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Covid-19: la stratégie risquée de Marine le Pen

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Depuis le début de la crise sanitaire, Marine le Pen attaque tous azimuts. Une manière, encore une fois, d’installer le duel avec Emmanuel Macron avec la présidentielle 2022 en ligne de mire. Mais l’efficacité de cette stratégie est pour l’instant loin d’être payante.

Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite français, le Rassemblement National (RN), adresse ses voeux de nouvel an à la presse le 16 janvier 2020 au siège du parti à Nanterre, près de Paris.
Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite français, le Rassemblement National (RN), adresse ses voeux de nouvel an à la presse le 16 janvier 2020 au siège du parti à Nanterre, près de Paris. Fuente: AFP.
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Une stratégie anti-système pour un parti anti-système. « Rien de surprenant aux propose de Marine le Pen depuis le début de la crise, la critique, c’est son ADN » rappelle le spécialiste des droites, Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques. En accusant le gouvernement de « mentir sur tout et depuis le début » - le mantra de Marine le Pen depuis plus de deux mois -, la présidente du Rassemblement naitonal (RN) a en quelque sorte été « dans son rôle » : critiquer toutes les décisions prises, sur les masques, les frontières, les tests ou la tenue du scrutin municipal. Car derrière la gestion gouvernementale, l’ennemi, c’est Emmanuel Macron.

Une « carte corona » que Marine le Pen compte bien continuer à jouer : un livre noir de la crise d'ici quelques semaines, un plan de relance 100 % RN en juin et un manifeste de la « France d’après », avant l’été, ou à la rentrée selon l’évolution de l’épidémie. L’idée ? « Semer des graines », explique le député Sébastien Chenu, « démontrer les énormes erreurs de l’exécutif », renchérit l’eurodéputé Philippe Olivier qui s’enorgueillit de voir des notions chères au RN (comme la souveraineté ou le localisme) au centre du débat.

Une stratégie pour l’instant peu payante

Pas d’effet coronavirus dans les études d’opinion pour Marine le Pen alors que le Premier ministre s’envole dans les sondages. « Trop tôt, ça décante encore », veut croire Sébastien Chenu qui estime que l’heure n’est « pas à la politique, pas encore ».

« C’est vrai », répond Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF. Pour lui, Marine le Pen ne profite pas de la colère des Français, mais les autres non plus. « Mais il y aura des cartes à jouer », reprend le chercheur, qui voit dans les enquêtes du CEVIPOF « une immense majorité de Français qui, le temps venu, voudront que des comptes soient rendus ».

Marine le Pen en position de force pour 2022 ?

Alors évidemment, du côté du RN, on y croit dur comme fer. « Les Français vont se rendre compte qu’on avait tout juste sur la crise du système », veut croire un conseiller de Marine le Pen. Les montages censés montrer que la présidente du RN avait raison avant tout le monde fleurissent d’ailleurs en ligne sur les comptes Facebook et Twitter du parti. Mais la réalité s’annonce plus compliquée.

En dénonçant un supposé mensonge d’État, Marine le Pen a hystérisé le débat. « Pas sûr que la carte anxiogène soit électoralement payante », estime le politologue Jean-Yves Camus. « Après deux ans de crise perpétuelle, Gilets jaunes, retraites puis Covid-19, l’opinion aura envie de tempérance », anticipe Bruno Cautrès pour qui Marine le Pen risque finalement de ne prêcher… que les convaincus !

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