Chronique des matières premières

Enquête sur le coronavirus: la Chine menace les exportations d’orge de l’Australie

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Les relations se tendent de plus en plus entre l’Australie et la Chine. Les autorités de Canberra ont appuyé la demande d’une enquête internationale sur les origines de l’épidémie de covid-19 en Chine. Et les producteurs australiens d'orge pourraient bien en faire les frais.

Deux hommes se tiennent dans un champ d'orge, à quelques dizaines de kilomètres de Melbourne.
Deux hommes se tiennent dans un champ d'orge, à quelques dizaines de kilomètres de Melbourne. AFP/William West
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Les autorités de Pékin menacent d’imposer jusqu’à 80% de taxes à l’orge australienne pour dumping, le 19 mai prochain. L’Australie est pourtant loin d’être réputée pour ses subventions abusives. Depuis fin 2015, en vertu d’un accord de libre-échange avec Pékin, elle destinait plus de la moitié de ses exportations d’orge à la Chine, avec zéro droit de douane.

Mer de Chine, 5G et Covid 19… les contentieux s’accumulent

Mais les relations diplomatiques se sont fortement dégradées entre Pékin et Canberra au fil des mois. L’ouverture de l’enquête chinoise pour dumping sur l’orge australienne date d’il y a un an et demi, lorsque l’Australie avait soutenu une initiative américaine en mer de Chine du Sud, la chasse gardée de Pékin. Depuis, les contentieux se sont multipliés : arrestation d’un intellectuel australien en Chine, exclusion de l’opérateur chinois Huawei de la 5G en Australie, et récemment fermeture du territoire australien aux ressortissants chinois par crainte du coronavirus. L’enquête pour dumping arrive à son terme alors même que l’Australie vient de demander des comptes sur le début de l’épidémie de covid-19 à la Chine.

Vers un boycott de l’orge australienne

La géopolitique s’invite à nouveau dans les relations commerciales. L’ambassadeur chinois en Australie a clairement évoqué un boycott des consommateurs chinois qui « pourraient y réfléchir à deux fois avant d’acheter du vin ou du bœuf australien et avant d’envoyer leurs enfants étudier en Australie ». Il s’est néanmoins gardé de mentionner le minerai de fer ou le charbon à coke australiens autrement plus stratégiques pour l’industrie chinoise.

Pas forcément une aubaine pour l’orge française

Pour l’heure la première victime de ce boycott pourrait être l’orge australienne. Le gouvernement de Canberra a quelques jours pour tenter d’arranger la situation alors que les céréaliers australiens sont en plein semis. Si le boycott se concrétisait dans quelques jours, il n’est même pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour les orges concurrentes, comme les orges françaises, estime-t-on chez Agritel. La Chine importe très peu depuis quelques mois et c’est bien pour cela qu’elle vise ce produit australien. Après la peste porcine qui a décimé les élevages et qui a diminué la demande d’orge fourragère, le covid-19 a fait s’effondrer la consommation de bière et donc d’orge de brasserie, en Chine comme ailleurs.

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