Portrait libre

Clémentine Galey, créatrice de «Bliss Stories» et reine du podcast sur la maternité

Clémentine Galey a lancé il y a cinq ans « Bliss Stories » qui a fait de cette podcasteuse une référence sur le thème de la maternité. Un succès tel que son podcast a été adapté en un spectacle qui fait salle comble à chaque représentation.

Clémentine Galey a créé le podcast Bliss Stories il y a cinq ans.
Clémentine Galey a créé le podcast Bliss Stories il y a cinq ans. © Archives personnelles/Clémentine Galey
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Clémentine Galey a beaucoup de choses à raconter. À 44 ans, avec sa voix rieuse, la créatrice du podcast « Bliss Stories » a le tutoiement facile et elle sait parfaitement mettre à l’aise ses interlocuteurs, ce qui tombe bien quand on anime, comme elle, chaque semaine, l’un des podcasts les plus écoutés de France.

Depuis cinq ans, cette mère de deux enfants donne la parole à des femmes pour recueillir leurs confidences sur la façon dont elles ont vécu leurs grossesses. C’est lorsque sa petite sœur est tombée enceinte et qu’elle a commencé à lui poser beaucoup de questions sur ses grossesses et ses accouchements que Clémentine a alors eu l’idée de créer « Bliss Stories ». « Elle m’a dit, si tu ne me l’avais pas dit, qui me l’aurait dit tout ça, tout l’envers du décor que mon gynéco ou mes cours de préparation à l’accouchement ne me disent pas. Cette phrase, elle a vraiment fait "tilt". Je me suis dit oui, c’est vrai, personne ne nous dit la vérité et les femmes arrivent en salle d’accouchement sans savoir vraiment ce qui va se passer », se souvient-elle.

L’idée d’un podcast pour « raconter l’intime » germe alors dans sa tête. À l’époque, Clémentine est directrice de casting pour TF1 et elle travaille sur une nouvelle émission autour des sages-femmes. Elle se replonge alors dans le monde de la maternité sept et cinq ans après ses deux grossesses et décide de se lancer dans la création de son podcast.

« Gratter le vernis d’Instagram »

Sur son temps libre et avec les moyens du bord, elle commence par interviewer des proches et les questionner sur leurs grossesses. Rapidement, le succès est au rendez-vous et elle décide de quitter son travail pour se consacrer exclusivement à ce podcast. « Ça a tout de suite marché. Les audiences étaient très fortes et je ne m’en suis pas immédiatement rendue compte, car j’étais dans mon quotidien. Je regardais les chiffres, mais je n’avais pas vraiment d’élément de comparaison, explique Clémentine. J’ai fini par rencontrer d’autres podcasteurs et ce sont eux qui m’ont dit que mes audiences étaient oufs et que je faisais en un mois ce qu’eux faisaient en six ».

Le bouche-à-oreille fait son effet, en particulier parce que dès les premiers épisodes de « Bliss Stories », Clémentine fait témoigner alternativement des mamans lambda, mais aussi des influenceuses bien connues sur les réseaux sociaux. « Elles ont été mes meilleures ambassadrices. Mes auditrices se sont dites : ah, mais en fait, cette fille que je suis sur Instagram qui a un profil sublime avec que des photos trop belles et des bébés trop mignons, elle en a chié comme moi. Elle a galéré pour tomber enceinte, elle a eu un accouchement traumatisant, elle a fait une dépression du post-partum… Tout d’un coup, on se disait la vérité et ça a fait du bien à tout le monde. Même les filles connues, ça leur a fait du bien de gratter le vernis d’Instagram ».

Audiences vertigineuses

En plus de 200 épisodes, le podcast aborde à travers ses invités des dizaines de sujets différents, tous raccrochés à la maternité : le deuil périnatal, les violences obstétricales, la dépression du post-partum, les accouchements inopinés… Chaque mois, elle reçoit jusqu’à 500 propositions de témoignage, la thématique de départ semble donc inépuisable. « Je n’aurais pas assez d’une vie pour interviewer tout le monde, s’excuserait presque la podcasteuse. Tu peux raconter 25 histoires de césariennes, les 25 seront différentes ».

En cinq ans, les audiences n’ont cessé de croître. Chaque mois, « Bliss » ne cumule pas loin d’un million d’écoutes, ce qui en fait l’un des podcasts les plus écoutés de France. Des chiffres vertigineux qui permettent à Clémentine Galey de faire ce que la plupart des podcasteurs rêvent de faire sans y parvenir : gagner sa vie grâce à « Bliss Stories ». La machine est désormais bien rodée. Au-delà du podcast qui génère des revenus au travers de partenariats avec des marques et des plateformes de diffusion, la petite entreprise de Clémentine Galey, qui emploie désormais quatre personnes, s’est diversifiée en lançant « Bliss Bump », du contenu audio payant destiné à accompagner les femmes enceintes à différents stades de leur grossesse. Pour 89,90 euros, vous pourrez aussi vous offrir le « Bliss Vanity » qui contient tous les produits de beauté nécessaires pour « vivre un séjour à la maternité plus doux et un retour à la maison en toute sérénité » peut-on lire sur le « Bliss Shop ». Bref, « Bliss » cartonne et la marque compte bien en profiter pour surfer sur sa notoriété. L'intéressée elle-même le concède, le thème du podcast est « générateur de business ».

Du podcast au spectacle

Mais « Bliss stories » franchit encore un nouveau cap qui témoigne de son incroyable popularité lorsque le producteur de spectacles AEG propose à Clémentine Galey d’adapter son podcast sur scène. « Je n’aurais jamais eu l’idée aussi délirante de transposer un podcast aussi intime sur scène », s’esclaffe-t-elle. Et pourtant, bien que réticente au début, la podcasteuse finit par se laisser convaincre. « En fait, on ne me proposait pas d’enregistrer un épisode sur scène, mais d’écrire un spectacle autour de cette thématique ». Elle se lance alors dans l’écriture « d’une soirée un peu innovante, un peu hybride » avec l’aide de quelques femmes qu’elle a pour la plupart interviewée et qui acceptent de monter sur scène à ses côtés. « Ça ne ressemble à rien de connu. Il vaut venir voir et vivre le truc, assure Clémentine Galey. L’idée, c'est de célébrer les femmes et la maternité ou la non-maternité d’ailleurs ».

 

 

Comme le podcast, le spectacle fait un tabac. Clémentine et ses copines remplissent les salles presque aussi vite que les Rolling Stones remplissent un stade. Les billets pour la première soirée au Trianon se vendent en six heures, ceux pour l’Olympia le 8 mars dernier en une journée. Les dates à Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Toulouse et Bruxelles sont complètes. Même chose pour la dernière date du spectacle au Grand Rex le 13 mai prochain. Face à la demande, une seconde date a été ajoutée le 12 mai et la quasi-totalité des 2 800 places que compte la salle parisienne, dont les prix de vente démarrent tout de même à 35 euros, ont été vendues en l’espace de 24 heures. Une captation vidéo du spectacle est même prévue pour qu’il soit par la suite diffusé au cinéma.

« À ma place et utile »

Pour Clémentine, la rançon de la gloire, c'est désormais d’être reconnue par des auditrices un peu partout où elle passe. « On me reconnaît dans la rue, on me reconnaît dans le train, on me reconnaît à Marrakech dans le souk, c’est très bizarre, s’amuse-t-elle. Mais ça ne me pose aucun problème, car quand tu fais un projet comme ça et que tu y mets autant d’énergie, c’est pour qu’un maximum de nana t’écoutent et plus on m’arrête dans la rue, plus ça veut dire que j’ai d’auditrices, donc tant mieux ».

Elle qui admet avoir construit la vie professionnelle dont elle rêvait l’assure, elle n’est pas lassée et le podcast continuera tant qu’il aura besoin d’exister. « Je ressens toujours autant d’émotion et de passion quand j'interviewe ces femmes, j’apprends toujours des choses. Je me sens parfaitement à ma place et utile », affirme-t-elle. Clémentine Galey a déjà d’autres projets. La possibilité d’un nouveau spectacle n’est pas exclue, mais pas confirmée non plus. Elle vient également de lancer un nouveau podcast dans la galaxie « Bliss Stories », qu’elle n’anime cependant pas personnellement. Il s’appelle « Break Up » et a pour thème la séparation. De là à penser qu’il s’agit de la suite logique de la maternité et de la parentalité, il n’y a qu’un pas qu’on vous laisse le choix de franchir.

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