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L’UE va demander à la Chine de sanctionner les entreprises qui contournent l’embargo contre la Russie

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Pékin accueillera cette semaine, les 7 et 8 décembre prochain, un sommet Chine-Europe. Ursula von der Leyen, Louis Michel et Josep Borrel devraient rencontrer les dirigeants chinois dont Xi Jinping. L’Union européenne va demander, à cette occasion à la Chine, d’empêcher les entreprises chinoises liées à l’armée russe de continuer à contourner les sanctions économiques. Éclairages. 

Le président chinois Xi Jinping et la présidente de la Commission européenne Ursula von de Leyen se sont rencontrés à Pékin le 6 avril 2023. (Image d'illustration)
Le président chinois Xi Jinping et la présidente de la Commission européenne Ursula von de Leyen se sont rencontrés à Pékin le 6 avril 2023. (Image d'illustration) AFP - LUDOVIC MARIN
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de notre correspondant à Pékin,

Les dirigeants de l’Union européenne sont tous venus à Pékin répéter le même message ces derniers mois. Même chose d’ailleurs pour les dirigeants des pays membres, dont la ministre française des Affaires étrangères il y a encore une semaine : l’intégrité de l’Ukraine fait partie des intérêts stratégiques existentiels de l’Europe, tout contournement des sanctions imposées à l’agresseur russe serait perçu comme le franchissement d’une ligne rouge et viendrait affecter les relations sino-européennes. Le problème, c’est que visiblement, le message même ressassé n’a pas eu l’effet escompté. La partie chinoise avait promis de surveiller ces entreprises au moment du 11e paquet de sanctions, on attend toujours le résultat.

Et selon les informations du South China Morning Post, les dirigeants européens menacent donc désormais de nommer et de sanctionner les entreprises chinoises qui travaillent avec l’armée russe, si Bruxelles n’obtient pas un engagement ferme de Pékin à empêcher ces entreprises d’agir, et ce à l’occasion de ce sommet européen. La demande sera d’ailleurs formulée directement auprès du président chinois Xi Jinping.   

Quelles sont les entreprises concernées ? 

Il s’agit de 13 entités chinoises qui ont été initialement exclues du 12ᵉ paquet de sanctions de l’UE. Des noms ont déjà circulé dans la presse au printemps dernier. Il pourrait s’agir d’entreprises de semi-conducteurs qui entreraient dans la composition d’armement, de fabricants chinois de gilets pare-balles, de drones utilisés par la Russie à des fins militaires. L’Union européenne considère que jusqu’à 70 % des produits sensibles de haute technologie destinés à la Russie transitent par la Chine.            

Il y a une demande d’engagement de Pékin à bloquer les échanges de technologies avec la Russie. Un engagement diplomatique aussi : les dirigeants européens veulent croire à l’influence et au rôle de médiateur revendiqué par les Chinois. Ils vont demander à leurs interlocuteurs de renouer avec le plan de paix proposé par Kiev. On se souvient que l’envoyé spécial chinois sur la question ukrainienne, Li Hui, s’était rendu en Arabie saoudite l’été dernier pour une réunion sur l’Ukraine. Depuis l’émissaire de Pékin a décroché. L’UE aimerait un engagement du président chinois à retourner à la table des négociations.     

Quelles seront les autres sujets évoqués lors du sommet sino-européen ?  

On n’a pas encore eu de briefing ni côté chinois, ni côté européen. Ce que l’on sait, c’est que le sommet est censé durer deux jours — les 7 et 8 décembre à Pékin –, mais que l’essentiel des négociations se tiendront le 7 (déjeuner de travail avec le président Xi Jinping et dîner avec le Premier ministre Li Qiang). Il sera aussi question d’économie et de l’ouverture du marché chinois dans différents secteurs (cosmétiques, lait infantile, les alcools, la santé) et d’une plus grande transparence réclamée par les Européens.

Sans parler de l’enquête antidumping européenne sur les véhicules électriques, du Moyen-Orient et du climat. Ce que l’on comprend aussi, c’est que les Européens cherchent à faire exister ce sommet. Les Chinois privilégient une approche bilatérale à une approche de bloc. En faisant remonter des sujets comme la question de l’Ukraine, on donne une visibilité à l’action de l’UE. Avec toutefois le risque de se voir opposer un non aux demandes.

Peu de résultats concrets sont attendus de ces rencontres, mais on note que la Chine a multiplié les gestes de bonne volonté à l’égard des Européens ces derniers jours. On a eu l’annonce surprise de la levée des visas courts (14 jours) pour les visites d’affaires, familiales et touristiques - pour les ressortissants français, allemands, italiens, espagnols, hollandais. Il y a eu aussi dernièrement un assouplissement des sanctions commerciales contre la Lituanie.   

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