Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: confusion pour la sortie du confinement

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Confusion à « la Une » de la presse française, la sortie du confinement déjà évoquée alors que le pic de l’épidémie de coronavirus se fait toujours attendre.

Le Premier ministre Édouard Philippe le 28 mars 2020 à Paris.
Le Premier ministre Édouard Philippe le 28 mars 2020 à Paris. Geoffroy Van Der Hasselt/Pool via REUTERS
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Situation sanitaire critique, pénurie de masques, pic de l’épidémie pas encore atteint, et pourtant, en effet, la sortie du confinement est déjà évoquée !

Même si Édouard Philippe a dit hier soir à la télévision que le « déconfinement (n’était) pas pour demain », en ajoutant que le confinement sera « probablement » prolongé au-delà du 15 avril en France, plusieurs quotidiens, avant que le Premier ministre ne vienne tardivement doucher cet espoir, ont tôt fait de le hisser en Une. À leur décharge, il est vrai, le même Premier ministre, avant-hier soir, avait lui-même évoqué la fin du confinement devant les députés.

Et ce matin, donc, le journal Le Parisien le claironne en Une : des « scénarios » d’un retour progressif à la normal « se dessinent » !

La manchette  du Figaro, dont « la manchette » évoque « les scénarios pour sortir du confinement », avant de développer lesdits scénarii en page deux. Car « Si gouverner, c’est prévoir, l’occasion est donnée (au gouvernement) d’en administrer la preuve. Plusieurs scénarios sont à l’étude », signale donc Le Figaro.

Seulement voilà… « on aurait préféré ne pas aborder dès maintenant ce sujet », admet un membre du gouvernement dans Le Figaro, car pour cet anonyme ministre (ou secrétaire d’Etat), « évoquer le déconfinement, dans cette période, porte le risque une nouvelle fois d’envoyer des messages contradictoires », explique Le Figaro. complète ce quotidien. En quoi il n’a pas tort…

La situation sanitaire est critique ! En région parisienne en tout cas. Car la vague de contagion au coronavirus menace à présent de submerger l’Ile-de-France :

Selon un document de l’Assistance publique que Le Parisien a consulté, « le pic de l’épidémie est prévu « vers le 6 avril » en Ile-de-France », c’est-à-dire lundi.

Dans Le Parisien, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner annonce que, dès aujourd’hui, les forces de l'ordre mettent en place des « contrôles renforcés au départ des grandes villes, dans les gares, sur les routes et dans les lieux touristiques » pour dissuader les Français de partir pour les vacances de printemps.

La région parisienne, ça n’est plus ce matin l’Ile-de-France mais « l’Ile de souffrance », lance en Une Libération, car le nombre de malades en réanimation y a « bondi ».

L’Ile-de-France est « frappée au cœur, s’alarme ce quotidien. Le nombre de malades est en passe de dépasser le nombre de lits disponibles  ».Pour doucher ainsi l’espoir des Franciliens, ce quotidien se réfère à un message interne signé par le directeur général de l’Agence régionale de santé. Message expédié avant-hier à tous les soignants d’Ile-de-France.

Son auteur prévient qu’il y a « plus de 2120 personnes en réa Covid + » (c’est-à-dire en réanimation due au coronavirus) alors que la capacité d’accueil des hôpitaux d’Ile-de-France est de… 2200 lits, Le Parisien évoquant, de son côté, le chiffre de 2 700 lits équipés, tout en se référant à la même source que Libération : l’AP-HP ! Vous avez dit confusion ?
Quoiqu’il en soit, les hôpitaux de la région parisienne sont passés « en zone rouge vif », prévient Libération.

Alors ? Alors, tous les moyens sont bons pour y soulager le système hospitalier : « réquisition de la réserve médicale, transports en TGV ou en avion pour alléger le poids qui pèse sur la région parisienne, commandes massives de masques, de matériel spécialisé et de médicaments, appel à l’armée dont l’aide par nature limitée est néanmoins précieuse : tout semble mis en œuvre pour sortir de cette passe dramatique », souligne encore Libé.

La gestion des masques par le gouvernement français est vivement mise en cause :

Mise en cause par Mediapart. Dans une enquête d’une trentaine de pages, ce journal en ligne assure, au sujet des masques, apporter « les preuves d’un mensonge d’État ». De la fin du mois de janvier à ce début d’avril, ce site Internet retrace atermoiements et cafouillages des dirigeants français face à cette crise du coronavirus, et notamment les « ratages » de la cellule interministérielle dédiée à l’achat de masques. « Peut-être qu’il y a eu des erreurs, concède à Mediapart un membre de cette cellule de crise. Sans doute l’État n’a pas été assez réactif, et trop sage dans les demandes ».

Dans son enquête, ce journal en ligne affirme aussi que l’avionneur Airbus s’est « servi d’un convoi humanitaire pour se fournir discrètement », en masques afin d’en équiper ses salariés, soit « plusieurs milliers de masques par jour », des masques qui ne sont donc pas allés aux soignants, alors que « le nombre de professionnels de l’AP-HP contaminés depuis le début de l’épidémie a grimpé à 1 200 personnes », rapporte encore Mediapart.

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