Soutenir la transformation positive du Nigeria est une responsabilité collective africaine
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Les élections générales au Nigeria commencent aujourd’hui avec l’élection présidentielle et celle des membres du parlement fédéral. Gilles Yabi, vous profitez de ce rendez-vous pour attirer l’attention des citoyens ouest-africains sur la nécessité de s’intéresser au Nigeria dont l’avenir est selon vous déterminant pour celui de l’Afrique de l’Ouest.

Oui tout à fait. Le Nigeria aurait pu ne pas exister dans ses frontières actuelles et avec son organisation politique et institutionnelle, qui est celle d’une fédération avec 36 États et la capitale fédérale Abuja. Il aurait pu avoir été éclaté en plusieurs petits pays ayant des populations comparables à celles de ses voisins. Le Cameroun, le plus peuplé parmi des voisins immédiats du Nigeria, a une population estimée à 27.800.000 habitants. C’est presque 8 fois moins que le Nigeria avec ses 218 millions d’habitants. Dans 25 ans, le Nigeria devrait être le troisième pays le plus peuplé au monde, derrière l’Inde et la Chine avec près de 400 millions d’habitants.
On pourrait multiplier les données démographiques ou les données économiques en termes absolus qui font du Nigeria la plus grande économie du continent, malgré la pauvreté encore massive, malgré le niveau d’insécurité, malgré la part considérable de l’économie informelle, malgré les pénuries récurrentes de l’essence dans un pays gorgé de pétrole et de gaz.
Alors oui, qu’on le veuille ou non, qu’on ait peur de la taille de sa population, de l’insécurité réelle, de l’ampleur de la corruption ou qu’on soit fasciné par la complexité de son architecture institutionnelle, le dynamisme de sa classe d’entrepreneurs brillants et sans aucun complexe ou encore par ses immenses stars de la musique, de la mode ou de la littérature, les dynamiques du Nigeria façonneront celles de l’Afrique de l’Ouest et d’une grande partie du continent.
Dans un article publié sur le site de WATHI dans le cadre de votre dossier sur ces élections, et lors de l’événement en ligne que vous avez organisé, il a beaucoup été question des particularités du scrutin présidentiel de cette année…
Pelumi Obisesan, doctorante nigériane et chargée de recherche associée à WATHI, explique dans une tribune qu’il y a des raisons de penser que le rituel démocratique -auquel beaucoup de Nigérians ne croyaient plus vraiment- pourrait produire un résultat différent cette fois. Elle souligne l'émergence d'une troisième force politique en plus des deux grands partis traditionnels qui se disputent le pouvoir, le fait que les trois candidats favoris soient issus des trois plus grands groupes ethnoculturels du pays et l'engagement politique sans précédent des jeunes. Le jeu semble plus ouvert que d’habitude avec la possibilité notamment d’un second tour compte tenu des exigences particulières pour l’élection du président : pour devenir président, un candidat doit obtenir au moins 25 % des voix dans au moins les deux tiers des États. Il est fort possible qu’aucun des candidats n’y arrive dès le premier tour. Je n’en dis pas plus sur les candidats, leurs forces et faiblesses, en ce jour d’élection. Sur le site de WATHI, nous présentons ces candidats, les principaux points de leurs programmes et une large sélection de documents de contexte sur le pays dans différents domaines, de la santé à l’éducation en passant par la sécurité ou l’environnement.
Au-delà du résultat de ces élections générales, l’enjeu, c’est de relancer l’espoir d’une transformation positive du Nigeria par les nouvelles générations…
Oui, la question fondamentale, c’est comment renforcer les initiatives des personnes, jeunes et moins jeunes, au sein et en dehors des institutions, au sud, au centre, au nord, qui résistent tous les jours à la tentation de la résignation face à la corruption, à la violence, à l’intolérance, et qui ont déjà produit des améliorations réelles et significatives des politiques publiques dans certains États de la fédération ? Parce que l’avenir du Nigeria façonnera celui d’une partie du continent, le soutien aux transformations positives de ce pays est une responsabilité collective ouest-africaine, ou africaine tout court. Continuons à danser sur la musique de Burna Boy, de Rema, de Yemi Alade… mais nous devons faire plus pour révéler ce qu’il y a de meilleur au Nigeria et en Afrique de l’Ouest.
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► Liens
Initiative Élections Nigeria :
2023 Elections: Nigerians go to the polls in a contest of many firsts, Pelumi Obisesan,
Les enjeux des élections générales au Nigeria - Dialogue de WATHI avec Teniola Tayo,
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