La France ne décolère pas après la rupture par l’Australie de ce qui était qualifié de « contrat du siècle », contrat de fourniture de douze sous-marins conventionnels à la marine australienne. Et pour cause… Le Figaro nous dévoile ce matin les coulisses fumeuses de cette affaire. « Même les anciens espions John Le Carré et Ian Flemming, le créateur de James Bond, n’auraient pu imaginer un tel scénario, s’exclame le journal. Ils auraient en revanche pu trouver un titre à l’affaire dite "des sous-marins australiens" : la trahison du siècle. Ses détails, qui racontent l’une des plus grandes arnaques diplomatiques dont a jamais été victime la France, expliquent le niveau de colère, rarement vu pour un allié, des plus hauts responsables français. (…) Pendant un an et demi, relate Le Figaro, l’Australie a comploté avec Londres et Washington pour sceller une alliance à trois et miner l’accord signé avec la France. »
Les Australiens ont menti jusqu’au bout
Tout commence en mars 2020, avec le Premier ministre australien Scott Morrison qui convainc son homologue britannique puis le président des États-Unis d’une union à trois pour écarter la France. « Pendant 18 mois, les préparatifs à ce spectaculaire retournement d’alliance seront tenus secrets, pointe Le Figaro. Le complot est définitivement scellé en juin 2021 entre Canberra, Londres et Washington, lors de la réunion du G7, dans les Cornouailles anglaises. Les Français, alertés par les rumeurs comme quoi les Australiens pourraient opter finalement pour des sous-marins à propulsion nucléaire, proposent aux Australiens d’en discuter. Pas de réponse… Scott Morrison a gardé le silence et ses secrets. » Et « la liste des artifices, des calomnies et des mensonges est longue », assure Le Figaro.
Et jusqu’au dernier moment, s’exclame Le Monde. En effet, relate le quotidien du soir : « quelques heures avant l’annonce de la rupture du contrat, les Australiens ont envoyé un courrier à Paris disant qu’ils étaient "satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme". Et d’ajouter : "en avant pour lancer la prochaine phase du contrat". » Bref, ils ont menti jusqu’au bout…
Commentaire du Monde : « Voilà qui ne va pas apaiser une situation qui s’envenime jour après jour entre la France et l’Australie. »
55 milliards d’euros sur 50 ans…
« Paris ne digère toujours pas la trahison », renchérit L’Opinion. L’Opinion qui s’intéresse notamment au volet financier de l’affaire : « les Australiens ont jusqu’à présent dépensé 900 millions d’euros pour ce contrat. Une partie de cette somme a déjà été versée au constructeur français Naval Group et le solde le sera. Il s’agit d’une perte nette pour l’Australie. Quant aux éventuelles compensations financières pour dédit, des discussions se sont engagées entre Français et Australiens, mais il est trop tôt pour en connaître l’issue. »
Par ailleurs, précise encore L’Opinion, au total, ce contrat du siècle portait sur « environ 55 milliards d’euros sur 50 ans ». La part qui devait revenir à la France était « estimée à une dizaine de milliards. »
En tout cas, le nouvel accord avec les États-Unis devrait coûter cher à l’Australie : les nouveaux sous-marins de la classe Virginia coûtent 3 milliards de dollars pièce, soit le double des sous-marins Suffren français.
« Dans le milieu des affaires, pointent pour leur part Les Echos, on souligne que le gouvernement australien a tout à fait le droit de choisir en toute souveraineté ses investissements mais que la manière de faire va entacher la réputation de l’Australie dans le monde du business. Que vaut la parole d’un gouvernement ? »
Et puis, sur le plan politique, relèvent encore Les Echos, « de nouvelles élections doivent se tenir l’année prochaine en Australie. Parions que le débat sur les sous-marins qui agite la classe politique depuis dix ans, en divisant les pro et les anti-nucléaires, va reprendre de plus belle. L’histoire n’est pas finie… »
Les priorités de Biden
Enfin, on revient au Figaro qui constate que pendant ce temps, à l’ONU, « Joe Biden fait mine d’ignorer la crise avec son partenaire français. » Pour son premier discours à l’ONU, le président américain a affiché d’autres priorités, avec trois objectifs : « un, faire oublier l’Afghanistan, deux, tendre la main aux pays en voie de développement pour les aider à réduire leurs émissions de gaz polluants et trois, convaincre de la volonté américaine de partager les vaccins anti-Covid avec le reste du monde. »
À sa demande, Joe Biden devrait s’entretenir par téléphone avec Emmanuel Macron avant la fin de la semaine…
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