Journal de bord de Thomas Pesquet: bientôt le retour sur Terre
L'astronaute Thomas Pesquet a décollé pour l'espace le 17 novembre 2016 et a rejoint la Station spatiale internationale (ISS) deux jours après. Son quotidien est consacré en très grande partie à la science. Durant les six mois de sa mission Proxima, il doit réaliser plus d'une centaine d'expériences. Tous les mois, Thomas Pesquet raconte à RFI sa vie en apesanteur et pour l'occasion, Radio France Internationale devient Radio France Interplanétaire ! Voici le sixième et dernier volet du journal de bord de Thomas Pesquet. A cette occasion, il répond aux auditeurs de RFI.
Publié le : Modifié le :
Cela fait six mois maintenant que Thomas Pesquet est dans l'espace, à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Mais sa mission Proxima touche à sa fin. Il doit en effet retrouver la Terre ce vendredi 2 juin. Pour ce dernier opus de son journal de bord sur RFI, nous avons donc sollicité les auditeurs de la « radio du monde » pour lui poser une question.
« Comment voyez-vous l’avenir de la conquête spatiale ? », demande donc Habib Zébro, de Côte d’Ivoire. « L’avenir de la conquête spatiale, je le vois de près car j’y travaille ! » répond Thomas Pesquet. « Il y a plusieurs choses : d’abord l’orbite basse terrestre, où se trouve l’ISS. On l’a occupée, on l’a découverte, on l’a approfondie depuis quelques années déjà », explique l’astronaute français. « Maintenant, on a appris à vivre en orbite basse terrestre, cela fait quinze ans qu’il y a des gens dans la Station de manière permanente. »
#SeineMaritime! C’est là que j’ai grandi et que 90% de ma famille réside! Je ne pouvais pas imaginer que je la verrais un jour d’aussi haut pic.twitter.com/YPIBQFdtBX
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 30 mai 2017
« Nous, les astronautes professionnels, on va aller de plus en plus loin. Derrière nous, ce territoire qu’on a défriché, il va être utilisé par des gens : des compagnies privées ont des projets de vols dans l’espace pour le tourisme, pour la recherche. Il y a des projets de mini-stations spatiales privées pour la recherche. Je pense que nous on va aller de plus en plus loin, on va explorer. L’idée, c’est d’aller là où personne n’est jamais allé, pour répondre à des questions fondamentales et scientifiques. Le but, c’est clairement d’aller sur Mars, on fera des étapes avant. Nous, les astronautes professionnels on travaillera à ça, et derrière l’espace s’ouvrira de plus en plus au grand public. »
Seconde question : « Est-ce que la conquête spatiale ne stagne pas depuis quelque temps ? » Une interrogation qui a gentiment agacé Thomas Pesquet. « Non, je ne pense pas, c’est faux de dire ça ! », affirme-t-il. L’astronaute d’expliquer : « Les gens ne se rendent pas compte à quelle vitesse on progresse ! L’exploration spatiale c’est tout neuf, c’est un territoire qu’on a commencé à découvrir il y a 50 ans. 50 ans après la découverte de l’Amérique, il ne s’y était pas passé grand-chose. 50 ans après qu’on a commencé à se déplacer sur l’eau, est-ce qu’on avait des bateaux ultra-performants ? Non, ça a pris des centaines d’années. »
Suivi de la pression exercée sur les yeux et le cerveau avec l’expérience Fluidshifts: l’impesanteur ne ménage pas le corps! #tuesdayscience pic.twitter.com/Z8XnqjSKYV
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 30 mai 2017
« Nous, on va très vite en fait, les gens ne se rendent pas compte car maintenant on est un peu impatients, on veut voir les choses se faire non pas à l’échelle d’une génération, mais à l’échelle d’une, deux ou dix années. Alors que c’est compliqué d’aller dans l’espace ! On va très vite pourtant : depuis les débuts un peu balbutiants, on a fait une station dans l’espace. Les gens ne se rendent pas compte de ce que c’est de maintenir les gens dans l’espace, d’avoir quelque chose d’aussi grand, d’aussi complexe. C’est vraiment différent de ce qu’on faisait au début du spatial. Même les missions Apollo, c’était ponctuel. Certes c’était une performance d’aller sur la Lune, c’était loin. Mais on restait deux jours et on revenait immédiatement parce qu’on n’avait ni l’autonomie, ni les moyens pour y faire ce qu’on avait envie d’y faire. »
Thomas Pesquet évoque les missions Apollo et le premier pas de l’homme sur la Lune, c’était il y a plus de 40 ans. Aujourd’hui, Mars est dans toutes les têtes. Mais si l’on en croit l’astronaute français, ce n’est pas pour tout de suite, puisqu’une mission martienne sera nécessairement différente d’une mission lunaire : « On fait deux choses, on ne fait pas que de l’exploration. Si on ne faisait que de l’exploration en allant planter un drapeau, on pourrait aller plus loin et plus vite, mais ça ne servirait à rien. Nous ce qu’on fait, c’est d’essayer de se servir de l’exploration pour en même temps faire de la recherche et en faire bénéficier les gens. Ça ralentit forcément un peu notre exploration, mais c’est vertueux. Ceci dit, je pense que dans vingt ans, on verra des gens sur Mars. Et là, il ne faudra pas venir me dire que l’exploration spatiale elle va doucement ! »
Une chose en tout cas n’est pas allée doucement : les six mois de la mission Proxima de Thomas Pesquet. Il va revenir sur Terre ce vendredi 2 juin, en compagnie de son collègue russe Oleg Novitski, après environ 200 jours passés dans l’espace. Vous pourrez bien sûr suivre tout ça sur l’antenne de RFI et rfi.fr !
→ Écouter ce dernier journal de bord de Thomas Pesquet sur RFI
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne