Accès à l’eau, bien commun et coopération régionale
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Cette semaine, Dakar a accueilli le 9e Forum mondial de l’eau, organisé pour la première fois sur le continent africain. Le site de WATHI propose un dossier sur cet enjeu crucial qu’est l’accès à l’eau en Afrique de l’Ouest.

La semaine dernière, j’évoquais la question du fonctionnement au quotidien des structures de santé. Parmi les nombreuses raisons des frustrations des usagers de ces structures, des coupures d’eau régulières même dans des grands hôpitaux. Alors oui, l’eau, quand elle est potable, c’est la santé, c’est la vie, c’est un déterminant majeur du bien-être individuel et collectif. C’est aussi un facteur et un marqueur d’inégalités extrêmes. En moyenne, un habitant du Sahel dispose de moins de 10 litres d’eau par jour, alors qu’un habitant de l’Europe consomme en moyenne près de 150 litres par jour et celui de l’Amérique du Nord, plus de 250 litres par jour.
Selon le rapport des Nations unies sur l’eau publié en mars 2021, seulement un Africain sur quatre a accès à une source sûre d’eau potable. Dans son discours d’ouverture du Forum mondial, le président sénégalais Macky Sall a rappelé que les femmes et les filles passaient des milliers d’heures au cours de leurs vies à transporter de l’eau. Cela se fait au détriment, notamment, de l’éducation des filles.
Les difficultés d’accès à l’eau potable ne concernent pas que les zones rurales
Même à Dakar, dans plusieurs quartiers, des femmes et des enfants se baladent avec des bassines à la recherche d’eau pour leurs besoins quotidiens, et frappent parfois aux portes des maisons qui disposent de réservoirs sur les toits et de surpresseurs. Mais, même avec ces dispositifs qui ne sont accessibles qu’aux familles privilégiées, il arrive de ne pas voir une seule goutte d’eau sortir des robinets pendant une semaine ou plus. Autant vous dire que la bonne humeur disparaît rapidement dans ces circonstances.
Le spectacle de la quête d’eau avec des bidons, on le voit dans plusieurs autres villes du continent. C’est une perte inestimable de temps qui aurait pu être utilisé à des fins plus productives. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, les défaillances graves d’aujourd’hui ont été construites par des décennies de sous-investissement dans les infrastructures alors même que la population était multipliée par deux, par trois ou davantage.
Mais il faut aussi mettre en avant des institutions qui font leur travail et montrent que les États de la région peuvent coopérer de manière efficace pour gérer des ressources communes. C'est le cas de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, l’OMVS.
Nous avions publié en 2017 sur le site de WATHI, dans le cadre d’un dossier sur les organisations régionales, un entretien avec un des cadres de l’OMVS, Amadou Lamine Ndiaye. Il rappelait qu’en 1972, l’organisation avait pris le relais de l’Organisation des États riverains du Sénégal créée en 1969 à l’initiative de quatre pays, la Guinée, le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. Parmi les missions fondamentales de l’OMVS, la lutte contre la désertification et l’aridité dans le contexte des grandes sécheresses des années 1970.
L’OMVS a mis en place un régime qui est considéré encore aujourd’hui comme un modèle de coopération en matière d’utilisation des eaux d’un cours d’eau international à des fins hydroélectriques, agricoles et de navigation. Le principe de « propriété commune et indivisible » régit tous les ouvrages communs dans le bassin du Sénégal et il implique un partage équitable des bénéfices entre tous les États membres.
Une organisation comme celle-là est assez peu connue des citoyens alors qu’elle joue un rôle précieux. C’est l’occasion de rappeler aussi qu’une autre organisation très critiquée dans ses décisions dans le champ politique, la Cédéao, contribue de manière significative à faire progresser les pays de la région dans des domaines cruciaux, comme l’accès à l’électricité à travers des programmes d’interconnexion des réseaux et de développement de systèmes décentralisés pour l’électrification rurale. Il n’est pas inutile de le rappeler. Rien ne doit remettre en cause les processus de coopération et d’intégration régionale.
L’initiative « Les défis liés à l’eau en Afrique de l’Ouest » sur le site de WATHI
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