La lutte contre la pollution plastique, un enjeu international
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La France vient de franchir un pas dans sa lutte contre le plastique, puisque bientôt les consommateurs qui n’optent pas pour des emballages durables seront taxés. Alors que les déchets plastiques sont une source de pollution majeure, une soixantaine de pays tentent, à leur échelle, de diminuer ce fléau.
Le gouvernement a annoncé le 12 août qu’il allait attaquer directement le porte-monnaie des Français pour généraliser le recyclage du plastique. Un système qui fonctionnera sous la forme d’un « bonus-malus » : dès 2019, les bouteilles conditionnées dans du plastique non recyclé seront plus chères et les produits à base de plastique pourraient coûter jusqu’à 10% de plus que les autres
Mais la France n’est pas le seul pays à prendre des mesures pour lutter contre le « tout plastique », alors que plus de 300 millions de tonnes de ce déchet sont produites chaque année. Au total, ce sont une soixantaine de pays qui tentent de réduire leur consommation de sacs et d’accessoires à usages uniques.
La guerre des sacs
La Nouvelle-Zélande a annoncé le 10 août l’interdiction progressive des sacs en plastique à usage unique au cours de l’année qui suit. « Nous devons être beaucoup plus malins dans la façon dont nous gérons les déchets, et c'est un bon départ », s’est félicité la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.
Une semaine avant, le 3 août, c’est le Chili qui avait annoncé l’interdiction des sacs en plastique, devenant ainsi le premier pays d’Amérique du Sud à prendre ce type de mesures. Au Chili, la pollution du littoral est très visible, surtout l’hiver où les plages du centre du pays sont jonchées de déchet. Au large des côtes chiliennes et péruviennes flotte notamment une immense nappe de plastique de la taille de l’Allemagne. Une menace dans un pays d’une grande biodiversité, principalement pour les mammifères et des oiseaux marins susceptibles d’ingérer des particules.
Sur le continent africain, c’est le Rwanda et le Kenya qui ont la législation la plus sévère : les contrevenants peuvent être pénalisés financièrement. En contrepartie, des sacs en coton réutilisables sont distribués aux citoyens et les entreprises qui souhaitent investir dans le recyclage sont subventionnées.
L’Inde se mobilise
Cette année, c’est l’Inde qui a accueilli la Journée mondiale de l’environnement le 5 juin. Un geste fort de la part de ce pays en pleine croissance qui produit chaque année environ 6 millions de tonnes de déchets plastiques non recyclables.
Face à ces quantités astronomiques de déchet, l’Inde se positionne contre le suremballage. Ainsi, Delhi interdit sacs et emballages en plastique depuis 2009, bien qu’elle soit l’une des villes les plus polluées au monde.
Plus récemment, c’est dans l’Etat du Maharashtra et dans sa capitale Mumbaï que la guerre au plastique a été déclarée. Depuis le 25 juin, couverts, assiettes, sacs et bouteilles en plastique ne sont plus les bienvenus. En cas de non-respect de la loi, les contrevenants sont passibles d’une amende et, dans le pire des cas, d’une peine de prison.
Dans la même lignée, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé vouloir bannir tous les plastiques à usage unique d’ici 2022.
L’Europe et l’Amérique du Nord contre les pailles et les gobelets
Pailles en plastique, couverts jetables, coton-tige… Autant de petits objets du quotidien que la Commission européenne souhaite remplacer par des alternatives durables, comme elle l’a annoncé en mai dernier.
Au diapason, plusieurs métropoles nord-américaines ont pris l’initiative d’interdire ces mêmes objets. A Seattle, les restaurateurs ne peuvent plus proposer de pailles ou d’ustensiles en plastique. San Francisco lui a emboîté le pas en compagnie de Malibu, Miami Beach ou encore Berkeley.
Hélas, tous ces efforts demeurent insuffisants face au désastre qui se profile à l’horizon : si la production de plastique ne diminue pas drastiquement, nos océans contiendront plus de plastique que de poissons d’ici 2050.
Près de la moitié des déchets qui terminent dans les océans sont issus de seulement cinq pays : la Chine, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam. Des pays émergents à la croissance économique rapide, qui s’accompagne d’une augmentation exponentielle du volume de déchets non recyclables et non traités. Selon un rapport de l’ONU publié en juin, ils coûtent environ 630 millions d’euros par an aux pays de la région Asie-Pacifique, impactant les secteurs de la pêche, du tourisme et du transport maritime.
Et parfois, les initiatives ne se suffisent pas à elles-mêmes - si elles ne s’accompagnent pas d’un changement des mentalités. En Australie, les chaînes de supermarché ayant tenté de bannir les sacs en plastique ont fait face à la colère de leurs clients, certains n’ayant pas hésité à se montrer agressifs à l’égard des employés. La pilule a été si dure à avaler que la chaîne de supermarché Coles a annoncé réintroduire les sacs plastique.
Longtemps considéré comme un matériau « magique », le plastique est aujourd’hui une véritable plaie qui a contaminé notre quotidien. Parmi les 8,3 millions de tonnes de plastique qui ont été produites depuis les années 1950, environ 60% ont été entassés dans des décharges ou dans la nature.
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