Good morning de Laredo, où le mur entre les États-Unis et le Mexique fait toujours débat
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Laredo, au Texas, est célèbre depuis le roman culte Sur la route, dans lequel Jack Kerouac met en scène le passage entre le Mexique et les États-Unis. Mais à Laredo, aujourd'hui, on trouve surtout plusieurs centres de détention pour demandeurs d’asile et un sujet y domine les discussions : le mur voulu par Donald Trump.

De notre correspondant au Texas,
C’était une promesse de 2016. Donald Trump voulait coûte que coûte faire construire un mur avec le Mexique, en particulier à Laredo. Mais ici, la majorité des 260 000 habitants sont contre ce mur. Juan Ruiz fait partie de la coalition No Border Wall et il fait du porte-à-porte pour distribuer ses prospectus qui expliquent que pour lutter contre le mur, il faut aller voter : « C’est clairement un des enjeux de l’élection présidentielle. On veut juste sensibiliser les électeurs, que ce que l’on voit ici ne va plus exister et qu’il y aura un mur qui bloquera toute la vue. »
À quelques kilomètres de là, on se trouve dans ce que l'on imagine être le Texas : un territoire vaste, aride, des chevaux laissés en liberté, du bétail. Du moins tant que le mur n’est pas construit. Car pour Joseph Hein, celui-ci sonne la fin de son élevage de chevaux appaloosa : « Ce qui était prévu avant que Trump ne soit élu, c’était d’ériger une tour qui aurait une caméra qui pourrait zoomer et avec un système infrarouge pour voir la nuit. Quand ils m’ont dit qu’ils allaient faire ça, j’étais à 100% d’accord, parce que ce n’est pas gênant pour les animaux sauvages et l’élevage. Les animaux auraient toujours pu aller près du fleuve pour boire. »
Vendredi dernier, le 9 octobre, l’administration Trump a été déboutée par une cour d’appel fédérale du droit d’utiliser les fonds militaires pour la construction du mur. Il lui faut maintenant trouver une autre source de fonds, ou attendre une décision de la Cour suprême sur le sujet.
À Laredo, on trouve aussi trois centres de détention pour les migrants qui font une demande pour obtenir l’asile aux États-Unis. Mais depuis le début de la pandémie, la frontière est pratiquement fermée. Seuls les travailleurs essentiels sont autorisés à traverser. Donc aucun migrant. Et selon le pasteur Michael Smith, qui aide de nombreux réfugiés dans la ville, cette politique frontalière a un impact économique considérable sur les camps de détention dans la région.
« Ils sont payés au nombre de personnes qui dorment dans leurs centres de détention. Et il n’y a personne ! On parle d’entreprises qui génèrent des millions de dollars, et là ils vont perdre énormément. Donc ils vont vouloir que les frontières rouvrent, pour pouvoir enfermer des migrants. Mais je crains que l’administration Trump ne veuille pas ça, et veuille plutôt que les gens arrêtés soient vite jugés et expulsés. Si vous vivez à Laredo, vous savez que cette communauté frontalière vit des consommateurs et des clients mexicains. Vous pouvez aller en centre-ville, ça ressemble à une ville fantôme. »
Cette situation économique aura-t-elle un impact sur le vote à la présidentielle ? Par tradition familiale, les Hispaniques, qui représentent 96% de la population de ce comté, votent démocrates. Mais depuis 2016, les républicains affirment que cela chang.
« J’étais démocrate toute ma vie, raconte Rosa Linda Palacios, une militante pro-Trump. On a été élevés pour être démocrates. On est devenus républicains à l’arrivée de Trump. Je suis pour le mur, par ce que j’ai grandi ici à Laredo, on est une famille de 16 personnes et ma sœur à été enlevée, il y a deux mois, par un migrant illégal. Grâce aux garde-frontières, elle a été sauvée. Mais si vous saviez tout ce qui se passe ici. C’est pour ça qu’on soutient le mur. »
Un argument sécuritaire que la présidente du parti démocrate local, Sylvia Bruni, ne comprend pas : « Vous savez, nous sommes une des villes les plus sûres de tout le Texas. Toutes les études disent que les clandestins ne passent pas en nageant. La drogue et les violeurs non plus. Ils viennent en avion ou en voitures. Ce sont les faits. Je vois au QG des démocrates des gens de 50 ans, de 60 ans, qui n’avaient jamais voté de leur vie. Mais là, ils ont peur de ce qui peut se passer avec cet homme. »
La dernière fois qu’un candidat républicain à la présidentielle a eu la majorité des votes dans le comté de Laredo, cela remonte à 1912.
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