Reportage international

Brésil: le secteur des telenovelas tente de s’adapter à la pandémie de coronavirus

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Dans un pays où l’épidémie est encore très présente, des règles strictes ont été mises en place pour la reprise des tournages. Avec les mesures de distanciation, le travail à domicile et le manque de financement, la pandémie pourrait bien modifier profondément le paysage audiovisuel brésilien.

Humberto Carrão et Nanda Costa, acteurs principaux de la telenovela «Amor de mãe».
Humberto Carrão et Nanda Costa, acteurs principaux de la telenovela «Amor de mãe». Globo
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Le 15 mars 2020, pour la première fois de l’histoire de la chaîne Globo, une telenovela a été interrompue. Après plusieurs mois d’arrêt, les tournages de « Amor de mãe » (traduit par « Amour de mère ») vont reprendre dans les prochaines semaines, mais en limitant les scènes de contact entre acteurs. Un vrai défi pour Felippe Barbosa, un des six réalisateurs de la novela. « Cette pandémie a eu le pouvoir de changer l’identité de la dramaturgie brésilienne, estime-t-il. Parce que c’est une dramaturgie qui s’appuie beaucoup sur le contact physique. Les novelas brésiliennes ont toujours été très "chaleureuses". Les acteurs ont toujours été très proches. Donc comment résoudre ça techniquement, sans les exposer à aucun risque ? C’est la question à laquelle on va tenter de répondre. »

Un protocole très strict a été mis en place à Rio, à suivre dans les différentes phases, de la pré-production au tournage et à la post-production. Dans les grandes boîtes de production, comme la Conspiração Filme, les contrats n’ont pas été perdus avec les plateformes comme Netflix et Amazon mais simplement retardés. Les temps de production se sont allongés de 20 à 30% selon la PDG de Conspiração Filme, Renata Brandão, qui explique : « On met plus de temps à arriver sur le set, plus de temps à adapter les protocoles à chaque plan de caméra, faire des costumes individuels et stérilisés. Et le coût est plus élevé à cause des propres règles de ce protocole. Car il est nécessaire d’avoir un soutien médical, d’investir dans des examens, des équipements de protection individuel, ... Tout ça est très cher ! »

Pour la série médicale « Sob pressão » (traduit par « Sous pression »), les mesures sanitaires sont plus simples à appliquer puisque les acteurs ont tous des masques et équipements de protection. Une édition spéciale en deux épisodes, pensée par le scénariste en chef Lucas Paraízo et son équipe, se déroulera dans un hôpital de campagne : « C’est une tentative d’aborder le sujet, explique-t-il. Parce que nous sommes une série sur le système de santé publique, et il était inévitable de parler du coronavirus et de faire un grand hommage aux professionnels de santé. »

Avec la pandémie, le secteur audiovisuel, déjà en crise de financement depuis 2018, a été touché de plein fouet. L’écart entre les petites et grandes boîtes de production s’est creusé, et le secteur sera impacté sur le long terme selon Leonardo Edde, président du syndicat de l’industrie audiovisuelle, qui déclare : « Il y aura moins de produits brésiliens disponibles, que ce soit dans les salles de cinémas, les plateformes ou à la télévision. Parce que nous avons arrêté les tournages, et parce que notre reprise est plus lente que celle des États-Unis par exemple, qui ont beaucoup plus de moyens. » Selon lui, les conséquences de la pandémie pourraient se faire sentir sur le secteur pendant les dix prochaines années.

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