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Birmanie: reprise d'une d'une ville stratégique par l'armée, avec l'aide de Pékin

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La Birmanie, frappée il y a tout juste un mois par un puissant tremblement de terre, est toujours plongée dans une sanglante guerre civile. Sous l’égide de Pékin, la junte militaire au pouvoir est en train de reprendre, ces derniers jours, le contrôle de Lashio, une ville stratégique située au nord du pays, près de la frontière chinoise. Celle-ci était aux mains d’une guérilla ethnique depuis 2024.

Une vue générale de Lashio dans le nord de l'État Shan en Birmanie, le 18 juin 2024.
Une vue générale de Lashio dans le nord de l'État Shan en Birmanie, le 18 juin 2024. © AFP - STR
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De notre correspondant à Bangkok,

En quoi la ville de Lashio est stratégique ? 

Avec près de 150 000 habitants, c’est l’une des plus grandes villes de l’État Shan, dans le nord-est du pays. Mais c’est surtout un carrefour commercial majeur car Lashio se situe sur la principale artère des échanges entre la Chine et la Birmanie, qui va jusqu’à Mandalay, poumon économique et deuxième ville birmane. 

Contrôler la ville de Lashio, à seulement 110 km de la frontière chinoise, permet ainsi de sécuriser les routes par lesquelles passent les marchandises, les ressources naturelles ou encore les armes. En août 2024, après des combats acharnés, l’Armée de l'Alliance nationale démocratique de Birmanie, la MNDAA, s’était emparée de la ville. 

Cette organisation ethnique armée prenait alors le contrôle de l’un des grands commandements militaires régionaux de Birmanie, le premier à tomber aux mains de la résistance, infligeant donc un revers de taille à la junte au pouvoir depuis le coup d’État de 2021

La ville repasse sous contrôle de l'armée birmane avec l'appui de la Chine

Selon des sources locales, des centaines de camions de l’armée birmane sont entrés la semaine dernière à Lashio pendant que la guérilla ethnique s’est retirée de la ville, sans tirer un seul coup de feu. Pour l’heure, ni la junte, ni la MNDAA n’ont officialisé cette passation de pouvoir. En revanche, la diplomatie chinoise a déclaré avoir envoyé une équipe à Lashio pour superviser une trêve entre l’armée birmane et le groupe armé ethnique. Une fin des hostilités que Pékin a négocié, fin janvier, entre les deux belligérants. 

Pour y parvenir, la Chine, inquiète de l’instabilité près de sa frontière, semble avoir fait pression sur la MNDAA, guérilla de l’ethnie kokang, des Chinois de Birmanie, avec qui elle entretient des relations subtiles et officieuses. Car, en même temps, la Chine reste, avec la Russie, un allié incontournable de la junte au pouvoir, à qui elle fournit des armes, et Pékin ne souhaite en aucun cas voir s’effondrer le régime birman, jouant un double-jeu très pragmatique pour protéger ses intérêts et accroître son influence.

La reprise de Lashio par l’armée birmane survient après un séisme dévastateur

Officiellement, la junte birmane a prolongé le cessez-le-feu décrété après le séisme jusqu’au 30 avril. Mais plusieurs factions de la résistance, des armées ethniques, ainsi que des experts des Nations unies, accusent le régime de ne clairement pas le respecter. Malgré la situation humanitaire catastrophique, l’armée birmane continue de mener des frappes aériennes meurtrières, y compris dans des régions sinistrées par le tremblement de terre. Entre le 28 mars et le 24 avril, l’ONU a recensé au moins 207 attaques menées par la junte, dont 140 bombardements. 

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