Le trafic des animaux sauvages sera-t-il brisé par le coronavirus?
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La funeste progression du coronavirus va-t-elle enfin mettre un terme au commerce des animaux sauvages ? Les principaux pays consommateurs, la Chine et le Vietnam, semblent enfin décider à agir pour encadrer cette activité florissante, de l’Asie à l’Afrique.

Les scientifiques ne savent pas encore si le pangolin, espèce en voie de disparition prisée par les gourmets chinois, a vraiment été le vecteur du coronavirus. Mais par mesure de précaution, dès janvier, le marché de Wuhan où on pouvait en trouver en vente libre, a été fermé. Un mois plus tard sort un décret pour éliminer la consommation de la viande des animaux sauvages. Les comptes liés à ce commerce créés sur internet ont été fermés et des centaines de milliers de produits ont été saisis. Le Vietnam, l’autre grand pays consommateur d’animaux sauvages, prend à son tour des mesures pour restreindre ce commerce. La cause animale est devenue une question de santé publique. Pour qu’elle soit entendue il faudra aussi trouver une solution économique car le marché du pangolin en particulier et plus globalement des animaux sauvages est aujourd'hui en plein essor.
Il existe même une filière officielle d’élevage, en Chine comme au Vietnam
Il y a aujourd’hui en Chine 20 000 fermes spécialisées. Encouragées depuis plusieurs décennies pour développer les régions rurales. Aujourd’hui le secteur pèse 75 milliards de dollars -d’après une étude académique chinoise datant de 2017. Pour vous donner un ordre de grandeur, en valeur cela représente la moitié du marché du porc dont la Chine est le premier producteur mondial. Les débouchés vont du cuir à la médecine traditionnelle en passant par l’alimentation. Déguster du pangolin, c’est un marqueur de réussite sociale. Le problème avec ces fermes, c’est qu’elles couvrent des trafics totalement illégaux, les animaux importés passent par ces fermes et sont vendus ensuite comme de la marchandise légale. Au Vietnam une licence d’élevage d’animaux sauvages se revend au prix fort. Cela permet d’écouler une marchandise arrivant directement des Philippines, de Malaisie ou d'Inde, et de plus en plus du continent africain.
En Afrique le Nigeria est devenu la plaque tournante du trafic de pangolin
C’est le constat fait cet automne par l’ONG justement nommée Traffic. Depuis 2016 ce trafic a explosé. Ces trois dernières années plus de la moitié des saisies mondiales d’écailles de pangolin, très recherchées pour la médecine traditionnelle chinoise, ont transité à un moment par le Nigeria. Un essor favorisé par la corruption ambiante et la grande tolérance avec ce type de délinquance. La première amende appliquée par la justice nigériane contre ce type de délit n’est que de quelques dollars alors que l’Ouganda condamne les trafiquants à de lourdes amendes et à des peines de prison. L’autre moteur du trafic c’est bien sûr la demande. Un pangolin est vendu 7 dollars au Nigeria, ses écailles se revendent 250 dollars au Vietnam qui est devenu le premier client du Nigeria. On verra d'ici un an si la Chine et le Vietnam ont vraiment agi sur le long terme pour réduire ce trafic. En 2003, le Sras transmis par la chauve-souris avait conduit la Chine à fermer ses marchés vivants. Six mois plus tard les marchés ont rouvert et le commerce est reparti de plus belle.
EN BREF
Donald Trump a galvanisé les marchés pétroliers en annonçant une baisse probable de la production de 10 millions de barils par jour. Jeudi le baril a regagné 25% en une séance, les marchés prenant les mots du président pour argent comptant. Mais les doutes commencent à poindre ce matin dans les premiers échanges. Pas sûr que les Saoudiens et les Russes adhèrent au plan américain. Le baril a repris sa marche arrière ce matin, reculant de 4% sur les marchés américains.
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