[Série pont Sénégambie]: le pont qui a changé la vie des transporteurs (2/3)
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Jusqu’au dimanche 15 novembre, nous vous proposons une série de reportages consacrés au pont Sénégambie qui change la vie des Gambiens et des Sénégalais depuis un an. Après des décennies d'attentes le pont Sénégambien était ouvert aux particuliers en janvier 2019. Puis aux camions en juillet. Ce pont construit en Gambie au-dessus du fleuve doit permettre de désenclaver la région de la Casamance, au sud du Sénégal. Et d'accentuer les échanges commerciaux dans toute la sous-région. Pour les chauffeurs routiers habitués à traverser la Gambie, c'est leur vie professionnelle qui a changé.

Les moustiques, la chaleur, la poussière et l'ennui ont profondément marqué les chauffeurs routiers obligés de traverser Farafenni. Gory Ndour et Moctar Dia attendent de passer la frontière sénégalaise. Ils n'ont pas oublié le calvaire du ferry : « C’était dur quand même, on pouvait s’arrêter deux ou trois semaines. Mais avec le pont maintenant c’est bon. »
Le peu d'argent gagné pour convoyer les marchandises se trouvait dépensé pendant les semaines d'attente du ferry,explique Moctar Dia : « Le temps resté garé tu vas dépenser beaucoup pour manger et tu envoies le reste à ta famille. »
La marchandise pouvait aussi s'abimer avec le temps perdu. Aujourd'hui le trafic est fluide.
Ce pont de 90 millions de dollars financé par la Banque africaine de développement a pour objectif d'améliorer le corridor routier Nouakchott-Dakar-Lagos. À une moindre échelle, ce pont est une opportunité pour améliorer le commerce régionale, estime Yahya Jobe, secrétaire général du syndicat des transporteurs de Farafenni : « Le trafic a augmenté de façon significative. Allez faire un tour dans la ville et vous verrez de nombreux camions et de voitures qui traversent. Le commerce a aussi connu un coup d'accélérateur dans la région. Quand vous passez commande à Banjul, vous recevez votre colis dans les heures qui suivent. Depuis le Sénégal, le colis peut être livré d'une rive à l'autre de la rivière. »
Seul bémol, un prix de passage jugé trop cher et calculé sur le poids du camion. Mais le tarif est raisonnable et l'argent récolté profite à tous, veut convaincre Mod Ceesay, Secrétaire permanent au ministère gambien des Transports : « Ça n'a rien à voir avec ce qui aurait pu être un tarif commercial si le pont avait été construit sous un partenariat public-privé. J'ajoute que le pont nécessite des frais autour de 10 millions de dollars par an pour des recettes inférieures à 3 millions en 2019. Si quelqu'un pense qu'on demande trop d'argent... il n'a rien compris. »
Les usagers ne se rendent pas compte que le pont Sénégambien n'est qu'un élément du projet Transgambia relève Mod Ceesay. Un corridor routier toujours en construction qui dépasse le seul enjambement du fleuve et qui coûte des millions de dollars.
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