Le monde en questions

La France et sa relation complexe avec le monde musulman

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Retour sur le dernier attentat islamiste en date, celui qui a frappé Nice ce jeudi 29 octobre 2020. La France est-elle en guerre contre le monde musulman ?

Emmanuel Macron, au côté du de Christian Estrosi, maire de Nice, le 29 octobre 2020.
Emmanuel Macron, au côté du de Christian Estrosi, maire de Nice, le 29 octobre 2020. AP/Eric Gaillard/Pool
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La réponse doit être non, même si certains aimeraient bien qu’il en soit ainsi, pour avoir un ennemi et donc une cause à défendre. Une précision tout d’abord : en France, et à l’étranger, l’énorme majorité des musulmans ne souhaite pas une guerre de religion ou de civilisation avec la France ou le monde occidental.

Mais il y a une minorité radicalisée, qui a une lecture très radicale du Coran, et qui porte un projet politique extrémiste, qui ne recule pas devant les moyens les plus violents, y compris les actes terroristes. C’est à cette menace que sont confrontés plusieurs pays occidentaux, dont la France.

Les attentats islamistes qui viennent de se produire depuis deux semaines s’inscrivent donc dans un climat de tension entre la France et le monde musulman. L’image de la France s’y est fortement détériorée en quelques années, alors qu’elle était très populaire, dans le monde arabe en particulier, à l’époque du général de Gaulle ou, plus récemment, du temps de Jacques Chirac.

Ce qui a détérioré l’image de la France

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution : le passé colonial du pays, certaines lois mal comprises comme la loi sur le séparatisme, le concept de laïcité qui décidément n’est pas compris par tout le monde, l’emprise des partisans d’un islam radical dans certains territoires en France et le fait que le pays abrite la plus grosse communauté musulmane en Europe.

Il y a aussi un modèle d’intégration qui n’a pas très bien fonctionné et qui fait qu’aujourd’hui, de nombreux jeunes Français de confession musulmane se sentent mis de côté, sans avenir économique, et donc peu réceptifs aux préceptes républicains. Parfois, ils se laissent du coup entraîner dans une forme de ressentiment, voire de haine contre la France, des sentiments attisés par des prédicateurs exaltés et souvent à la solde de puissances étrangères.

Le début d’un apaisement ?

Tout cela a créé une incompréhension, une crispation avec certains pays, dont les dirigeants instrumentalisent ce lien complexe, comme la Turquie bien sûr. Autour de l’affaire des caricatures de Mahomet, il y a eu aussi des réactions de désapprobation en Tunisie, en Jordanie, à Gaza, en Égypte, et même en Malaisie.

Mais paradoxalement, l’attentat de Nice, par sa barbarie et sa symbolique, marque peut-être un apaisement de ces tensions de part et d’autre. D’où, côté français, les déclarations apaisantes de Jean-Yves Le Drian, et au Moyen-Orient, la condamnation de l’attentat par la Turquie du président Erdogan et par l’Arabie Saoudite, deux pays soupçonnés pourtant de favoriser et de financer le développement d’un islam politique radical. Si l’apaisement est sincère et effectif, ce serait une bonne nouvelle. Mais la prudence s’impose en ce domaine.

Car au final, on peut dire que si la France n’est pas en guerre contre le monde musulman, elle est en guerre contre l’idéologie islamiste. Et cette guerre-là n’est pas près de se terminer.

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