Congo-Brazzaville: le groupe Total consolide ses positions
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Premier opérateur pétrolier au Congo-Brazzaville, le groupe français Total a obtenu des autorités congolaises un accord lui permettant de gérer le terminal de Djeno au large de Pointe-Noire pour les vingt prochaines années. Les responsables de cette société se réjouissent, tout comme des économistes congolais. Mais, la branche congolaise de « Publiez ce que vous payez », s’interroge sur les tenants et les aboutissants de cet accord et exige plus de transparence et sollicite la renégociation des contrats pétroliers.

« On s’est mis d’accord pour renouveler la concession du terminal de Djeno qui est un ancrage historique de Total au Congo, pour 20 années de plus ». C’est en ces termes que Patrick Pouyanné, PDG de Total, un homme au physique d’un basketteur, a annoncé l’accord obtenu avec le Congo, au sortir de l’audience que le président congolais Denis Sassou Nguesso lui a accordée dans son fief d’Oyo (nord).
Pour les vingt prochaines années Total sera la tête de pont d’un consortium chargé de gérer le terminal de Djeno. « Le terminal sera partagé entre diverses sociétés et Total en sera un des principaux actionnaires. La République du Congo aura sa part ainsi que les autres principaux opérateurs tels que Eni et Perenco », a expliqué M. Pouyanné.
Le terminal de Djeno, un centre névralgique de l’activité pétrolière
Centre névralgique de l’activité pétrolière, le terminal de Djeno concentre toutes les cargaisons de pétrole venant des différents champs avant leur exportation. Enseignant d’économie à l’université Marien Ngouabi, Serge Ikiemi estime qu’il est difficile d’imaginer l’avenir de Djeno sans le groupe Total. « L’avenir du terminal de Djeno sans Total est difficile en raison d’accroissement éventuel des capacités de production de Djeno en produits ou en barils, afin d’augmenter les gains ou les taxes », a analysé M. Ikiemi.
Ces dernières années, Brice Makosso, coordonnateur adjoint de la branche congolaise de la coalition « Publiez ce que vous payez », a participé à la rédaction de plusieurs rapports sur la gestion du pétrole au Congo. Il salue l’accord avec Total sur Djeno, mais ignore ses contours et dénonce la façon dont il a été annoncé.
Renégocier les contrats ?
« Ce que nous déplorons par rapport à cette annonce c’est le fait que les contours de cette concession n’ont pas été rendus publics. En République du Congo, il y a une pratique qui prévoit que tous les contrats (ou concessions) sont votés au Parlement. Donc, il aurait été beaucoup plus intéressant que cette annonce soit faite après que le gouvernement ait transmis tous ces éléments au Parlement et que la représentation nationale ait validé cette concession », a relevé M. Makosso.
Brice Makosso demande à l’État de renégocier ses contrats parce qu’il ne tire pas le meilleur profit. « Il faut dire que tous les rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) de la République du Congo montrent que celle-ci ne gagne que 27 % de la production pétrolière totale. Il y a lieu qu’un débat sur la renégociation des contrats se fasse », a-t-il affirmé.
Le pétrole demeure la première ressource d’exportation. Il apporte plus de 70% de recettes au budget de l’État congolais qui peine à diversifier son économie.
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