À la Une: de la colère et des poings levés
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Cette image forte, qui déjà nous a accompagnés tout le week-end et une bonne partie de la semaine dernière, est aussi celle qui illustre ce début de semaine. À la une du Figaro, devant des flammes, trois manifestants lèvent le poing, masque sur le nez. Libération de son côté nous montre un homme, seul, ou plutôt pas vraiment seul. Dans sa main, celle qui n’est pas pointée vers le ciel présente un portrait, celui de George Floyd, afro-américain de 46 ans décédé lundi dernier lors de son interpellation par la police. « La mort de George Floyd enflamme l’Amérique » titre le quotidien, qui pour autant ne les montre pas ces flammes, que l’on peut voir par contre dans le Figaro sous ce titre « les émeutes gagnent l’ensemble des États-Unis ».
Les récits de ceux qui sont à bout
Dans son édito Le Figaro nous raconte le point de vue de celui que beaucoup attendent maintenant au tournant, celui qui a pu voir hier, à son retour de Floride pour assister au décollage de la fusée SpaceX, tous ces manifestants massés sous ses fenêtres réclamer plus de considération et plus de sécurité : Donald Trump. Le Figaro rappelle que « depuis l’époque d’Apollo I, les droits politiques ont été accordés aux Afro-Américains, mais les inégalités demeurent, devant la prison, le chômage, la santé. Les Noirs comptent pour 23% des morts du coronavirus, cumulant des facteurs aggravants liés à la pauvreté, à savoir : diabète, asthme, hypertension, obésité, entre autres. Avec la violence policière » ajoute le journal, « c’est aussi contre ce cauchemar quotidien qu’ils enragent ». « Si on ne dit rien alors l’injustice continue » peut-on lire, en gros sur la 1e double page accordé par Libération aux évènements. Plus loin, le maire de Minneapolis, le démocrate Jacob Frey le reconnait, on peut le lire dans Libération, « Il y a beaucoup de douleur et de colère dans notre ville », mais ajoute-t-il : « Nous faisons absolument tout ce qui est en notre pouvoir pour maintenir la paix ». Libération termine son long article, par ce tag, repéré près d’un commissariat, dans cette grande ville du Minnesota : « Et maintenant vous nous entendez ? », voilà qui sonne comme un avertissement, peut-être le dernier.
Plus besoin d’avertissement en France, les bars et les restaurants vont rouvrir demain.
Plutôt deux fois qu’une, « Demain le grand jour » annonce Sud-Ouest, « Demain on rouvre ! » s’exclame la dépêche du midi en une. Le quotidien du sud de la France qui l’assure, les français seront au rendez-vous pour sauver les établissements du gouffre dans lequel ils sont plongés depuis le 14 mars au soir mais aussi, surtout, écrit le journal, parce qu’il en va de l’idée que l’on se fait de notre vie sociale. « Du café crème du matin, jusqu’au dîner en amoureux le soir, du déjeuner de travail le lendemain au repas entre copains, du café du commerce où l’on refait le monde à la grande brasserie où tout le monde défile les cafés-restaurants font partie de notre culture nationale, mais ils sont aussi des éléments irremplaçables de notre quotidien ».
À lire également dans Libération, la crise du coronavirus, qui a décuplé notre intérêt pour les sciences.
Et qui l'a placée au coeur du débat, pour mieux l'interroger. De la sciences en veux tu en voilà dans les médias et les discours. Et pourtant nuance Libération, on sent comme un arrière-goût amer face aux querelles de personnes, aux instrumentalisations politiques et autres défauts d’organisation. Au point de se demander écrit le journal : « Si la science française sort grandie de cette séquence ». Le tout mettant en lumière divers problèmes qui vont du manque de moyens, à l'impossibilité de coordonner jusqu'à l'intégration même de la science dans le débat public, Libération pointe même le risque de voir le discours anti-sciences renforcé. Cédric Brun, philosophe des sciences précise notamment que : « La science sert de paravent pour des décisions politiques contraintes », et que cela n'aide pas à sa bonne perception. On attend beaucoup d'elle, surtout dans une période comme celle-ci, or : « Les sciences ne disent pas le vrai [...] elles recherchent la vérité de manière imparfaite, temporaire, révisable, mais en apportant toujours le moyen de les critiquer ».
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