Aujourd'hui l'économie

Pourquoi Isabelle Kocher et Tidjane Thiam sont sur la sellette?

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Isabelle Kocher, la seule dirigeante d'une entreprise du CAC 40 devrait être remerciée lors d'un Conseil d'administration extraordinaire du groupe Engie, ce jeudi 6 février.

Isabelle Kocher.
Isabelle Kocher. AFP/Éric Piermont
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Depuis sa nomination au poste de directrice générale il y a 4 ans, Isabelle Kocher livre une bataille incessante pour résister à tous ceux qui veulent l’évincer. À commencer par son mentor, l’ancien patron d’Engie, Gérard Mestrallet. Il n’a pas supporté qu’elle veuille l’écarter de la réalité du pouvoir. Son CV d'ingénieure des mines, agrégée de physique ne suffit pas à la rendre légitime. Contre elle, tous les coups sont permis : lettres anonymes, rumeurs sur des pseudo-relations sexuelles qu’elle aurait avec des hommes de son équipe, commentaire sur son rôle de mère de cinq enfants jugé incompatible avec ses fonctions, on va même jusqu'à dénoncer les conflits d’intérêts qui entacheraient sa nouvelle relation amoureuse avec un homme ayant travaillé pour Engie.

Des attaques au-dessous de la ceinture rarement aussi virulentes contre des hommes ?

Cette bataille de grand fauve a pris une tournure sexiste parce qu’elle est une femme, mais ce qu’on lui reproche sur le fond, c’est sa stratégie. À son arrivée, elle trouve une entreprise en souffrance, effarée par l’indispensable transition verte qui se profile. Comme les autres énergéticiens européens, le gazier Engie est à la peine. Elle souhaite en faire un précurseur, non plus un producteur d’énergie, grâce au gaz ou au nucléaire, mais un producteur d’économies d’énergie en réorientant ses activités vers les services. Même si ce pari n’est pas encore totalement gagné, la société est encore très endettée, ses résultats sont moins bons que ceux des concurrents. Mais Isabele Kocher estime avoir relevé le groupe en bousculant les conservatismes. Mais aujourd’hui elle va être remerciée, sans jamais avoir obtenu les pleins pouvoirs, le titre de PDG qu’elle convoite en vain depuis 4 ans.

Un autre PDG aussi sur la sellette, Tidjane Thiam, le patron du Crédit Suisse

L'actualité rapproche leurs trajectoires. L’un des principaux actionnaires de la banque et président du conseil d’administration veut sa tête. La faute retenue contre lui : avoir été mêlé à une sombre histoire d’espionnage interne contre un des dirigeants de la banque avec qui ses relations étaient devenues exécrables. Cette affaire serait un prétexte pour écarter le franco-ivoirien, car en fait le premier président noir de la banque suisse n’a jamais réussi à se faire accepter par l’establishment zurichois. Ses résultats plaident pourtant en sa faveur, il a redressé la banque en grande difficulté à son arrivée en 2015. Aujourd’hui, il a le soutien de 3 actionnaires, l’un des  plus actifs, l’américain Harris, suggère que cette chasse à l’homme relève d’une forme de racisme, et qu’elle n’a rien à voir avec les qualités professionelles de Tidjane Thiam.

Isabelle Kocher ne pourra pas compter sur le soutien de son principal actionnaire, l’État français.

Effectivement, l’Élysée supporte très mal la tribune en sa faveur publiée cette semaine dans le quotidien les Échos, tribune très politique, trop sans doute, signée par une série d’opposants à Emmanuel Macron. La France se targue aujourd’hui d’être le pays européen où les conseils d’administration sont les plus ouverts aux femmes. Avec 44 % de membres féminins, c’était 10 % il y a dix ans. Mais au sommet des grandes entreprises cotées, la domination des mâles blancs de plus de 50 ans reste implacable, et leur solidarité pour s’y maintenir à toute épreuve.

EN BREF

La Chine allège de 50% les droits de douane sur les produits importés des Etats-Unis. C'est l'un des nouveaux signes concrets de détente après l'accord dit de phase 1 trouvé avec les États-Unis. À partir du 14 février des marchandises taxées à hauteur de 10 % depuis septembre ne le seront plus qu'à 5 % de leur valeur, pour d'autres le taux passe de 5 à 2,5 %. Cela concerne un volume global de 75 milliards dollars d'importation.

En Afrique du sud, un consensus en vue pour éponger la dette d'Eskom.La centrale syndicale Cosatu suggère qu'une partie de cette dette soit reprise par le Public Investment Corporation. Le président Ramaphosa voit d'un bon oeil cette proposition longtemps écartée pour ne pas mettre en danger le porte-feuille du fonds public gérant essentiellement l'épargne des fonctionnaires. La dette de l'énergéticien Eskom est abyssale, elle met en péril les finances de l'Afrique du sud.

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