À la Une : longue enquête sur les Ouïghours dans «Libération»
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« Ouïghours, génocide en cours », titre Libération en Une. Au sommaire, 7 pages d'enquête et de reportages. Libération a notamment rencontré une enseignante ouïghoure exilée en Europe.
Aujourd'hui âgée de 51 an, Qelbinur Sidik Beg se souvient que lorsqu'elle était enfant : elle « avait des voisins hans et musulmans, on jouait ensemble, il n’y avait pas encore de haine », raconte-t-elle. Elle se souvient aussi qu'en 2016, dans le Xinjiang, « l'assimilation forcée a pris un tour totalitaire ». « Ils se sont mis à arrêter des gens la nuit. Dans mon immeuble, les habitants du premier, du deuxième et du quatrième étage ont disparu les uns après les autres, et un autocollant "ne pas entrer" a été placardé sur leur porte. À l’école, mes petits élèves pleuraient en demandant pourquoi on leur avait enlevé leur mère. Chaque soir, je me couchais toute habillée, raconte-t-elle, car je ne voulais pas être emmenée en pyjama .»
Qelbinur Sidik Beg se souvient aussi avoir été recrutée, à son corps défendant, pour travailler dans un camp réservé aux femmes. « C’était un bâtiment ordinaire de six étages, en pleine ville, raconte-t-elle. Il y avait environ 10 000 femmes, la tête rasée. La plupart d’entre elles étaient jeunes, jolies, bien élevées. Ces femmes avaient été internées parce qu’elles avaient étudié à l’étranger. Elles avaient un grand bagage intellectuel, parlaient plusieurs langues. Elles avaient été arrêtées quand elles étaient rentrées voir leur famille. »
L'oppression des Ouïghours passe également par des opérations de stérilisation forcée
Qelbinur Sidik Beg en a été victime. Convoquée en 2017, « comme toutes les femmes de son quartier, âgées de 18 à 50 ans, pour un examen gratuit obligatoire ». « Quand ça a été mon tour, raconte-t-elle, il n'y a pas eu d'examen gynécologique ni d'entretien. On m’a fait m’allonger et écarter les jambes, et on m’a introduit un stérilet. Ça a été d’une violence terrible. Je pleurais, je me sentais humiliée, agressée sexuellement et mentalement. Mais je travaillais dans un camp, je savais ce qui m’attendait si je refusais. »
À lire également dans la presse française, ce mardi, le dossier du Figaro sur le tourisme européen
Tourisme qui fait face à une « catastrophe industrielle » selon le journal qui cite notamment l'Italie, l'Espagne et la Grèce, pays fragilisés par la pandémie de Covid-19. « 37 millions d'emplois sont menacés dans le secteur », nous dit Le Figaro. À l'appui, une photo de Venise, déserte, en juin.
« On ne les appelle pas par hasard les "pays du Club Med", précise le journal, même si c’est avec un peu de mépris pour de supposées «cigales» à l’économie dispendieuse. L’Europe du Sud, du Portugal à la Grèce, en passant par l’Espagne ou l’Italie, avec la France au milieu, se retrouve au cœur de la tourmente touristique cet été, après la déferlante de la pandémie. Des frontières encore fermées à l’essentiel du reste du monde, les restrictions aux voyages ou la frilosité des estivants menacent un secteur-clé pour toute une partie de l’Europe. Une catastrophe industrielle se profile. »
Exemple sur l'île de Kos, « terre d'Hippocrate, père de la médecine, en Grèce. D’ordinaire, des milliers de touristes du monde entier s’y ruent, représentant souvent le double de sa population, jusqu’à 60 000 personnes sur une saison, explique Le Figaro. Mais la pandémie de Covid-19 a tout balayé d’un coup et les vols ont été suspendus. Cependant, depuis que les frontières sont ouvertes, certains trajets directs sont proposés. Mais à cause des mesures barrières, de nombreux hôtels ont préféré rester fermés. »
Le Monde aborde les micro-agressions
De quoi parle-ton exactement ? D'un « concept théorisé aux États-Unis à la fin des années 60, encore tabou dans l'hexagone ». « Les micro-agressions, nous dit Le Monde, instillent en France un racisme inconscient mais ravageur. »
Exemple : « Vous venez de quel pays ? Tu dois aimer quand il fait chaud ! Comme vous parlez bien le français. » « Ces petites remarques anodines se veulent souvent bienveillantes, souligne Le Monde. En réalité, elles pétrifient les Français des Antilles ou d’origine africaine à qui elles s’adressent ». « Ce sont des micro-agressions, si petites que les auteurs ne les perçoivent pas, mais qui blessent, témoigne l’historien Pap Ndiaye. « Professeur à Sciences Po, il raconte s’être fait proposer l’adhésion à un club de perfectionnement en lecture lors de son inscription dans une bibliothèque municipale ». « C’est comme le supplice de la goutte d’eau. Une fois, cela n’a rien de grave, mais un million de fois, c’est insupportable », constate-t-il. Pour lui, ces micro-agressions, « révèlent notre difficulté à penser le fait d'être français indépendamment de la couleur de la peau ».
« Relancé dans le sillage de la mort de George Floyd, aux États-Unis, et de l’affaire Adama Traoré, poursuit Le Monde, le débat français sur le racisme met en lumière la diversité des registres dans lesquels se manifestent les préjugés. »
« À côté d’un noyau dur (violence, injure, incitation à la haine), réprimé par la loi, existe toute une gamme d’expressions plus diffuses, moins explicites et donc plus difficiles à cerner et à combattre, mais largement plus courantes. Les micro-agressions en question sont une manifestation de ce racisme implicite, voilé, souvent inconscient mais ravageur. »
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