Tirer les leçons de l’année 2020 : santé, économie et emploi
Publié le :
L’année 2020 a été éprouvante pour une très grande partie de l’humanité et si l’Afrique n’a pas connu la catastrophe sanitaire redoutée au début de la pandémie de Covid-19, elle n’a pas été épargnée, ni sur le plan sanitaire, encore moins sur le plan économique et social.

« En effet. Si les conséquences sanitaires de la Covid-19 particulièrement en Afrique de l’Ouest et du Centre restent en-deçà de ce qu’on observe au nord et au sud du continent et encore davantage en Europe et dans les Amériques, le coût économique et social de la pandémie y est considérable. En réalité, cela signifie qu’à terme, les conséquences indirectes sur la santé des populations africaines pourraient être importantes, dans la mesure où se combineront l’effet de détournement de l’attention et des ressources au détriment des autres maladies et des programmes de prévention du paludisme par exemple et l’effet d’appauvrissement des États et des ménages provoquant une chute des dépenses de santé. Le coût sanitaire de la pandémie ne se limite donc pas au nombre de victimes directes du nouveau coronavirus, qui a par ailleurs commencé à remonter dans plusieurs pays de la région. Il faudra rester extrêmement vigilant pendant les mois à venir. »
L’impact économique et social de la pandémie en Afrique de l’Ouest est considérable mais vous soulignez la diversité des situations et des perspectives économiques nationales
« Oui. Le PIB en Afrique de l’Ouest devrait se contracter globalement de 2,0 % en 2020, soit une baisse de 6 points de pourcentage par rapport à la croissance économique de 4 % qui était prévue dans les perspectives pré-Covid-19, selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement. Il faut cependant souligner la diversité des effets de la crise sanitaire sur les différentes économies nationales. En Afrique de l’Ouest, c’est le Nigeria, la grande puissance économique et démographique, qui subit le choc économique le plus important, avec une projection d’un taux de croissance négatif de -4,4 % du PIB, en raison de la chute des cours du pétrole et des mesures d’endiguement de la pandémie. L’archipel du Cap-Vert, un des pays réputés pour la qualité de sa gouvernance, devrait connaître une récession de l’ordre de -4 % à la suite de l’interruption du tourisme dont il est très dépendant. Des pays dont les économies sont plus diversifiées, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal, le Bénin, où existait une dynamique forte de croissance tirée par d’importants investissements publics avant la pandémie, devraient échapper à la récession mais pas à un ralentissement brutal. »
Vous estimez cependant que la crise sanitaire est une opportunité pour réexaminer les priorités dans les pays africains et vous comptez mettre l’accent en 2021 sur la promotion de la production locale et de la transformation structurelle des économies…
« En effet. Pour nous, la crise sanitaire n’aura fait que rappeler l’urgence de regarder les données démographiques, éducatives et économiques sur notre région telles qu’elles sont et d’en tirer les implications les plus évidentes. L’avenir de notre région dépendra largement de la capacité à éduquer et à former les jeunes d’aujourd’hui, ceux de demain, et à créer massivement des millions d’emplois. Nous avons publié le 22 décembre un document sur les leçons pour les économies d’Afrique de l’Ouest avec comme message principal l’impératif de se refocaliser sur la production locale des biens et services de base, d’accompagner, de moderniser, de transformer l’économie informelle en une économie populaire productive, innovante et solidaire et de relancer l’industrialisation par des politiques publiques assumées ciblées sur des activités économiques à fort potentiel en fonction des ressources naturelles et humaines de chaque pays. Nous ne voyons pas comment les pays africains pourront créer les millions d’emplois nécessaires pour les jeunes aujourd’hui et demain si on continue à s’enfermer dans l’exportation de ressources naturelles à l’état brut ou presque et dans l’importation des biens de consommation les plus simples que l’on peut et doit pouvoir produire localement... »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne