Retour sur la situation à Hong Kong, où Pékin vient d’instaurer une loi sur la sécurité nationale qui lui permet d’interférer directement sur le régime de libertés publiques de la région autonome, en principe protégées jusqu’en 2047. Avec cette loi brutale et floue à la fois, Pékin a-t-il sonné le glas des espérances des manifestants pro-démocratie à Hong Kong ?

Après un an de manifestations pro-démocratie à Hong Kong, c’est-à-dire anti-Pékin, le président XI Jinping a décidé d’agir et de mettre un terme à ce qu’il considérait comme un affront inacceptable à son autorité et à celle du Parti communiste chinois – avec la crainte, permanente chez lui, de voir cette contestation s’étendre à d’autres régions de Chine. Il le fait donc brutalement, mais, l’époque n’étant plus la même, sans envoyer de chars dans les rues de Hong Kong.
C’est donc cette loi sur la sécurité nationale qui fait office d’arme fatale pour terrasser les manifestants hong-kongais. Avec un ingrédient essentiel : la peur. C’est l’objectif visé, dont l’application s’appuie sur l’énonciation de crimes contre l’État chinois – subversion, sécession, terrorisme, collusion avec une puissance étrangère. Et, le plus important, c’est le flou qui entoure la définition de chacun de ces crimes de lèse-Pekin.
L’inquiétude des Hong-Kongais
Ce flou laisse place à une grande liberté d’interprétation par les sbires de Pékin. Et c’est ce qui inquiète les Hong-Kongais qui se sont battus durant une année pour faire respecter par Pékin l’Etat de droit et les libertés qui leur sont reconnues, en principe jusqu’en 2047, par la loi fondamentale qui détermine le fameux « Un pays, deux systèmes ».
Leur crainte, connaissant la nature du régime autoritaire et de parti unique qui prévaut en Chine, c’est que l’interprétation des crimes de cette loi soit radicale plutôt que modérée. Et donc, que cette loi enterre de facto, leur régime de libertés à l’occidentale. Faire peur pour faire taire, telle est la devise de ce coup de force du président chinois. Il sait bien sûr que cette décision a provoqué des réactions indignées des puissances occidentales. Il l’a anticipé.
Position dominante de Xi Jinping
Mais il se sent suffisamment fort pour imposer cet état de choses à Hong Kong – et au monde. Alors, il a pris note des menaces de sanctions américaines, des déclarations de l’ancienne puissance coloniale britannique qui se propose de faciliter l’accession à la citoyenneté au Royaume-Uni pour près de 3 millions de Hong-Kongais, et du communiqué lénifiant de l’Union européenne, décidément jamais à la hauteur diplomatique, obsédée qu’elle est par sa volonté de ne pas fâcher le puissant partenaire économique chinois.
Oui, Xi Jinping a pris note de ces protestations mollassonnes qui n’empêchent pas le géant chinois d’écraser calmement les valeurs qui sont pourtant au cœur de l’ADN des démocraties occidentales. Il savait qu’elles n’étaient pas prêtes à mourir pour Hong Kong. Il avait – hélas – mille fois raison.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne