Cyclisme / Tour de France 2012

Felice Gimondi : «Vincenzo Nibali est un coureur de grande classe»

Felice Gimondi est un ancien coureur cycliste italien né le 29 septembre 1942. Il fut professionnel de 1965 à 1979 et compte à son palmarès : trois Tours d’Italie, un Tour de France, un Tour d’Espagne, un titre de champion du monde, 15 victoires d’étape dans les grands Tours et quatre classiques. Pour nous, il analyse ce Tour 2012 et s’arrête sur la présence des coureurs italiens.

La figure de légende du cyclisme italien, Felice Gimondi (G).
La figure de légende du cyclisme italien, Felice Gimondi (G). GERARD CERLES / AFP
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De notre envoyé spécial sur le Tour de France,

Que manque-t-il à ce Tour de France qui ne semble pas très ouvert ?
Il manque surtout Alberto Contador et Andy Schleck pour que la bagarre commence un peu plus tôt dans les étapes difficiles et qu'ils puissent mettre en difficulté l’équipe Sky. Mais il faut bien l’avouer, Bradley Wiggins et Christopher Froome sont au-dessus du lot.

Etes-vous un peu déçu de l’attitude des coureurs italiens sur ce Tour ?
Non je ne peux pas dire que je suis déçu. Lors du critérium du Dauphiné, Vincenzo Nibali avait perdu beaucoup de temps dans la montagne et dans le contre-la-montre. Là, il est encore au contact des meilleurs (4e). C’est un coureur de grande classe, même s'il n’est pas assez costaud pour sortir seul et faire un grand raid. Mais c’est un sacré grimpeur et il peut trouver la solution en montagne, ces deux prochains jours, et même gagner du temps dans les descentes.

Michele Sacrponi (3e position) dans l'échappée lors de l'étape entre Macon et  Bellegarde-sur-Valserine, le 11 juillet 2012.
Michele Sacrponi (3e position) dans l'échappée lors de l'étape entre Macon et Bellegarde-sur-Valserine, le 11 juillet 2012.

Que pensez-vous de Michele Scarponi, vainqueur du Giro en 2011 (sur tapis vert après le déclassement d’Alberto Contador, ndlr) ?
Il est peut-être arrivé un peu fatigué psychologiquement après son Tour d’Italie (4e). Mais l’autre jour, dans l’étape qui arrivait à Bellegarde-sur-Valserine (victoire de Thomas Voeckler, ndlr), il aurait pu gagner, avec un peu plus de conviction. J’ai l’impression qu’il n’était pas sûr de lui et avait mal aux jambes. Mais tout le monde à mal aux jambes en fin de deuxième semaine.

Et Ivan Basso qui a affirmé vouloir aider Vincenzo Nibali à gagner le Tour. Comment le trouvez-vous ?
Il affirme cela, mais pour moi, il n’a ni joué un rôle de leader, ni travaillé pour Vincenzo Nibali. Vous comprenez, il n’a jamais été présent dans les moments opportuns. Il n’a jamais profité d’une échappée de 20 coureurs pour se positionner à l’avant de la course et se positionner stratégiquement pour Nibali. L’autre jour, il traînait au fond du peloton et s’est fait surprendre par les bordures. Pour moi, ce n’est pas normal.

Vincenzo Nibali lors de la 7e étape du Tour de France, le 7 juillet 2012.
Vincenzo Nibali lors de la 7e étape du Tour de France, le 7 juillet 2012. REUTERS/Bogdan Cristel

Alors que peut-on attendre de Vincenzo Nibali dans les deux prochains jours ?
Ah les Pyrénées, c’est quelque chose de difficile. De plus, ils annoncent une grosse chaleur, ce qui va durcir la course. Demain, avec 70 kilomètres de montée, il ne faudra pas attendre le col de Peyresourde pour tenter quelque chose, mais profiter de l’Aspin (avant dernière difficulté) pour enfin faire basculer la course.

Avez-vous l’impression d’assister à une course stéréotypée qui ne fait plus la place à l’attaque ?
Non. C’est toujours comme cela, tout le monde roule à bloc et tout le monde veut être devant. C’est pourquoi il y a eu tant de chutes en première semaine. De plus, le premier grand contre-la-montre (lundi 9 juillet) a fini par figer le classement général. Avec 100 kilomètres de contre-la-montre au total, Vincenzo Nibali partait avec un handicap d’au moins cinq minutes. Alors, il faudra les trouver dans la montagne et ce n’est pas facile. Les Alpes sont passées, il ne reste plus beaucoup de possibilités.

Ce n’est finalement pas un Tour dessiné pour un grimpeur ?
Non. Contador n’est pas là et Cadel Evans est en-dessous de son niveau habituel. Je pense qu’il ne sera même pas sur le podium. Je vois Bradley Wiggins, Christopher Froome et Vincenzo Nibali dans cet ordre sur les Champs-Elysées.

Vous êtes étonné de la performance de Christopher Froome ?
Bien sûr. A la Planche des Belles Filles, c’était le plus fort. A la Toussuire, quand Vincenzo Nibali a attaqué, il est revenu très facilement. On a été obligé de lui dire de s’arrêter (rires).

Il pourrait gagner ce Tour ?
Je ne sais pas. Vous savez, le costume de favori et d’outsider est différent. Psychologiquement, c’est plus facile d’être le deuxième que d’être le leader. Il faut voir s’il a le mental d'un vainqueur du Tour. Ce n'est pas dit.

tour de france 2012 : résultats, analyses et reportages

 

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