Reportage Afrique

Guinée-Bissau: les archives sonores en péril

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Il y a cinquante ans tout juste était assassiné le leader bissau-guinéen Amilcar Cabral, une figure importante des indépendances africaines... Cinquante ans après, une partie de la mémoire de son mouvement, le PAIGC, est menacée. Des milliers de bobines contenant des enregistrements sonores sont entreposés à la Radio nationale dans des conditions qui ne permettent pas une bonne conservation. Les responsables de la radio appellent à l'aide pour sauver ces enregistrements.

Les archives sonores de Guinée-Bissau sont conservées sur de vieilles bobines. (Image d'illustration)
Les archives sonores de Guinée-Bissau sont conservées sur de vieilles bobines. (Image d'illustration) © Getty Images/tzahiV
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De notre correspondant à Bissau,

Le combat du PAIGC à partir de la fin des années 1960 s'est également portée sur les ondes. Une radio, la Radio Libertação a émis des programmes depuis Conakry pour contrer les médias portugais et appuyer la lutte armée. Ce qu'il reste de ses archives est désormais entreposé à Bissau, dans les locaux de la Radio nationale, et dans des conditions qui désolent son directeur, Mama Saliu Sané.

« Les archives sonores que nous avons héritées de la Lutte de Libération Nationale se trouvent dans une situation d’abandon total. Elles n’existent plus. Ce que nous avons ici, c'est une poubelle à cause des mauvaises conditions de conservation », déplore Mama Saliu Sané.

C'est ici, dans cette pièce mal éclairée que sont entassées des milliers de bobines pleines de poussière, par terre et sur des étagères. Une chaleur humide serre la gorge. Pansau Nagueli le maître des lieux, impuissant, constate d'ores et déjà des dégâts importants. « Toutes les bobines se sont détériorées à cause de l’humidité. Tu le sens toi-même. Il est difficile de travailler dans ces conditions », explique Pansau Nagueli.

Une partie de la mémoire du pays en péril

Dans ces bandes sont enregistrées des sonorités de différentes régions et ethnies du pays ; des discours politiques d’Amilcar Cabral et certains de ses compagnons pendant la Lutte de libération, les bulletins d’information et divers programmes de la radio de la libération, la station des combattants du PAIGC... une partie de la mémoire du pays aujourd'hui en péril.

« La récupération de ces archives dépasse largement la capacité financière de notre radio », poursuit Mama Saliu Sané. « Une radio qui n’a pas un budget pour son fonctionnement, à plus forte raison, n'a pas de moyens pour la récupération des archives. C’est une mine d’or qui est en train de disparaître. »

Le directeur de la Radio nationale ne baisse cependant pas les bras face à l’ampleur des dégâts. Plus de 500 bobines ont été nettoyées et récupérées. Mais, dit-il, la Radiodiffusion nationale a besoin d’un équipement et d'une formation adéquate des agents chargés de la conservation de ces archives. 

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