Handball / Corruption

Handball : les réactions s'enchaînent sur l'affaire Karabatic

Nikola (G) et Luka Karabatic font partie des protagonistes de l'affaire du match et paris truqués dans le handball français.
Nikola (G) et Luka Karabatic font partie des protagonistes de l'affaire du match et paris truqués dans le handball français. REUTERS/Regis Duvignau

L'affaire des paris présumés truqués qui secoue le handball français s'est déplacée à Montpellier ce mardi 2 octobre. Nikola et Luka Karabatic ont été entre autres mis en examen. Sept joueurs du MAHB (Montpellier agglomération handball), les compagnes respectives de Nikola et Luka Karabatic, un kinésithérapeute, un gérant de bar et un étudiant en kinésithérapie avait été entendus par par le juge Thomas Meindl dans la journée. Depuis plusieurs jours, les réactions s'enchaînent.

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Nikola et Luka Karabatic ont été mis en examen

Mardi 2 octobre dans la soirée, Nikola Karabatic, la star du handball français, a été mis en examen pour escroquerie, tout comme son frère Luka et les autres joueurs : Primoz Prost, Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic. Les compagnes des frères Karabatic, Géraldine Pillet, celle de Nikola, et Jeny Priez, celle de Luka, ont également été mises en examen.

La remise en liberté de Nikola Karabatic a été assortie d'une mesure de contrôle judiciaire prévoyant une caution, dont le montant n'a pas été communiqué par ses avocats. Il lui a également été signifié une interdiction de rencontrer l'encadrement du club et les autres protagonistes du dossier. Il est donc désormais au chômage. « Est-ce que j'ai parié ? Non, je n'ai pas parié », a assuré le joueur aux magistrats instructeurs, selon les termes de sa déclaration lue par un autre de ses conseils, Me Eric Dupont-Moretti, à la sortie du tribunal.

Le kinésithérapeute du club de Montpellier est quant à lui ressorti libre avec le statut de témoin assisté. Un autre joueur héraultais, Issam Tej, placé en garde à vue lundi 1er octobre à Montpellier, devrait être présenté aux magistrats instructeurs mercredi 3 octobre. Les trois joueurs remis en liberté lundi soir à Nanterre (Mickaël Robin, Vid Kavticnik et Wissem Hmam) seront convoqués pour une mise en examen ultérieure.

Depuis quelques jours, le handball français fait couler beaucoup d'encre. Du jamais vu pour ce sport qui s'était peu à peu habitué aux louanges. Les images passées en boucle montrant l’arrestation de Nikola Karabatic, dimanche 30 septembre, après la rencontre face au Paris Saint-Germain, ont fait des dégâts.

« Ca va laisser des traces »

« Au JT, ça passe même avant le drame d'Echirolles où deux gamins sont morts. Ca va laisser des traces. Ceux qui vont surtout morfler sont ceux qui sont en première ligne, à commencer par le club (Montpellier) qui s'est construit à la force du poignet pendant vingt ans », déclare à l’AFP Daniel Costantini, l’ancien sélectionneur, qui a sorti le handball de l'ombre en France (champion du monde en 1995 et 2001). Il poursuit : « Ce que nous payons aujourd'hui, c'est le fait d'avoir été débordés par un phénomène de médiatisation, de réussite à tous crins et de recherche de formules comme les Experts, les Invincibles, les Immortels ». Des joueurs à qui on louait une qualité, celle de ne pas ressembler aux joueurs de football, noyés par l’argent. Avec un salaire mensuel brut de 6 000 euros en moyenne en D1, le handballeur était érigé en contre-exemple des millionnaires du foot.

« C'est une épreuve. On pouvait penser le hand à l'abri d'une affaire comme ça. La preuve que non », admet Joël Delplanque, le président de la Fédération française qui n'a cessé de mettre en avant ces dernières années les « valeurs » accompagnant les succès à répétition des Bleus. Longtemps brocardé comme étant un sport mineur, le handball était en pleine croissance, avec une vitrine, l'équipe de France, superbe, et un championnat ayant l'ambition de devenir rapidement le meilleur du monde.

« C’est vraiment triste pour l’ensemble du handball »

Dans la matinée, le président du Comité national olympique et sportif français, a déclaré avoir découvert cette affaire dans la presse. « Je n’étais pas au courant de cette affaire avant les Jeux et je ne pense pas que quiconque au CNOSF ait été dans une forme de confidence qui aurait pu laisser penser que… » Valérie Fourneyron, la ministre des Sports, a jugé que « c’était vraiment triste pour l’ensemble du handball et du sport français ». Elle ajoute au micro de RFI : « Mais il faut attendre la fin de l’enquête pour savoir s’il y a uniquement des paris truqués ou si cela va au-delà, c'est-à-dire de la corruption, mais c’est au juge de le dire. »

L'ex-ministre des Sports, Chantal Jouanno (UMP), a donné quant à elle son sentiment sur les ondes de France Info : « Même si in fine l'enquête révèle que ce n'était pas si grave, l'image du sport sera abîmée. Encore une fois, c'est l'argent qui abîme le sport ». Elle poursuit : « Eux, c'était vraiment les stars des Jeux olympiques, le contre-exemple d'un autre sport très populaire, le football ».

« C'est quelque chose de désagréable »

L’homme qui a emmené cette équipe de France de handball en haut de l’olympe est sorti aujourd’hui de son silence sur RTL dans la matinée. Il a souvent brocardé le football pour ses dérives financières et son lien étroit avec le monde de l’argent.

« C'est quelque chose de désagréable, voire d'insupportable, dit Claude Onesta. Nous n'avons pas l'habitude de vivre ces moments-là. Depuis plusieurs jours, on essaie de comprendre, de savoir. Si on n'avait pas parlé, notamment nous, les personnes de la Fédération française de hand, c'est parce que tout n'avançait que par des rumeurs. Maintenant, on pense pouvoir réagir parce que ce sont 500 000 licenciés qui sont touchés et traînés dans la boue comme s'ils étaient tous fautifs. » Il admet : « Apparemment, ils ont commis une erreur grave. Elle doit être punie et sanctionnée de manière exemplaire parce que ce n'est pas supportable. J'attends que l'enquête se poursuive. Si les faits sont avérés ou avoués, la sanction sera méritée, et je sais qu'ils l'accepteront parce qu'ils ont dû prendre conscience de la gravité de la situation.»

L’Avocat de Nikola Karabatic, Éric Dupond-Moretti, a rappelé à chacun que, pour le moment, c’était le temps de la présomption d’innocence qui primait. « Vous n'avez pas de bonnes habitudes avec la présomption d'innocence », a-t-il déclaré aux journalistes alors que Nikola et Luka Karabatic était présentés mardi 2 octobre aux juges en charge de l'affaire. « Il faudra m'expliquer comment on fait perdre une partie quand on n'y participe pas et quand on ne joue pas », a précisé l'avocat. Selon lui, la presse ne veut « rien entendre » car elle persiste avec les gros titres.

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