-CEDEAO
L’organisation ouest-africaine a fait fi donc des demandes de la junte et des protestations populaires qui ont eu lieu à Bamako ces derniers jours. « Depuis vendredi dernier en effet, pointe encore Jeune Afrique, le mouvement Yerewolo – Debout sur les remparts - avait appelé les Maliens à manifester. 'Non aux élections imposées', 'Non aux élections précipitées', scandaient les manifestants ce week-end. Au-dessus d’une foule agitée, flottaient des drapeaux tricolores russes et des pancartes arborant une tête de mort ainsi qu’un message : 'À mort la France'. » Ou encore, relève le site panafricain, « d’un côté, des slogans encensant Assimi Goïta comme 'l’espoir du Mali' et appelant à l’aide la Russie. De l’autre, de vivaces 'À bas la France, à bas la CEDEAO, à bas la Minusma'. »
Bras-de-fer
Bref, constate Le Pays au Burkina, on assiste à un « dialogue de sourds : un dialogue de sourds entre les autorités de la transition malienne qui demandent un moratoire jusqu’à fin janvier pour donner un chronogramme détaillé des élections et la CEDEAO qui reste intransigeante sur l’échéance du 27 février retenue pour l’organisation des élections censées ramener le pays à l’ordre constitutionnel normal. (…) La CEDEAO ne lâche pas prise et ne desserre pas l’étau autour des tombeurs d’Ibrahim Boubacar Kéita qu’elle veut contraindre à rendre le plus rapidement possible le pouvoir aux civils. » Et « pendant ce temps, les autorités de Bamako ne semblent miser que sur les Assises nationales de la refondation, qui ont connu le démarrage poussif que l’on sait, pour éclairer la lanterne de la CEDEAO sur le chronogramme des échéances électorales à venir. »
Assises nationales de la refondation : vers un flop ?
Justement, ces Assises seraient-elles « juste un alibi pour prolonger la transition ? », s’interroge Maliweb. « Absence de délégués ou de participants, menaces et interdiction de tenir la rencontre, manque de documents… Les insuffisances organisationnelles et participatives de la phase locale des assises nationales de la refondation convainquent sur le fiasco de ce forum », estime Maliweb. D’autant qu’ « en ces temps de disettes, voire de famine dans diverses zones du pays, de vie chère, de chômage, d’insécurité chronique avec son cortège de morts, les populations se montrent réticentes à prendre part à un forum dit de refondation. 'Nous voulons que le gouvernement vienne à notre secours en terme de sécurité et denrées alimentaires. C’est cela le plus urgent', claironnent de nombreux interlocuteurs, qui boudent donc les travaux de ces assises. »
Les prisons secrètes des services maliens…
Toujours à propos du Mali, à lire dans Le Monde Afrique cette enquête sur les prisons secrètes des renseignements maliens…
« Ils étaient 'portés disparus' depuis des semaines, mais leur sort n’était un mystère pour personne. Cinq hommes – deux militaires, un policier et deux civils –, accusés de vouloir déstabiliser l’Etat (…). Leurs avocats sont sortis du silence fin novembre pour dénoncer leurs 'arrestations illégales', opérées en septembre et en octobre, par la Direction générale de la sécurité d’Etat malienne. Après 'avoir été gardés dans des lieux secrets, torturés et finalement présentés par pur formalisme à la brigade de recherches de la gendarmerie (…) pour leur faire signer des déclarations extorquées', tous sont inculpés pour 'tentative de déstabilisation, complot contre le gouvernement et association de malfaiteurs', selon leurs avocats. Ils sont désormais écroués à la maison d’arrêt de Bamako. »
Pour Le Monde Afrique, « cette dernière affaire remet en lumière les dérives de la DGSE – rebaptisée le 1er octobre ANSE, Agence nationale de la sécurité d’Etat –, ce service de renseignement a comme mission officielle de protéger l’Etat malien et ses institutions. Depuis sa création, en 1989, elle n’a cessé d’être le bras armé discret des régimes politiques successifs, agissant en dehors de toute légalité pour faire taire les individus perçus comme une menace. Ses prisons secrètes sont des lieux de détention sans existence juridique, dans lesquelles aucune ONG ni aucun défenseur des droits humains n’ont l’autorisation de pénétrer. »
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