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Une production d'hydrogène sans rejet de CO2

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Une jeune pousse française a développé un générateur permettant de produire de l’hydrogène sans rejet de CO2. Le procédé mis au point qui consomme quatre fois moins d’électricité que les systèmes actuels recourant à l’électrolyse, décompose des molécules de méthane ou de bio méthane, afin d’extraire l’hydrogène sous sa forme gazeuse et fixe le carbone restant sous forme solide. 

Des émissions de CO2. (Image d'illustration)
Des émissions de CO2. (Image d'illustration) © ecotree.green
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L’hydrogène a souvent été présenté comme une source d’énergie alternative aux carburants fossiles. Malheureusement pour nous, cette ressource n’existe pas à l’état naturel sur Terre. On la trouve, en revanche, en abondance dans les hydrocarbures qui sont composés, comme leur nom l’indique, d’atomes de carbone et d’hydrogène, mais aussi dans les molécules d’eau dans lesquelles l’hydrogène est lié à l’oxygène. Si actuellement il est possible de récupérer de l’hydrogène en réalisant une électrolyse de l’eau, cette opération nécessite d’énorme quantité d’électricité.

L’autre technique de récupération se nomme le reformage d'hydrocarbure qui consiste, sous l'action d’une très forte la chaleur, à libérer de l’hydrogène mais en relâchant des tonnes de CO2. Aujourd'hui 95% de la production d’hydrogène est issue du charbon ou du gaz naturel, en émettant plus de gaz carbonique que l'usage direct de ces produits fossiles. La jeune pousse française Spark Cleantech issue du programme 21st (Twenty-first) de l’école d’ingénieurs CentraleSupélec, a choisi une autre voie de production en utilisant des plasmas froids pulsés pour extraire de l’hydrogène du bio méthane. Une technique de pyrolyse qui consomme quatre fois moins d’électricité que l’électrolyse, avec l’avantage de récupérer un gaz d’hydrogène et de rejeter le carbone sous une forme solide, nous précise Erwan Pannier, directeur technique et cofondateur de Spark Cleantech.

« On parle beaucoup de l’hydrogène aujourd’hui comme carburant de la mobilité de demain ou pour « décarboner » l’industrie, mais le problème reste actuellement sa production qui est l’un des plus gros postes d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde, en générant plus de rejets de CO2 que le trafic aérien.

C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris de développer ce procédé alternatif de production d’hydrogène qui se nomme la pyrolyse en employant la technologie des plasmas froids. Pour bien comprendre son principe, vous pouvez imaginer de la foudre qui est déclenchée dans une boite dont on contrôle l’intensité afin d’expulser les atomes d’hydrogène qui sont contenus dans les molécules de bio méthane, tout en gardant le carbone qui lui reste sous forme solide. Ce procédé ne génère aucune émission de CO2.

Notre conviction est que l’hydrogène est le carburant idéal pour le transport en général et pour les véhicules de la mobilité dite lourde en particulier. Mais l’extraire des carburants fossiles en délivrant des tonnes de CO2, comme c’est le cas aujourd’hui, ne sert rien. Autant rester au pétrole ! Produire cet hydrogène par électrolyse de l’eau n’est pas non plus la solution, car cela exige des quantités gigantesques d’électricité, de l’ordre de 11 GW, et doublerait le nombre des nouvelles tranches de centrales nucléaires qu’il faudrait installer en France ! afin de répondre à la demande nationale.

Notre procédé qui consomme 4 fois moins d’électricité que l’électrolyse permet, par ailleurs, de décentraliser la production d’hydrogène. Et nous envisageons de déployer nos installations directement dans de futures stations-services qui créeront sur place de façon économe, sans avoir besoin de l’acheminement de l’hydrogène propre pour la mobilité lourde. » 

L’objectif de la jeune société est de répondre aux besoins des petites industries qui consomment de l’hydrogène. Spark vise principalement des entreprises de fabrication et transformation des métaux, des industriels du verre plat, de l’électronique, de l’agroalimentaire et de la chimie fine. La jeune pousse envisage la commercialisation de son procédé à l’été 2024. 

Vous avez des questions ou des suggestions, vous pouvez nous écrire à nouvelles.technologies@rfi.fr 

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