Critiquée pour ses manquements aux droits humains, l’Arabie saoudite reçoit la Formule 1
L’Arabie saoudite deviendra, dimanche 5 décembre, le 35e pays à accueillir un Grand Prix de F1. Un événement qui relance la question brûlante du respect des droits de l’homme dans ce pays de la péninsule arabique.
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Star planétaire, Justin Bieber pensait-il s’attirer les foudres de ceux qui contestent et pointent du doigt le régime saoudien ? La pop-star, 27 ans, doit chanter, dimanche 5 décembre, devant des milliers de personnes à Jeddah en marge du premier Grand Prix de Formule 1 d'Arabie saoudite, aux côtés notamment du fameux DJ français David Guetta et du chanteur américain Jason Derulo. À priori lucrative, la décision de l'interprète du hit « Love Yourself » de participer au concert a cependant suscité l'ire de groupes de défense des droits humains.
« Pourquoi Bieber chante-il pour des assassins saoudiens ? »
Hatice Cengiz, la fiancée du journaliste saoudien Jamal Khashoggi assassiné en 2018 au consulat de son pays à Istanbul, a pris la tête du mouvement qui appelle Justin Bieber à annuler sa venue. « C'est une occasion unique pour envoyer un message fort au monde indiquant que votre nom et votre talent ne seront pas utilisés pour redorer le blason d'un régime qui tue ses opposants », a-t-elle écrit dans une tribune publiée dans le Washington Post. Sur les réseaux sociaux, le mot-dièse #WTFJustin a été largement partagé tandis qu'un avion arborant une bannière « Pourquoi Bieber chante-il pour des assassins saoudiens ? » a survolé le mois dernier le ciel de Los Angeles lors des American Music Awards. Le chanteur canadien s'est lui abstenu du moindre commentaire.
Si l'Arabie saoudite cherche à adoucir son image de royaume ultra-conservateur, les arrestations d'opposants, le rejet de la communauté LGBTQ+ et le grand nombre d'exécutions dans le pays sont régulièrement pointés du doigt par les organisations internationales.
Outre l'enjeu sportif, le premier Grand Prix d'Arabie saoudite de Formule 1, qui pourrait sacrer pour la première fois dimanche le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), attire l'attention pour ce qu'il représente sur la scène internationale. L'entrée au calendrier de la F1 du royaume, très critiqué pour ses manquements aux droits humains, fait partie d'une campagne pour améliorer son image et diversifier son économie (qui repose essentiellement sur le pétrole) grâce au sport, aux événements culturels et au tourisme. Les critiques, qui pointent un des taux d'exécutions les plus élevés au monde et la répression des dissidents, parlent de sportwashing (tentative de blanchiment de l'image du pays par le sport).
Changer d'image
Pour le président de la Fédération automobile saoudienne, prince Khalid ben Sultan al-Fayçal, « ce n'est pas un chanteur qui va (lisser) l'image du royaume, mais plutôt ses dirigeants et son peuple. » Il estime qu’un « combat est mené contre le royaume depuis des années, un combat pour des raisons politiques ». Et d’ajouter : « Il y a ceux qui disent que le royaume est en retard et contre les droits humains... Bien sûr, personne n'est parfait, et les plus grandes nations qui brandissent la liberté et les droits humains ont plus que leur part de critiques dans ces domaines. Nous croyons en nous, cette guerre va continuer, on va continuer sur notre chemin et la porte est ouverte à tous pour nous rendre visite et voir qui nous sommes vraiment ».
Un autre qui aura à s'exprimer sur la question des droits humains est, sans doute, le britannique Lewis Hamilton (Mercedes). Le pilote a fait de la lutte contre les discriminations son combat hors de la piste. « Je pense qu'on est tous conscients qu'il y a des problèmes dans certains pays où nous allons et tout particulièrement dans cette partie du monde (le Golfe, qui accueille quatre GP à Abou Dhabi, au Bahreïn, en Arabie saoudite et au Qatar, ndlr) », a-t-il déjà déclaré à Doha il y quinze jours. Les pilotes doivent « rendre le sport plus responsable et s'assurer qu'il fait vraiment quelque chose lorsqu'il se rend dans ces pays, et c'est pourquoi j'ai essayé d'élever la voix », avait-t-il ajouté, avant de prendre la piste coiffé d'un casque aux couleurs de la communauté LGBT+.
L'Arabie Saoudite, qui tente de se débarrasser de son image de royaume ultraconservateur, a lancé fin novembre un championnat de football féminin comprenant 16 équipes. Premier exportateur mondial d'or noir, l'Arabie saoudite compte également s'ouvrir de plus en plus au tourisme de loisirs. L’Office de tourisme d’Arabie Saoudite dispose désormais de 22 bureaux à travers le monde. « Cette ouverture au tourisme de loisirs incarne justement cette volonté de transformation de l’Arabie Saoudite. Notre mission, c’est d’arriver à passer outre les clichés et les a priori sur le pays. Nous devons changer les perceptions. Nous comprenons que certaines choses puissent être un frein », explique au site internet L’écho touristique Rodolphe Bonnemie, directeur général de l’Office de tourisme d’Arabie Saoudite.
(avec AFP)
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