L’Allemagne, le nouvel ennemi économique des États-Unis?
Publié le :
Les ministres de la Défense de l’Otan se réunissent aujourd’hui en visioconférence pour discuter du retrait d’une partie des troupes américaines du sol allemand. La décision très contestée de Donald Trump, y compris dans son propre camp, intervient dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre Washington et Berlin.

C’est d’ailleurs pour une question de gros sous que Washington s’est fâché. L’Allemagne, c’est vrai, est loin de verser 2% de son PIB au budget de l’Otan comme le prévoient les traités. C’est pourquoi Donald Trump veut aujourd’hui punir ce mauvais payeur en le touchant au porte-monnaie : car le départ des soldats pénalisera les commerçants des villes allemandes où ils sont installés, a souligné le président américain. Ce litige, presque aussi vieux que l’Organisation du traité de l’atlantique nord, n’est qu’une des facettes du conflit grandissant entre l’Allemagne et les États-Unis de Donald Trump. Vu de la Maison Blanche où les nationalistes économiques sont les meilleurs conseillers du président, l’Allemagne a ravi à la Chine le rôle du nouvel ennemi public numéro un des États-Unis. C’est elle qui qui fait maintenant les frais de la guerre commerciale déclarée par Donald Trump. Un peu pour les mêmes raisons : le déséquilibre des échanges commerciaux. Le déficit des États-Unis avec la première puissance exportatrice de l’Union européenne se monte à 67 milliards de dollars pour 2019 - 59 milliards d’euros. Une année record pour les exportations allemandes vers l’Amérique. Berlin a importé un peu plus que d’habitude des États-Unis, le déséquilibre s’est donc un peu réduit entre les deux pays, mais pas assez pour éteindre le courroux de Donald Trump.
Donald Trump qui a fait remarquer lundi que l’Allemagne traitait très mal son pays sur le plan commercial
Une remarque jetée pendant la conférence de presse où il a confirmé le retrait partiel des soldats américains. Comme si les deux dossiers étaient liés. En fait Washington ferraille depuis deux ans avec l’Europe à cause du déficit commercial principalement alimenté par l’Allemagne. Berlin abuserait des conditions favorables qui lui ont été accordées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour faciliter la reconstruction de son économie. L’autre péché allemand : profiter de la soi-disant faiblesse de l’euro pour exporter toujours davantage outre-Atlantique. En fait, si les Allemands vendent toujours plus de voitures aux Américains, cela représente maintenant le quart de leurs exportations, c’est surtout grâce aux tarifs douaniers imposés à leurs concurrents étrangers.
L’autre contentieux entre Washington et Berlin concerne le gaz russe
La construction de Nord Stream 2, un deuxième gazoduc en mer du Nord reliant la Russie à l’Allemagne, irrite au plus haut point les États-Unis. Officiellement pour des raisons stratégiques : Washington estime que Berlin aggrave dangereusement sa dépendance à l’égard de l’ex-grande puissance soviétique. Plus prosaïquement les Américains aimeraient surtout trouver un nouveau débouché pour leur propre gaz, qui a du mal à s’imposer sur le marché européen à cause de son prix élevé, il reste bien plus cher que celui du fournisseur historique de l’Union européenne. Le Congrès menace d’adopter de nouvelles sanctions contre les entreprises travaillant sur le chantier du gazoduc. Une fois encore les États-Unis brandissent le bâton pour défendre leurs intérêts économiques.
EN BREF
Au Japon les exportations ont plongé au mois de mai. -28% par rapport à mai 2019. La dégringolade s'accélère. C'est vers les États-Unis que le repli est le plus marqué, les exportations japonaises vers ce pays ont baissé de moitié. La chute du commerce extérieur nippon a commencé bien avant la pandémie, mais vu les proportions, ce déclin va durement dégrader son PIB.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne