Pourquoi la solidarité européenne est-elle si difficile à mettre en place?
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Pour préparer l’après-coronavirus les 27 dirigeants de l’Union européenne se retrouvent dans l’après-midi par visioconférence pour discuter d’un plan de relance de l’économie. Ils sont d’accord sur l’objectif, aider les pays plus fragiles, mais toujours aussi divisés sur les moyens d’y parvenir.

Même Paris est sceptique sur l’issue de ce nouveau sommet par visioconférence. Etant donné l'ampleur des divergences il n’y a même pas de projet de déclaration commune. Le diagnostic sur le piteux état de l'économie européenne est pourtant partagé. Les Vingt-Sept devraient approuver la plupart des mesures d’urgence présentées par les ministres des finances de la zone euro : l’enveloppe de la Commission pour financer le chômage partiel et les dépenses de santé plus les aides aux entreprises délivrées par la Banque européenne d’investissement forment un paquet de 500 milliards d’euros. En revanche le fonds de relance, pour l’après coronavirus, fait toujours débat. Les Vingt-Sept savent que les pays du sud, membres de la zone euro, seront dans l’incapacité de financer leur relance en solo mais ils divergent sur les modalités du soutien financier.
L’Espagne et la France militent en faveur de transferts ou de subventions
Paris comme Madrid ne parlent plus de coronabonds, de dette mutualisée, un mot qui donne de l’urticaire aux pays du nord, mais plutôt d’un méga fonds qui serait financé par un emprunt collectif, c’est-à-dire mutualisé, ce qui est la meilleure solution pour réduire son coût. Madrid propose de lever 1 500 milliards d'euros. Il faut un montant assez conséquent pour avoir un impact dans les pays demandeurs. Aujourd'hui, l'Italie ne consacre que 2% de son PIB à la relance, il faudrait le double pour que son action soit efficace estime le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire. L’argent ainsi levé, propose l’Espagne avec le soutien de la France, doit être redistribué sans contrepartie aux pays les plus affectés, en fonction de la prévalence de la pandémie, du choc économique enduré et de leur taille démographique et économique au sein de l’Union européenne. Dans le projet espagnol, les pays membres paient seulement les intérêts de cette dette. Un montage qui fait frémir les pays du nord, Allemagne en tête. Le principe de la dette mutualisée, de surcroît non remboursée, ne passe pas. Impensable à cause des traités de Berlin. Surtout pour des raisons politique. Pourquoi les pays vertueux devraient payer pour les plus fragiles se demandent les Allemands et les Néerlandais.
Sur le plan économique, est-ce justifié de subventionner au lieu de prêter ?
D’ici la fin de l’année, le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce auront tous un endettement supérieur à 130% de leur PIB. Impossible pour ces pays méditerranéens de compter sur le tourisme estival pour rattraper des mois de confinements et donc de recettes fiscales et d’activité. Car, à cause du coronavirus qui a durement frappé l’Italie et l’Espagne, le retour des visiteurs sera probablement retardé. Dans cet environnement précaire, incertain, lever de l’argent leur coûtera de plus en plus cher et pourrait mettre en péril leur solvabilité. Surtout l’Italie, dont les taux d’intérêts repartent déjà à la hausse. Les contraindre à porter une charge supplémentaire parait aussi punitif et destructeur pour la reprise que l’austérité imposée à la Grèce. Ne pas les aider aggravera les divergences économiques et politiques au sein de la zone euro, ce qui fragilisera un peu plus cette union monétaire. Comme lors de la précédente crise, la zone euro joue en ce moment sa survie.
EN BREF
En France le secteur privé s'est rétréci de moitié depuis le début du confinement... c'est le chiffre fourni ce matin par l'Insee. La consommation de ménages, le principal moteur de la croissance, a baissé d'un tiers d'après l'institut national des statistiques. « L’économie française n'assure plus que ses fonctions vitales » commente l'institut.
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