À la Une: Castaner en première ligne, Macron en retrait
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« Changement de ton, changement de méthode !, s'exclame Le Parisien. Bien silencieux depuis une semaine et le début des manifestations provoquées par la mort de George Floyd aux États-Unis, l’exécutif a changé de braquet hier. D’abord sur la forme, en organisant une conférence de presse de Christophe Castaner pour déminer le sujet, alors que de nouveaux rassemblements sont prévus aujourd’hui dans plusieurs grandes villes comme Paris, Lille, Toulouse et Amiens. Puis sur le fond, en annonçant une série de mesures pour lutter contre les violences policières et le racisme supposés dans les forces de l’ordre. »
Pour sa part, pointe encore Le Parisien, « le chef de l’État n’entend pas s’exprimer pour le moment. "Il ne souhaite pas réagir aux événements. Ni outre-Atlantique ni nationaux", répond son entourage, préférant laisser le ministre de l’Intérieur en première ligne. »
Des réponses pas à la hauteur...
Du coup, Libération s'agace : « Violences policières : Macron se soustrait à l’interpellation », déplore le journal. « À l’heure où de nombreuses manifestations contre le racisme et la violence des forces de l’ordre ont lieu en France, le Président a laissé à Christophe Castaner, hier, la responsabilité d’annonces limitées. »
En effet, « la réponse du gouvernement français est-elle à la hauteur ? Non, répond Libération. Il est bon d’interdire "l’étranglement". Mais c’est le "plaquage ventral" qui est en cause, affirme Libé, lequel peut aussi conduire à un étouffement. Aussi bien, il est juste de condamner propos et actes racistes, tels qu’on a pu en constater ces derniers jours ou de réfléchir à une meilleure indépendance des instances de surveillance de la police. Mais la question centrale des "contrôles au faciès" n’a pas été vraiment traitée. L’instauration d’un "récépissé", qui peut éviter à la même personne d’être contrôlée à répétition, a été éludée. Bref, conclut Libération, on a entendu des bonnes paroles (c’est mieux que des mauvaises) et des promesses. Il y manque les actes. »
Réformer l'IGPN ?
« Si le gouvernement veut reprendre la main dans ce dossier, il va falloir qu’il aborde la question des violences policières dans leur entièreté et sans farder la réalité, estime Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Ce qui implique qu’il se remette lui aussi en cause en tant que donneur d’ordres et fasse clairement le distinguo entre violence légale et violence légitime. »
Déjà, « transformer l’IGPN en organe indépendant serait un excellent début, affirme le quotidien alsacien, qui permettrait de désamorcer le sentiment, croissant, d’une impunité policière. Les violences qui ont émaillé les manifestations des gilets jaunes ont en effet élargi cette perception qui se limitait jusqu’alors au champ de la banlieue et des minorités "visibles", autrement dit d’origines maghrébine et subsaharienne, jusqu’ici les plus exposées. »
« Écoper une lame de fond »
Plus largement, pointe La Charente Libre, que ce soit en France ou aux États-Unis, « l’enjeu de ces révoltes dépasse largement les cas extrêmes qui l’ont déclenché : derrière, il y a une réalité du quotidien qui ne peut être niée, celle d’un système qui protège encore trop ses brebis galeuses et permet de se conforter dans les inégalités de naissances, plutôt que de s’y confronter. La révolte contre le racisme s’attaque à cette face beaucoup plus profonde et immergée de l’iceberg, pointe le quotidien charentais : celle qui donne une rente de situation, pendant que les non-blancs connaissent la discrimination à l’embauche et les femmes les inégalités salariales, pour ne citer que l’exemple du travail. Les premières réponses à la révolte actuelle ne se sont pas fait attendre, de la police de Minneapolis démantelée aux annonces de Castaner en France. Ce n’est pas à négliger, conclut La Charente Libre, mais cela ressemble à un premier geste pour écoper une lame de fond. »
États-Unis : Trump affaibli à l'approche de la présidentielle
À la Une également, la fracture raciale, cette fois aux État-Unis : elle est désormais « au cœur de la présidentielle », constate Le Figaro. « Un incendie embrase l’Amérique. Censé être le garant de l’unité de la nation, son président a choisi d’attiser le feu, laissant libre cours à un narcissisme débridé. Donald Trump a fait un pari, pointe le journal. Il sera le candidat "de la loi et de l’ordre" face au chaos et à un rival démocrate peu charismatique qui promet de réduire les fractures raciale et sociale et de lutter contre l’injustice et les violences policières. »
Et Le Figaro de s'interroger : « La crise sera-t-elle le bûcher des vanités de Trump, ou son tremplin pour un second mandat ? À 150 jours de la présidentielle, il est trop tôt pour le dire. »
En tout cas, pour Le Monde, Donald Trump « se trouve désormais sur la défensive sur deux terrains, la pandémie et la question raciale, qui sont loin d’être les siens et sur lesquels sa gestion s’avère calamiteuse : 110 000 morts du Covid-19 et une incapacité ne serait-ce qu’à reconnaître la réalité du racisme dans la police. Sans compter la plus grave crise économique depuis la Grande Dépression des années 1930. Au démocrate Joe Biden (…) de prouver, s'exclame Le Monde, qu’il représente une alternative crédible à un président dont chaque parole, chaque acte depuis le meurtre de George Floyd, sonne comme un terrible appel au retour de la vieille guerre civile raciale américaine. »
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