Comment lutter contre l’épidémie du coronavirus dans les prisons
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Le Covid-19 n’épargne pas les prisons. À ce jour, cinq détenus ont été identifiés positif au coronavirus dont un homme de 74 ans décédé le 16 mars. Il n’y aurait actuellement aucun autre cas avéré. Mais, selon une source pénitentiaire, onze cas seraient confirmés parmi le personnel et six parmi les intervenants extérieurs. Pour limiter la diffusion du virus, des restrictions ont été mises en place comme par exemple l’interdiction des parloirs. La situation est tendue dans les établissements pénitentiaires.

Avec un peu plus de 70 000 détenus en France, on pourrait penser qu’ils sont protégés puisque l’enfermement est déjà une forme de confinement. Pourtant, le virus parvient quand même à s'infiltrer dans les prisons. Tout simplement parce que chaque jour, il y a de nouvelles incarcérations-même si aujourd’hui on teste les nouveaux arrivants et que de nouvelles mesures ont été mises en place pour les limiter. mais jusqu’à présent, ce n’était pas le cas. Ensuite, il y a bien sûr la présence des surveillants et du personnel soignant. Une infirmière de la prison des Baumettes qui souhaite rester anonyme me confiait qu’elle travaillait sans masques au début de l’épidémie et qu’actuellement, la direction donne un masque à une infirmière pour une vacation de 10 heures. Les surveillants, eux, se plaignent du manque de masques et de gants alors que entre autres, ils doivent procéder aux fouilles au corps
Le risque d'une propagation très rapide
C’est une terrible inquiétude et on se prépare à cette éventualité quand on sait que 60% des détenus sont plusieurs dans une cellule. Cécile Marcel est directrice de la section France de l’OIP, l'Observatoire international des prisons, qui défend le droit des détenus. Elle explique que dans un tel contexte, il est très difficile d’appliquer les consignes de prévention. Les gestes barrière comme se laver les mains, difficile de maintenir la distance règlementaire quand les douches sont collectives, les toilettes partagées…
Les mesures de la ministre de la Justice
Nicole Belloubet a mis en place des mesures. Les parloirs et unités de vie familiale sont interdits. Tout type d’activités est suspendue et ce n’est pas sans conséquences. La suppression de ces parloirs est très délicate à gérer tant ils constituent pour les détenus une soupape essentielle aidant à supporter la vie carcérale. Un condamné avait droit à une visite par semaine. Un détenu témoigne : « La famille c’est mon moteur de survie et puis j’ai peur pour mes proches ».
Depuis l’annonce de la fermeture des parloirs, les mutineries se sont multipliées dans les prisons francaises. 30 établissements, sur 187 ont été perturbés, notamment par des refus de remontées de promenades, parfois accompagnées de violences et de dégradations.
Une situation bientôt intenable
En prison, on redoute la crise sanitaire. C’est pour cela que différentes organisations comme l’OIP ou encore l’association des juges d’application des peines demandent de réduire le nombre de personnes détenues.
Face à l’urgence sanitaire, le ministère de la Justice a demandé aux juridictions de différer la mise à exécution des courtes peines et a indiqué qu’il allait autoriser la libération d’environ 5 000 détenus en fin de peine.
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