Corée du Sud: les migrants sans avions pour rentrer à la maison
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Avec les restrictions aux frontières, les fermetures d’aéroports et les interdictions de circulation, le trafic aérien peine à redécoller en Asie. Faute d’avions en nombre suffisant, les billets sont difficiles à trouver, ou alors à des prix exorbitants. Une situation délicate pour ses migrants dont le visa arrive à expiration en Corée du Sud, et qui ne peuvent pas rentrer à la maison.

de notre correspondant régional,
Des masques blancs et des tee-shirts bleu turquoise comme les ailes de la « brève migratrice dont le chant revient chaque été dans l’île de Geoje au sud de la Corée. Impossible de les manquer parmi le flot des touristes. Pour sa sortie annuelle, le centre communautaire des migrants de Geongnam accompagne 300 de ses adhérents sur la bien nommée colline du vent surplombant les eaux bleues du détroit de Corée. Une visite pour apprendre l’histoire du pays, mais aussi pour se changer les idées.
« Nous recevons des migrants qui viennent d’une quinzaine de pays. 70 % d’entre eux sont employés dans les usines du sud de la Corée. Certains travaillent dans les rizières ou sur les navires de pêches. En raison de la crise sanitaire, tous ont été confrontés à des difficultés ces derniers mois. Pour une partie d’entre eux, il y a d’abord eu des arrêts de production dans les entreprises, et le travail avec. D’autres arrivent en fin de visa et, la plupart, ne trouvent pas de billet d’avion pour rentrer », nous explique Lee Cheol-seng, le responsable de l'association.
Impossible de rentrer à la maison sans avion, sachant que les bateaux restent à quai. Une histoire que connait par cœur M. Wang qui n’a pourtant que la mer Jaune à traverser pour rentrer chez lui. Originaire de la province chinoise du Shandong, cet ouvrier qualifié -qui n’a pas souhaité donné son prénom à la radio-, n’a pas vu son épouse et ses enfants depuis un an.
« Moi je suis arrivé en Corée en 2006, et je travaillais pour une usine de papier. Le courant est bien passé avec mon patron qui m'a chaque année demandé de rester. Mais là ça fait dix ans, et je dois rentrer. Mon visa a expiré il y a deux mois, le problème c’est que je ne trouve pas d’avion. Le seul billet que j’ai vu était hors de prix. » , nous raconte-t-il.
Jusqu’à dix fois le prix du billet pour un aller simple en passant quasi par le marché noir des intermédiaires et des agences qui parviennent à préempter les billets. En attendant, l’association aide ces migrants à trouver un logement. Dans le bus qui les conduit au restaurant, les Sri Lankais entonnent un air du pays. Et pour Sanjeewa, -lui ne nous a pas donné son nom-, c’est exactement le même refrain.
« Depuis le 30 mai je ne peux plus travailler à l’usine où l’on fabriquait des canalisations et des tuyaux. J’aimerai rentrer chez moi, mais à cause du coronavirus, on ne trouve pas d’avion. On ne travaille pas et il faut se loger. Avant on avait le dortoir et la cantine de l’entreprise. On a loué un appartement à plusieurs, mais ça reste cher pour nous. Et les journées sont longues… Le matin je me lève à 5 heures, je vais au bureau de l’intérim, je marche un peu, puis je regarde la télé et je me couche. » témoigne-t-il.
Métro, rando, dodo… et l’attente qui se prolonge…
« Le gouvernement sud-coréen a octroyé trois mois de visa de travail supplémentaires aux migrants bloqués par la crise sanitaire en Corée. Il y a des négociations avec les 15 pays dont ils sont originaires pour augmenter la fréquence des liaisons aériennes. Pour les Chinois, c’est encore plus difficile, sachant qu’ils représentent la moitié des travailleurs étrangers en Corée. Beaucoup veulent retourner en Chine. On les aide à trouver un billet, mais c’est difficile car encore une fois les avions sont pleins. Les places sont rares et très chères. », explique Lee Cheol-seng
Et même à ce prix parfois le départ ne se fait pas. Message sur l’appli Wechat : l’agence n’a finalement pas donné le billet, explique M. Wang qui devait partir le 6 août.
Quant à Sanjeewa, le Sri-Lankais qui a de la famille jusqu’à Marseille, si ça trouve plaisante-il ce serait plus simple de passer par la France pour aller au Sri Lanka.
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