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Sénégal: comment lutter contre la mouche des fruits? (2/2)

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Originaire d’Asie, cette petite mouche reconnaissable par ses taches jaunes sur le thorax a d’abord été détectée en 2004 en Casamance, au sud du Sénégal, avant de continuer son invasion dans tout le pays – surtout de mai à octobre, saison chaude des pluies qui concorde avec la récolte des mangues. Une équipe de chercheurs du Cirad essaie de comprendre comment elle réapparaît chaque année, afin de trouver des solutions à ce fléau.

Une équipe du Cirad prélève toutes les semaines une soixantaine de mouches piégées dans des vergers pour ensuite faire des analyses génétiques, juin 2022.
Une équipe du Cirad prélève toutes les semaines une soixantaine de mouches piégées dans des vergers pour ensuite faire des analyses génétiques, juin 2022. © Raphaël Belmin/Cirad.
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Avec notre envoyée spéciale en Casamance

Toutes les semaines, une équipe de chercheurs sillonne 28 vergers de la basse Casamance pour compter les mouches capturées dans des pièges, afin d’observer leur évolution au cours de l’année. Thierry Brévaut, chercheur du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) qui coordonne le projet, en prélève une soixantaine dans un flacon rempli d’alcool pour ensuite faire des analyses génétiques.

« On va comparer des séquences d’ADN entre les différents vergers, explique-t-il. Ce qui va nous permettre de savoir comment se forment les populations de la mouche. Est-ce que ce sont des mouches qui viennent d’autres pays par le commerce des mangues, mais aussi par le vent. Et la troisième hypothèse, c’est qu'on a localement des populations à partir desquelles vont se reconstituer les populations de mouches. »

L’objectif est surtout d’apporter des clés pour établir une nouvelle stratégie de lutte contre la mouche des fruits.  « Si on peut arriver à comprendre comment se reconstituent ces populations, on peut savoir sur quelle étendue géographique la lutte doit être mise en place, souligne Thierry Brévaut. Si les mouches viennent de très loin, ce sera sans doute une stratégie régionale qu’il faudra mettre en place. Peut-être qu’il faut lutter bien avant la saison des mangues, au moment où les populations sont très faibles. ».

Le chercheur évoque la technique de l’insecte stérile, où des millions de mâles irradiés sont lâchés dans la nature afin de se reproduire avec des femelles – sans faire de descendance.

Aider les producteurs à éradiquer la mouche

Mais en attendant, Aliou Djiba, président de l’association des jeunes agriculteurs de Casamance AJAC Lukaal, appelle à davantage de soutien étatique : « L’État a trouvé les moyens de nous donner des produits qui ont vraiment donné des résultats probants, surtout les lâchers de guêpes. La lutte biologique a donné des résultats. Il faut quand même que l’État nous aide à vraiment intensifier cette lutte, qu’elle se généralise. Parce que le producteur n’a pas tellement de moyens. »

Boubacar Seydi, président de la plateforme d’innovation de la filière mangue, milite pour une professionnalisation des vergers casamançais : « Dans les bonnes pratiques agricoles, on conseille aux paysans d’entretenir les vergers parce que la mouche se reproduit sur la mangue. C’est la raison pour laquelle on demande de tout ramasser, on fait de l’enfouissement. On nettoie tout le verger avec l’élagage, on traite. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas une forme classique moderne de production de mangue. »

Depuis 2015, la Cédéao tente d’harmoniser les méthodes de lutte de ce fléau au niveau sous-régional

► À écouter ou à lire : Sénégal: la mouche des fruits, fléau des producteurs de mangues (1/2)

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