À la Une: Biden-Poutine, une visioconférence et peu d’avancées
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« Salutations Monsieur le Président ! », voilà la Une du New York Times ce mercredi 8 décembre. Joe Biden et Vladimir Poutine ont tenu ce mardi un sommet virtuel de deux heures. Un sommet que l’on retrouve dans les kiosques du monde entier, et qui rappelle des souvenirs au journal américain. Pour lui, cette rencontre « a donné l'impression d'un retour à la politique Est-Ouest de la guerre froide, lorsque la stratégie de l'Otan était axée sur la manière d'empêcher une invasion de l'ancienne Union soviétique et que Moscou recherchait le respect et la déférence ». Mais cette fois, écrit le New York Times, « l'enjeu était le maintien de l'indépendance de l'Ukraine ». Et si la Maison Blanche est « parfaitement consciente que ses options sont limitées, l'incapacité à dissuader M. Poutine pourrait être perçue comme un signe de faiblesse dans le monde, notamment par la Chine ».
Chacun campe sur ses positions
C’était assurément l'appel vidéo « le plus tendu des près de 11 mois de Joe Biden à la Maison Blanche », estime El País en Espagne, mais cet entretien s’est finalement « terminé par un avertissement au président russe ». Joe Biden a en effet réitéré qu’il prendrait de lourdes sanctions contre Moscou en cas d’invasion de l’Ukraine, quand Vladimir Poutine a, lui, réitéré sa ligne rouge sur l’adhésion de Kiev à l’Otan et sur le renforcement des positions occidentales à ses frontières.
En Russie, Kommersant rapporte également qu’il était impossible de « s'entendre sur quoi que ce soit de précis, mais à en juger par les commentaires des parties, Moscou et Washington ont l'intention de poursuivre le dialogue ». Et le journal russe déplore au passage que les deux présidents aient « discuté de l’Ukraine sans l’Ukraine ». À l’arrivée donc, peu de progrès pour l’instant « dans le désamorçage de la crise », c’est également ce qu’observe le Guardian en Grande-Bretagne : de chaque côté, on a « plutôt délégué des responsables pour rester en contact ».
Les cartes désormais entres les mains du président russe
En tout cas, dans ce jeu diplomatique, dans cette partie d’échecs, « Poutine connaît maintenant le prix », c’est l’analyse du Süddeutsche Zeitung. Probablement celle qui résume le mieux la situation. Pour le journal allemand, c’est certain : « Personne ne devrait se faire d’illusion, l'Amérique n’enverra évidemment pas de troupes pour sauver l’Ukraine en cas d'urgence […] et si le président russe arrive à la conclusion qu'il doit envahir son voisin pour se venger d'une honte nationale imaginaire ou pour défendre la prétendue sphère d'influence de la Russie, alors il le fera – et aucun GI ne résistera frontalement ».
L’équation pour Moscou n’est donc pas militaire, mais économique. Finalement, explique le Süddeutsche Zeitung, Biden a dit à Poutine « quel prix la Russie devrait payer pour envahir l'Ukraine ». Un prix bien plus élevé qu’il y a sept ans, poursuit le quotidien : « après le braquage de la Crimée, Moscou s'en était tiré avec quelques comptes bancaires gelés » en guise de sanctions. « C'était ridicule », affirme le journal allemand et « le comportement agressif de Poutine depuis lors a montré que de telles anecdotes ne l'impressionnent pas ».
L’appel au boycott des JO de Pékin
Autre croisade américaine du moment, qui intéresse également la presse internationale : l'appel au boycott des JO de Pékin. Celui-ci concerne les Jeux d’hiver prévus en février et il est vertement condamné aujourd’hui par la presse chinoise. Le Global Times, média soutenu par le régime, affirme en Une que « les États-Unis ont fait main basse sur les Jeux olympiques » et en ont fait, en somme, un « jeu diplomatique » de bas étage. Contredisant ensuite à peu près toutes les informations dont nous disposons, le journal chinois parle de « mensonges » quant au traitement réservés aux Ouïghours au Xinjiang. Il s’agit selon lui d’un prétexte utilisé par les Américains pour faire le buzz avant le sommet sur la démocratie, prévu à partir de ce jeudi 9 décembre. Un sommet dont la Chine et la Russie sont exclus. Hasard ou coïncidence, en Russie justement, la Nezavissimaïa Gazeta rapporte que Pékin a invité Moscou à « défendre conjointement l’esprit olympique ».
Faut-il suivre les États-Unis ?
En tout cas, on s’interroge de par le monde : faut-il suivre les États-Unis dans ce boycott ? Au Japon par exemple, pays organisateur des derniers Jeux d'été, le gouvernement « tente de trouver un équilibre délicat entre les États-Unis et son principal partenaire commercial, la Chine », selon The Japan Times. Pour l'heure, aucune décision prise officiellement, mais le quotidien Sankei croit savoir que Tokyo est déjà « en train de faire le tri parmi les personnes à envoyer aux Jeux et que des membres du cabinet du Premier ministre pourraient ne pas y participer ». En d'autres termes, le gouvernement japonais envisage d'envoyer « des fonctionnaires de rang inférieur ». En Allemagne, pas de décision prise non plus, mais le nouveau gouvernement de coalition « laisse la porte ouverte au boycott », c'est ce que nous dit le Frankfurter Allgemeine. Les Verts allemands sont notamment favorables, mais le nouveau chancelier Olaf Scholz, tout juste investi, « hésite encore ».
Pas d'hésitation du côté de l'Australie en revanche. The Australian revient sur la décision de Canberra de suivre ce boycott, le Premier ministre Scott Morrison l'a annoncé ce mardi. Et le journal revient sur les critiques qui ont immédiatement suivi, il relaye notamment un tweet du Global Times, le journal chinois précédemment cité. On y voit une caricature : un kangourou qui s'envole, accroché à un ballon portant le drapeau américain. La légende indique seulement « Le premier laquais des États-Unis ». Si la Chine manquera peut-être de visiteurs pour ces JO d'hiver, elle ne manque pas d'humour en tout cas.
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